Washington annonce un accord avec le Japon sur l’acier

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«Cet accord va renforcer l’industrie sidérurgique américaine et va garantir que sa main-d’œuvre reste compétitive, tout en offrant un meilleur accès à de l’acier moins cher», a estimé la secrétaire au Commerce Gina Raimondo.

Les Etats-Unis ont décidé de supprimer leurs droits de douane sur un quota d’importations d’acier japonais, ont annoncé lundi des responsables américains, dernière initiative de Washington visant à résoudre les différends commerciaux hérités de l’ère Trump.

«Cet accord va renforcer l’industrie sidérurgique américaine et va garantir que sa main-d’œuvre reste compétitive, tout en offrant un meilleur accès à de l’acier moins cher», a estimé la secrétaire au Commerce Gina Raimondo.

Elle a de plus souligné que cela contribuerait à résoudre «une friction majeure» avec le Japon, un des alliés «les plus importants» des Etats-Unis.

Le Japon faisait partie des nombreux pays qui s’étaient vus imposer, en juin 2018, des droits de douane additionnels de 25% sur l’acier et de 10% sur l’aluminium par Donald Trump.

Le président républicain avait alors justifié cette décision par la nécessité de défendre une industrie sidérurgique américaine «décimée par des décennies de commerce inéquitable».

Il avait eu recours à la «section 232» du Trade Expansion Act de 1962 permettant de limiter les importations qui mettent en danger la «sécurité nationale».

Ces tarifs douaniers avaient suscité l’ire des alliés de Washington, qui avaient pris des mesures en représailles.

Concrètement, l’accord annoncé lundi, qui doit entrer en vigueur le 1er avril, autorise un quota annuel de 1,25 million de tonnes métriques d’acier japonais sans droit de douane, a expliqué à des journalistes une responsable du ministère du Commerce, ayant requis l’anonymat.

Au-delà de ce volume, les surtaxes de 25% seront imposées.

Ce quota est substantiel puisqu’il est supérieur au 1,1 million de tonnes que le Japon a exporté vers les Etats-Unis en 2019, selon des données du ministère américain du Commerce. Avant l’imposition des tarifs douaniers, en 2017, le Japon exportait toutefois davantage: 1,8 million de tonnes.

Pas d’accord sur l’aluminium

Cet accord «maintient l’intégrité de la section 232» et ne concerne que l’acier, pas l’aluminium, a précisé la responsable américaine.

Tokyo a «regretté» mardi que les Etats-Unis n’aient «pris aucune mesure pour régler» la question des droits de douane sur l’aluminium. Le ministre nippon des Affaires étrangères Yoshimasa Hayashi a salué «un pas en avant» mais ajouté que le Japon continuerait «à faire pression sur les Etats-Unis pour une résolution complète».

Scott Paul, le président de la fédération regroupant les producteurs américains d’acier (Alliance for American Manufacturing ou AAM), a rappelé dans un communiqué que l’AAM avait soutenu Donald Trump dans l’utilisation des droits de douane qui ont permis de soutenir ce secteur «vital».

Il a néanmoins salué la disposition de l’accord annoncé lundi qui doit «garantir que les produits en acier importés du Japon y aient effectivement été produits», et ce, pour empêcher d’autres pays d’expédier leur propre acier via ce pays, échappant ainsi aux droits de douane.

La US Chamber, le patronat américain, a souligné de son côté que cet accord allait «soulager» les industriels américains confrontés à la hausse des prix de l’acier et aux pénuries, mais estime que le gouvernement «doit aller plus loin».

«Les droits de douane et les quotas au titre de la section 232 restent en place sur les importations en provenance de nombreux autres pays», déplore le patronat, exhortant à abandonner «l’accusation infondée selon laquelle les importations de métaux en provenance du Royaume-Uni, de Corée et d’autres alliés proches représentent une menace pour la sécurité nationale».

Mi-novembre, Washington et Tokyo avaient annoncé des pourparlers en vue de réduire les droits de douane sur l’acier et l’aluminium.

Lundi, l’administration Biden a souligné que les deux pays devaient relever ensemble le «défi commun» que représente la surcapacité mondiale d’acier, «largement stimulée par la Chine».

Cela «nous oblige à travailler avec nos alliés, et non contre eux», a fait valoir la responsable du ministère du Commerce.

La représentante américaine au Commerce, Katherine Tai, a estimé que cet accord «allait protéger une industrie américaine vitale» tout en uniformisant les règles du jeu contre la Chine.

«Cet accord, combiné à l’accord trouvé l’année dernière avec l’Union européenne, nous aidera à lutter contre les actions commerciales anticoncurrentielles et non marchandes de la Chine dans le secteur de l’acier, tout en nous aidant à atteindre l’ambitieux programme climatique mondial du président Biden», a-t-elle également commenté.

Le Japon et les Etats-Unis figurent parmi les premiers producteurs d’acier au monde, derrière la Chine, l’Union européenne et l’Inde, selon les données de la World Steel Association.

L’administration Biden a clairement signalé ces derniers mois sa volonté de résoudre les différends commencés sous l’administration Trump.

Le 30 octobre, elle était parvenue à un accord sur l’acier et l’aluminium avec l’Union européenne. Et elle avait annoncé le 19 janvier le lancement de discussions bilatérales avec le Royaume-Uni en vue de résoudre rapidement leur contentieux dans ce même secteur.

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