WEF 2019: retour de la défense traditionnelle du multilatéralisme

AWP

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Les chefs d’Etats, à l’instar d’Angela Merkel, réagissent à la montée des populismes, mais aussi aux critiques de divers activistes.

Angela Merkel, Shinzo Abe, Wang Qishan: les leaders se sont succédé mercredi à Davos pour défendre le multilatéralisme. Ils réagissaient à la montée des populismes, mais aussi aux critiques de divers activistes contre l’élite mondiale.

«Non je ne crois pas que les personnes au pouvoir vont agir ou faire quoi que ce soit ici, parce que pourquoi le feraient-ils? Il faut faire en sorte qu’ils agissent. (...) Ils savent exactement quelles valeurs inestimables ils ont sacrifiées pour continuer à gagner des sommes inimaginables», a dit à l’AFP Greta Thunberg.

Cette Suédoise de 16 ans, dont la mobilisation contre le changement climatique inspire des manifestations de jeunes partout dans le monde, a fait une arrivée remarquée dans la station de ski huppée des Grisons.

Abe veut ranimer la confiance

Le Premier ministre Shinzo Abe a lui aussi cédé à la tentation de partager sur les réseaux sociaux un cliché dans le train pour Davos, qui suit un parcours particulièrement photogénique dans la montagne enneigée.

«J’appelle tout le monde à ranimer la confiance dans le système du commerce international», a dit Shinzo Abe lors de son discours, estimant que l’Europe, le Japon et les Etats-Unis devaient «unir leurs forces» pour réviser les règles du libre-échange.

Le Premier ministre, dont le pays préside cette année le G20, veut saisir cette occasion pour «retrouver l’optimisme», ce alors que l’ambiance à Davos est nettement plombée par le ralentissement de l’économie mondiale, les frictions commerciales et la montée des populismes.

Merkel pour le multilatéralisme

Après lui, la chancelière allemande Angela Merkel s’est livrée à une défense méthodique du multilatéralisme, un principe décrié par les leaders populistes, représentés à Davos par le Brésilien Jair Bolsonaro.

Ce dernier a annulé à la dernière minute une conférence de presse prévue jeudi, préférant se «reposer» face à un programme très chargé, selon une source de la présidence.

«Il y a (dans le monde) un courant qui dit je vais d’abord m’occuper de mes propres intérêts, et au final tout le monde se portera bien. J’en doute fort», a dit Mme Merkel.

Cette physicienne de formation, «attachée aux institutions multilatérales», a par exemple vanté la récente redéfinition du kilogramme par la Conférence générale des poids et mesures comme un succès de la coopération internationale.

Chine et Etats-Unis interdépendants

Le vice-président chinois Wang Qishan a lui assuré mercredi à Davos que la Chine et les Etats-Unis étaient «indispensables l’un à l’autre», alors que les deux mastodontes mènent des négociations commerciales à haut risque.

Wang Qishan a par ailleurs fait valoir que la croissance chinoise, tombée en 2018 à son plus bas niveau en presque trente ans, n’en restait pas moins «significative», avec 6,6%.

Le Premier ministre espagnol, le socialiste Pedro Sachez a lui estimé que «le nationalisme, le populisme, ne sont plus seulement le problème d’un pays ou d’un continent: ils sont les principaux défis que rencontrent les démocraties.»

Le chef du gouvernement populiste italien, Giuseppe Conte, a plaidé en termes plus vagues pour un «nouvel humanisme» et une Europe «du peuple, par le peuple et pour le peuple».

Londres veut rassurer

Le Royaume-Uni s’est lui employé à rassurer sur les conséquences du Brexit. Le pays est «ouvert pour les affaires», a assuré à Davos le ministre au Commerce extérieur Liam Fox dans une interview à l’AFP, alors que Sony a décidé de déménager son siège européen vers les Pays-Bas.

Londres s’offre à Davos une gigantesque affiche clamant que «le libre-échange, c’est super», une initiative suscitant nombre de commentaires ironiques dans les rues verglacées de Davos.

Dans le vide laissé cette année par les deux vedettes du Forum économique international l’an dernier, Donald Trump et Emmanuel Macron, les questions sur la raison d’être de ce rendez-vous dans un monde toujours plus fracturé résonnent peut-être plus que d’habitude.

«Le business est mondial mais les problèmes sociaux et les réponses sont locaux, nationaux», résume Alain Roumilhac, président de Manpower France, en constatant que cette année la grand-messe de la mondialisation «manque de souffle».

«Il n’y a rien de neuf, rien de provoquant. Le réchauffement climatique, l’intelligence artificielle, ce n’est pas nouveau, mais que se passe-t-il concrètement?» dit un banquier européen.

Plus amer, le secrétaire général d’Amnesty International Kumi Naidoo a dit à l’AFP: «A Davos, c’est comme si l’on rangeait les chaises longues sur le pont du Titanic pendant que l’humanité coule».

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