USA: la croissance pourrait être la meilleure en 4 ans

AWP

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Le gouvernement doit publier sa première estimation de la croissance du PIB américain pour la période d’avril à juin. L’expansion devrait s’inscrire au-dessus de 4% en rythme annualisé.

L’économie des Etats-Unis doit afficher une croissance spectaculaire au deuxième trimestre, selon les analystes, une prouesse dont le président Donald Trump ne manquera sans doute pas de se féliciter même si les économistes doutent que ce rythme d’expansion effréné puisse durer.

Le gouvernement doit publier vendredi à 12h30 GMT sa première estimation de la croissance du Produit intérieur brut (PIB) américain pour la période d’avril à juin. L’expansion devrait s’inscrire au-dessus de 4% en rythme annualisé, selon les prévisions médianes des analystes, une cadence inédite depuis 2014, pour un trimestre.

Grâce aux réductions d’impôts adoptées fin 2017 qui dopent les dépenses de consommation et d’investissements, la croissance de la première économie mondiale aurait même accéléré jusqu’à 5% d’avril à juin, selon certains économistes, comme ceux d’IHS Markit.

«Il serait étonnant que la croissance se révèle inférieure à 4% et on ne peut pas exclure qu’elle grimpe à 5,5% ou plus», a estimé Ian Shepherdson, de Pantheon Macroeconomics.

Lors de sa campagne électorale, puis dans le sillage de sa réforme fiscale, la plus importante depuis trente ans, Donald Trump avait promis une croissance annuelle supérieure à 3% alors que depuis la récession de 2009, l’expansion des Etats-Unis a culminé de façon poussive à 2,2% par an en moyenne.

Dans un tweet mardi, sans évoquer les chiffres de la croissance qui lui sont interdits de divulguer avant la publication officielle du département du Commerce, l’hôte de la Maison Blanche n’a pu s’empêcher de donner un indice.

«Notre pays va très bien. Meilleurs chiffres financiers de la planète. Que c’est bon de voir les Etats-Unis gagner à nouveau !», a-t-il lancé sur Twitter trois jours avant l’annonce officielle de la performance du PIB.

Déjà pour les chiffres de l’emploi en mai qui avaient vu le taux de chômage tomber à 3,8%, Donald Trump avait enfreint le protocole: «j’ai hâte de voir les chiffres de l’emploi à 8H30 ce matin», avait lancé le président américain plus d’une heure avant leur publication dans un tweet-clin d’oeil de satisfaction qui aurait pu alerter les marchés.

___ Le soja avant les représailles

Au deuxième trimestre, l’impact des réductions d’impôt va enfin se voir sur la consommation des ménages qui devrait avoir grimpé de plus de 3%. Au premier trimestre, la croissance avait été timide à 2% en rythme annuel, tirée par une progression anémique des dépenses de consommation (+0,9%), locomotive traditionnelle de l’économie américaine.

«La solidité du deuxième trimestre sera citée comme la preuve que les réductions d’impôts marchent», a prédit Ian Shepherdson, de Pantheon Macroeconomics.

D’autres facteurs vont aussi doper les chiffres, en rapport avec les tensions commerciales. C’est le cas de la forte augmentation des exportations de soja juste avant que la Chine n’impose des tarifs douaniers en représailles aux taxes américaines sur l’acier.

«La croissance semble avoir reçu le soutien artificiel d’une augmentation temporaire des exportations de soja avant l’application des tarifs chinois début juillet», a souligné Andrew Hunter, de Capital Economics.

Les exportations devraient ainsi contribuer de façon notable à la croissance d’avril à juin mais les économistes doutent que cela se poursuive, notamment avec le billet vert qui a pris une pente ascendante.

Un dollar plus fort rend les exportations américaines plus chères tandis que les importations deviennent meilleur marché, ce qui va à l’encontre de l’objectif de l’administration Trump de réduire le déficit commercial américain.

De nombreux économistes estiment que la performance de ce trimestre ne sera pas répétée et devrait retomber entre 2% et 3%.

«La demande intérieure va commencer à faiblir dans les trimestres à venir à mesure que l’impact des réductions d’impôts s’évanouit et que la hausse des taux d’intérêt commence à laisser des traces», a affirmé l’économiste de Capital Economics.

Les incertitudes autour du conflit commercial commencent aussi à inquiéter les firmes américaines, comme en a témoigné le Livre Beige de la banque centrale. L’administration Trump a même dû prendre des mesures exceptionnelles pour soutenir les agriculteurs touchés par les droits de douanes sur leurs exportations.

Une aide d’urgence de 12 milliards de dollars pour ce secteur très touché par les représailles notamment chinoises a été annoncée mardi.