«Nous approchons rapidement d’une nouvelle ère de l’électronique grand public», anticipe la Consumer Technology Association (CTA).
Malgré une année de controverses qui ont ébranlé la confiance des consommateurs, le secteur technologique américain s’est montré optimiste dimanche côté chiffre d’affaires mais a aussi exprimé des inquiétudes, liées aux tensions commerciales qui pèsent sur l’économie.
Les Américains devraient dépenser cette année 398 milliards de dollars pour s’acheter des appareils électroniques, anticipe la Consumer Technology Association (CTA), qui organise le salon CES à Las Vegas aux Etats-Unis.
«Nous approchons rapidement d’une nouvelle ère de l’électronique grand public», a assuré Steve Koenig lors d’une conférence de presse organisée en amont de la grand-messe annuelle de la tech, alors que le secteur attend avec impatience depuis des années le nouvel appareil qui révolutionnera le secteur comme le fit par exemple l’iPhone en 2007.
La CTA, qui tablait l’an dernier à la même époque sur 351 milliards de dollars de dépenses aux Etats-Unis, ne donne plus depuis l’an dernier de données mondiales comme il le faisait auparavant. En 2017, il avait anticipé 929 milliards de dollars de dépenses mondiales.
Côté smartphones, la CTA espère une modeste progression de 2% en chiffre d’affaires (80 milliards de dollars) et de 1% en volume (170,7 millions d’unités) en 2019.
Le marché reste en effet plombé par la saturation du marché du smartphone dans les pays les plus riches et par les tensions commerciales entre Pékin et Washington, qui pèsent sur de nombreux pans de l’économie, notamment la technologie.
Apple a d’ailleurs jeté un froid glacial mercredi en annonçant une baisse de ses prévisions de chiffre d’affaires trimestriel, qu’il attribue au ralentissement de la croissance chinoise, aggravé par les tensions entre les deux pays.
Les tensions sont d’autant plus préoccupantes que c’est en Chine que les entreprises américaines fabriquent l’essentiel de leurs produits et que la Chine est également l’un de leurs principaux marchés.
Dimanche, le président de la CTA Gary Shapiro a d’ailleurs estimé que «le président (Donald) Trump ne comprend pas» à quel point les économies sont interdépendantes.
«Lorsque la Chine est enrhumée, nous éternuons», a-t-il résumé, rappelant son opposition aux taxes douanières punitives, même si «la Chine a été déloyale avec des compagnies non-chinoises».
«Les motivations du président Trump sont légitimes mais sa stratégie n’est pas la bonne», a-t-il ajouté devant des journalistes.
Malgré ces inquiétudes macro-économiques, le secteur espère mettre derrière lui cette année les nombreuses polémiques autour des fuites de données personnelles qui ont lourdement écorné l’image des géants technologiques, à commencer par Facebook.
«2018 a été une année très dure pour plusieurs grosses entreprises technologiques, du coup, il y a aussi pas mal de gens qui veulent (l’) oublier et foncer tête baissée vers un avenir enthousiasmant», pense Bob O’Donnell, analyste de Technalysis, qui compte notamment sur la 5G, les écrans pliables ou les améliorations de l’intelligence artificielle sans connexion internet.
Mais difficile de faire l’impasse sur la problématiques des données personnelles car le CES va fourmiller de milliers d’objets connectés, qui précisément collectent les données de l’utilisateur, par exemple pour anticiper ses goûts en matière de musique (enceintes intelligentes), ou déterminer s’il aura besoin de soins médicaux (bracelets santé...).
Tout l’écosystème des objets connectés repose sur l’exploitation de ces données, et donc sur la confiance des usagers dans le fait qu’elles ne finiront pas dans la nature, une inquiétude largement justifiée par les scandales autour de Facebook, Google et autres plateformes. Leur modèle économique repose sur ces données, qui leur permettent de cibler finement la publicité.
«Où que vous alliez, le dénominateur commun, ce sera les données», a d’ailleurs souligné Steve Koenig, parlant d’une «transition vers le +Data Age+ («l’ère des données»), un peu comme dans le film +Matrix+», célèbre film de science-fiction sorti en 1999.
Interrogé sur les polémiques autour des données, Gary Shapiro a espéré que le secteur puisse s’autoréguler, mais, si besoin, «nous défendrons une loi» fédérale américaine posant les principes à respecter par les entreprises.
Les enceintes connectées -- grosses collecteuses de données personnelles -- devraient encore croître en 2019 mais ralentie, avec +7% attendus en revenus (3,2 milliards de dollars) et +5% en volume (36,6 millions d’unités), selon, la CTA, qui anticipait l’an dernier un bond de 60% des ventes par rapport à l’année précédente.