USA: croissance révisée en baisse

AWP

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Le Ministère du commerce annonce une hausse du PIB de 2,2% au premier trimestre, soit 0,1 point de moins que précédemment estimé.

La croissance des Etats-Unis a été modestement révisée en baisse au premier trimestre affichant un rythme qui reste décent mais qui tarde à refléter la relance censée venir des coupes d’impôts de l’administration Trump.

Selon la seconde estimation du ministère du Commerce publiée mercredi, le Produit intérieur brut (PIB) américain a progressé en rythme annuel de 2,2% de janvier à mars, soit 0,1 point de moins que précédemment estimé.

Ce rythme relativement soutenu pour les mois d’hiver est toutefois bien inférieur à celui du dernier trimestre 2017, où l’expansion américaine avait atteint 2,9%.

Les analystes s’attendaient à une estimation inchangée à 2,3%.

Baromètres plus frais de l’état de la première économie mondiale, les chiffres de l’emploi pour mai seront publiés vendredi et devraient signaler une accélération de l’activité au 2e trimestre.

Les analystes s’attendent à un taux de chômage inchangé à 3,9%, au plus bas depuis 17 ans, et à des créations d’emplois soutenues à 190’000.

Mais selon l’enquête ADP, les embauches publiées mercredi pour le secteur privé seul ont un peu déçu, s’établissant à 178’000 contre 183’000 attendus (Lire ci-dessous). Le chiffre d’avril a en outre été révisé en baisse.

Au début de l’année, l’expansion de l’économie américaine a donc marqué le pas mais, comme l’indiquent les analystes de Barclays, «cette phase de mollesse est transitoire et nous nous attendons à un rebond de la croissance aux 2e et 3e trimestre alors que l’effet du stimulus fiscal va se faire sentir».

Consommation décevante

Une consommation légèrement plus faible que prévu, un marché immobilier ralenti, des exportations moins fortes et un moindre investissement dans les stocks expliquent la révision à la baisse, a indiqué le ministère.

A 2,2%, le rythme de croissance du début de l’année demeure le meilleur depuis deux ans pour un trimestre hivernal mais il tarde à refléter l’impact des massives réductions d’impôts décidé en décembre par l’administration Trump, en faveur des entreprises notamment.

Le président Trump assure pouvoir faire accélérer l’économie au-dessus de 3%.

Par rapport à fin 2017 où la consommation américaine avait été dopée par l’optimisme de la Bourse et le rebond d’activité après les ouragans, les consommateurs ont à peine augmenté leurs achats (+1%) au début de l’année. C’est la plus mauvaise performance de la consommation depuis presque cinq ans. Les dépenses dans les services se sont avérées moins fortes qu’initialement estimé (+1,8% au lieu de +2,1%).

Le marché immobilier, handicapé par un manque de stocks de logements à vendre --ce qui fait grimper les prix--, a accusé un recul de 2% après un bond de 12,8% au trimestre d’avant.

Dans le climat d’incertitude sur les relations commerciales, les exportations ont augmenté de 4,2%, moins qu’anticipé dans la première estimation (+4,8%) et bien en dessous du bond réalisé au dernier trimestre (+7%).

Les importations, qui pèsent sur le PIB, ont augmenté un peu plus rapidement que précédemment estimé à +2,8%, mais bien moins qu’au 4e trimestre (+14,1%).

Au rang des bons points, l’investissement des entreprises a notablement progressé (+7,2%).

L’indice des prix trimestriel hors énergie et alimentation, qui avait attiré l’attention des analystes lorsqu’il avait d’abord été estimé à 2,5% s’est finalement établi à 2,3%, ce qui va apaiser les craintes d’une résurgence immédiate de l’inflation. Cette indication trimestrielle est la plus élevée en sept ans, alors que l’inflation est obstinément restée toutes ces années sous la barre des 2% souhaitée par la banque centrale américaine (Fed).

Celle-ci se réunit les 12 et 13 juin et les marchés prévoient un nouveau léger tour de vis monétaire.

 

Créations d’emplois privés décevantes en mai
Le secteur privé aux Etats-Unis a continué de créer de nombreux emplois en mai, mais moins que ne l’estimaient les analystes, selon l’enquête mensuelle d’ADP publiée mercredi, ayant également fortement révisé à la baisse les chiffres d’avril. Sur l’ensemble du mois, le secteur privé a créé 178’000 nouveaux postes, alors que les analystes s’attendaient à 190’000 nouvelles embauches, a indiqué la société de fiches de paie.
ADP a en outre fortement révisé à la baisse le chiffre d’avril à 163’000, au lieu de 204’000 estimés initialement. Le gouvernement publiera vendredi les chiffres officiels de l’emploi pour mai.
«Le dynamique marché du travail s’est légèrement refroidi», a résumé Ahu Yildirmaz, vice-président du département recherche d’ADP. Il a expliqué que la santé et les services aux professionnels demeuraient «constants et continuent d’être un des principaux moteurs de la croissance dans le secteur des services et pour l’ensemble du marché du travail».
Pour Mark Zandi, l’économiste en chef de Moody’s Analytics, qui compile les données pour l’enquête d’ADP, «la croissance des emplois est solide, mais est en train de ralentir, les entreprises ayant de plus en plus de mal à pourvoir des postes».
Pour y remédier, certaines sociétés ont commencé à revaloriser les salaires, a observé l’expert: «la hausse des salaires est en train d’accélérer (...), notamment pour les jeunes et les nouveaux entrants et pour ceux changeant d’emploi. Trouver des candidats devient progressivement le problème numéro 1 pour les entreprises».

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