«Mieux reconstruire» pour dynamiser l’ESG

Bonnie M. Wongtrakool, Western Asset

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Le mouvement ESG pourrait s’accélérer sous le nouveau régime politique de Joe Biden.

Lors de nos analyses de l’automne dernier, nous avions évoqué comment un deuxième mandat de Trump pourrait continuer à défier les investisseurs et les entreprises tournées sur les questions ESG, et ce qu’une victoire de Biden pourrait apporter par un environnement plus favorable, sous réserve de l’équilibre idéologique au sein du Congrès. Voici notre point de vue sur la manière dont le mouvement ESG pourrait s’accélérer sous le nouveau régime politique de Biden.

Dans son plan «Build Back Better», Joe Biden a défini quatre grandes priorités: lutter contre le COVID-19, reconstruire l’économie américaine, faire progresser l’équité raciale et lutter contre la crise climatique. Bien qu’elles soient présentées distinctement sur le site de la campagne de Joe Biden, ces priorités sont profondément liées. Atteindre le «zéro « émissions de gaz à effet de serre nécessitera non seulement des dépenses et des investissements importants, mais nous obligera également à faire face à un certain nombre de défis systémiques - qu’il s’agisse du changement climatique, de l’inégalité des chances économiques ou du manque d’accès à des soins de santé abordables - qui ont un impact disproportionné sur les communautés minoritaires.

Il est certain que les actions immédiates de Biden seront concentrées sur l’accélération des vaccinations contre le Covid et sur l’aide au revenu. Mais il a également constitué une équipe prête à affronter la menace existentielle du changement climatique avec une réponse collective nationale basée sur la science et l’équité1. Ce groupe est composé de candidats expérimentés et soucieux de l’environnement.

Atteindre le niveau zéro sera une victoire non seulement
pour les investisseurs ESG, mais aussi pour nous tous.

Sur le site de sa campagne, Joe Biden s’est engagé sur le climat afin de décarboniser le secteur de la production d’électricité d’ici 2035 et d’atteindre un niveau d’émissions nettes à zéro d’ici 2050. Au-delà d’avoir rejoint l’Accord de Paris le 20 janvier, l’administration Biden devrait tirer sur trois leviers pour faire avancer ces ambitions:

  • Premièrement, le gouvernement devrait utiliser ses vastes pouvoirs réglementaires pour améliorer le comportement des entreprises et des investisseurs. L’Environmental Protection Agency (EPA) et le ministère de l’énergie, par exemple, pourraient relever les normes applicables aux véhicules et équipements automobiles, aux centrales électriques, à la pollution de l’air et de l’eau ainsi qu’aux émissions de méthane des compagnies pétrolières et gazières. La SEC pourrait normaliser et rendre obligatoire la communication d’informations par les émetteurs sur les risques environnementaux et la diversité des conseils d’administration et des directions. Elle pourrait imposer aux gestionnaires d’actifs qu’ils fassent preuve de transparence dans leur approche des questions ESG et des préoccupations climatiques dans leurs portefeuilles. Les régulateurs bancaires pourraient inclure des scénarios climatiques dans leurs tests de résilience afin de permettre une évaluation plus efficace des risques environnementaux dans l’ensemble de l’économie. La Fed, dont les responsabilités incluent la supervision des institutions financières, a récemment rejoint le Network for Greening the Financial System, un consortium de banques centrales qui travaille à l’élaboration de meilleures pratiques de gestion des risques climatiques dans le secteur financier et qui soutient la transition vers un système à faible émission de carbone sur les marchés de capitaux.
  • Deuxièmement, l’administration et le corps législatif tenteront d’adopter un plan de relance des infrastructures qui comprend le financement des investissements et de la recherche en matière d’énergie propre. Comme l’envisage la campagne de Joe Biden, ce paquet comprendrait le financement de la recherche sur les technologies des batteries, du captage du carbone et de l’hydrogène vert, l’ajout de 500'000 stations de recharge supplémentaires pour les véhicules électriques (actuellement au nombre de 50 000), et la modernisation de 4 millions d’immeubles commerciaux et de 2 millions de foyers. Le projet de loi de relance de 900 milliards de dollars de décembre, qui a reçu le soutien des deux partis, comprenait des extensions du nombre de dégrèvements fiscaux relatifs aux investissements et à la production d’énergies alternatives. Mais nous pensons qu’un ensemble plus complet de dispositions, dont le montant devrait être supérieur à 2000 milliards de dollars, pourrait être adopté dans le cadre du processus de conciliation.
  • Troisièmement, l’administration pourrait mettre en place une tarification sur le carbone aux États-Unis. Une taxe sur le carbone ou un système de plafonnement et d’échange de droits d’émission aurait le plus d’impact s’il était introduit au niveau national, mais il pourrait également être mis en place au niveau des États ou des régions. La Federal Energy Regulatory Commission (FERC) pourrait appliquer une taxe sur le carbone sur les marchés de l’électricité pour aider à pousser le pays vers l’objectif de décarbonisation de 2035. De telles mesures pourraient être nécessaires pour rester compétitif par rapport aux efforts déployés dans d’autres pays. Janet Yellen, secrétaire d’État au Trésor, s’est prononcée en faveur de taxes sur le carbone et d’ajustements aux frontières.

En tant que signataire de l’UNPRI, nous nous alignons sur les efforts visant à réduire les émissions de carbone à l’avenir. Atteindre le niveau zéro sera une victoire non seulement pour les investisseurs ESG, mais aussi pour nous tous.