Un risque de stagnation dans la zone euro se profile

AWP

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Croissance stable mais faible au troisième trimestre. L’inflation a ralenti en octobre à 0,7%, bien en-deçà de l’objectif de la BCE.

La croissance dans la zone euro est restée faible au troisième trimestre, affectée par les difficultés persistantes de l’industrie manufacturière, ce qui fait craindre aux analystes l’entrée dans une phase de stagnation.

Selon une première estimation de l’Office européen de statistiques Eurostat, publiée jeudi, la croissance du PIB dans les 19 pays ayant adoptée la monnaie unique a atteint 0,2% au troisième trimestre, comme au trimestre précédent.

«L’économie de la zone euro n’a pas continué de ralentir au troisième trimestre, ce qui est d’ores et déjà une bonne chose dans le contexte actuel d’incertitude», a noté Bert Colijn, économiste chez ING.

Mais «les craintes d’un nouveau ralentissement de l’activité économique persistent en raison de la poursuite de la récession industrielle», a-t-il estimé, ajoutant que l’économie avait «besoin de nouvelles positives sur l’environnement commercial pour ne pas glisser davantage».

La faiblesse de l’activité dans la zone euro s’inscrit dans un contexte inquiétant de ralentissement de la conjoncture mondiale. Les conflits commerciaux, ainsi que l’incertitude liée au Brexit, se répercutent depuis plusieurs mois dans les Etats membres, en particulier chez les puissances exportatrices comme l’Allemagne, dont l’industrie manufacturière entre dans une phase de récession.

Seule bonne nouvelle: le taux de croissance annoncé par Eurostat au troisième trimestre est supérieur aux attentes des analystes, comme ceux interrogés par le fournisseur de services financiers Factset, qui tablaient sur sur une progression limitée à 0,1%.

«Risques à la baisse»

«Les mois à venir devraient rester difficiles», anticipe cependant Bert Colijn. «Le quatrième trimestre est mal parti et (...) des risques à la baisse demeurent pour l’instant.»

Pour Andrew Kenningham, de chez Capital Economics, les derniers indicateurs laissent penser que la croissance «devrait encore ralentir au quatrième trimestre».

La zone euro «progressera probablement à un rythme trimestriel faible d’environ 0,1% au cours de la prochaine année», estime-t-il.

«Cela maintiendra la pression sur les décideurs politiques, tant à Francfort que dans les capitales, pour qu’ils fassent davantage pour stimuler la demande», conclut-il.

Dans ce contexte, la Banque centrale européenne (BCE), dont la nouvelle présidente, la Française Christine Lagarde, entre officiellement en fonction vendredi, devrait poursuivre sa politique de taux d’intérêt très bas pour soutenir l’activité.

D’autant plus que le taux d’inflation dans la zone euro s’éloigne mois après mois de son objectif d’un niveau légèrement inférieur à 2%.

L’inflation a ainsi ralenti à 0,7% en octobre, selon les données publiées jeudi par Eurostat, soit le taux le plus bas depuis novembre 2016 (0,6%).

Ce ralentissement s’explique par une baisse des prix de l’énergie en octobre (-3,2%). L’inflation sous-jacente (hors énergie, produits alimentaires, boissons alcoolisées et tabac, qui exclut par conséquent les produits particulièrement volatiles) a progressé à 1,1%, contre 1,0% en septembre.

Chômage au plus bas

Dans le même temps, le taux de chômage, autre estimation annoncée jeudi par Eurostat, est resté stable à 7,5% en septembre, comme en août (chiffre révisé).

Il s’agit du taux le plus bas depuis 11 ans. «Nous pensons que le chômage restera autour de ce niveau au cours des prochains mois», a estimé Andrew Kenningham.

Depuis qu’il est repassé en septembre 2016 sous le seuil symbolique de 10,0%, le chômage dans la zone euro n’a cessé de reculer.

Au pire de la crise de la dette, le chômage avait atteint le taux record de 12,1% en avril, mai et juin 2013.

L’Allemagne est l’Etat membre de la zone euro ayant enregistré le plus faible taux de chômage en septembre, à 3,1%.

A l’autre bout de l’échelle, la Grèce a affiché le taux le plus élevé (16,9% en juillet, dernier chiffre disponible), suivie de l’Espagne (14,2%).

Dans les 28 pays de l’UE, le taux de chômage s’est établi à 6,3% en septembre, stable par rapport à août (chiffre révisé).

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