USA: durcissement de la politique monétaire possible selon la Fed

AWP

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Les membres de la Fed, dirigée par Jerome Powell, ont jugé que les perspectives de croissance plus fortes soulevaient la possibilité de davantage de hausses de taux graduelles.

La banque centrale américaine (Fed) estime que la croissance de l’économie, dopée à court terme par les réductions d’impôts de l’administration Trump, pourrait nécessiter une remontée graduelle des taux d’intérêt.

Evoquant l’impact de la réforme des impôts dont l’effet sur l’activité «sera peut-être plus important qu’initialement estimé», les membres de la banque centrale ont jugé, lors de leur dernière réunion, que «les perspectives de croissance plus fortes soulevaient la possibilité de davantage de hausses de taux graduelles». Jusqu’ici la Fed prévoyait trois hausses de taux d’un quart de point (0,25%) cette année après trois déjà l’an passé.

La banque centrale avait laissé les taux d’intérêt inchangés lors de cette réunion des 30 et 31 janvier dont le compte-rendu a été publié mercredi. Mais elle avait imperceptiblement modifié son communiqué, introduisant le mot «davantage» pour qualifier les futures «hausses de taux graduelles». Les taux avaient été maintenus entre 1,25% et 1,50% lors de cette réunion et les projections moyennes de trois hausses de taux pour cette année n’avaient pas été modifiées.

Les membres de la Réserve fédérale ont toutefois admis, selon les mêmes minutes de la réunion, que «les effets suggérés de la réforme des impôts sur les dépenses des consommateurs et des entreprises, quoique encore incertains, pourraient être plus important qu’estimés à court terme».

La réforme des impôts qui équivaut à une diminution des recettes pour l’Etat de quelque 1.500 milliards de dollars sur dix ans, a abaissé le taux d’imposition des entreprises de 35% à 21% notamment. Les ménages également vont voir leurs impôts diminuer.

En conséquence les membres de la Fed ont reconnu dans le compte rendu publié mercredi que le taux de croissance économique en 2018 risque d’»excéder leurs estimations» qui sont de 2,5% et de 2,1% en 2019. C’est bien en dessous des projections de l’administration Trump qui mise sur 3% de croissance du Produit intérieur brut (PIB) cette année et 3,2% l’année prochaine.

En conséquence, estiment la plupart des participants à la réunion de la Fed, «les conditions du marché de l’emploi vont se resserrer davantage» et les prix «vont sans doute augmenter en 2018».

Ils ont aussi noté que l’affaiblissement du dollar allait «aider à faire remonter l’inflation vers l’objectif de 2%».

Volatilité

Certains participants, certes minoritaires, doutent encore de l’accélération de l’inflation et pensent que les réductions d’impôts faites aux entreprises vont mener celles-ci à réduire leurs prix pour rester compétitives et gagner des parts de marchés.

Deux jours après cette réunion où la Fed avait laissé transparaître une possible accélération des tours de vis monétaire, la bourse de Wall Street, qui depuis l’élection de Donald Trump était sans discontinuer sur la pente ascendante, avait entamé de façon brutale une période de forte volatilité.

L’indice Dow Jones avait ainsi connu sa baisse la plus forte en plus de deux ans alors que le gouvernement publiait dans la foulée un bond de 0,5% de l’indice des prix à la consommation (CPI) pour janvier, son rythme le plus rapide en quatre mois. Sur l’année l’indice est resté à 2,1%. La Fed considère néanmoins davantage un autre indice, le PCE, qui reste pour l’instant sous les 2%.

Ce rapport «montre que le Comité monétaire était à la lutte avec une croissance qui s’avère plus forte que prévu (...) et des marchés financiers dynamiques. Face à cela, ils ont jugé que les conditions pour un relèvement des taux étaient plus fortes qu’avant mais pas assez pour abandonner un rythme graduel» de resserrement monétaire, a jugé Chris Low, de FTN Financial.

La Fed n’a par ailleurs pas semblé impressionnée par les primes et hausses de salaires entamées par certaines entreprises juste après les importantes réductions d’impôts qui leur ont été accordées. «Ce coup de pouce (salarial) pourrait n’être que des bonus isolés plutôt que des augmentations permanentes de salaires», notent plusieurs participants.

La prochaine réunion monétaire de la banque centrale, qui se fera pour la première fois sous la houlette de Jerome Powell, le nouveau président choisi par Donald Trump pour succéder à Janet Yellen, est prévue les 20 et 21 mars.

Les marchés s’attendent à ce que la Fed relève d’un quart de point ses taux d’intérêt au jour le jour, qui fixent le coût de l’argent que les banques se prêtent entre elles.