Ukraine: la Russie relance ses frappes sur Kiev avec des drones

AWP

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Une série d’explosions ont été entendues au petit matin à Kiev et les sirènes d’alerte aérienne avaient retenti peu avant la première déflagration.

Des attaques de «drones kamikazes» ont ciblé lundi matin un quartier central de Kiev et plusieurs très fortes explosions ont été entendues, une semaine exactement après les précédentes frappes russes sur la capitale ukrainienne.

Des attaques ont également eu lieu ailleurs dans le pays, en particulier dans le sud.

Une série d’explosions ont été entendues au petit matin à Kiev et les sirènes d’alerte aérienne avaient retenti peu avant la première déflagration. Un journaliste de l’AFP a vu l’un de ces drones s’abattre sur un immeuble, alors que deux policiers à genoux tentaient de l’abattre avec leurs armes de service.

«Toute la nuit, et toute la matinée, l’ennemi terrorise à la population civile. Des drones kamikazes et des missiles attaquent l’Ukraine. Un immeuble résidentiel de Kiev a été touché», a expliqué le président Volodymyr Zelensky sur les réseaux sociaux.

«L’ennemi peut attaquer nos villes, mais ils n’arriveront pas à nous briser», a-t-il ajouté, «les occupants connaîtront un juste châtiment et la condamnation des générations futures. Et nous aurons la victoire».

L’administration militaire de Kiev a indiqué que «quatre frappes ont été enregistrées», dans Kiev qui depuis le début de la semaine passée est de nouveau visée par les forces russes, alors que la ville avait été épargnée depuis la fin juin par les bombardements.

Un immeuble résidentiel dans le quartier de Chevtchenko, en centre-ville, a notamment été touché selon la même source.

«Tous les lundis»

«Dix-huit personnes ont été sauvés (de cet immeuble). Selon de premières informations, deux personnes sont sous les décombres», a indiqué le maire, Vitali Klitschko, sur Telegram.

«Ils semblent nous attaquer tous les lundis», a commenté à l’AFP Serguiï Prikhodko, un chauffeur de taxi attendant une course non-loin de la gare, «c’est une nouvelle manière de commencer la semaine», a-t-il ajouté, alors que la capitale avait été déjà visé par des frappes le lundi précédent.

La direction des services nationaux des chemins de fer avaient auparavant confirmé que des attaques avaient eu lieu «à proximité» de la gare centrale.

Le chef du cabinet de la présidence ukrainienne, Andriï Iermak, a estimé que ces attaques russes relevaient du «désespoir» et appelé à un soutien immédiat à la défense anti-aérienne ukrainienne réclamant de la part de ses alliés occidentaux «plus d’armes pour défendre le ciel et détruire l’ennemi».

«Au cours des 13 dernières heures, l’armée ukrainienne a abattu 37 drones iranien Shahed-136 et 3 missiles de croisières» russes, a indiqué le ministère ukrainien de la Défense sur Twitter.

Dans le sud du pays, l’armée avait précédemment indiqué avoir abattu dans la nuit de dimanche à lundi 26 Shahed-136, des appareils iraniens achetés par Moscou selon les Occidentaux et l’Ukraine, malgré les dénégations de Téhéran.

Le 10 octobre, des bombardements russes d’une ampleur inégalée depuis des mois et visant des infrastructures essentielles avaient touché Kiev et d’autres villes d’Ukraine, faisant au moins 19 morts et 105 blessés et suscitant un tollé international.

Ils avaient été lancés, sur ordre de Vladimir Poutine, en représailles d’une énorme explosion qui a partiellement détruit le pont de Crimée, ouvrage symbolique et stratégique reliant le territoire russe à la péninsule de Crimée, annexée en 2014 par Moscou.

Kiev n’a ni admis ni démenti son implication, mais l’opération a constitué une nouveau revers pour Moscou qui près de huit mois après le début de son invasion recule sur plusieurs fronts, notamment dans le sud où les troupes russes comptent justement sur le pont de Crimée pour leurs approvisionnements.

Infrastructures essentielles

Les frappes russes la semaine passée avaient visé des infrastructures essentielles ukrainiennes, en particulier les installations énergétiques du pays, souvent très loin du front, provoquant des coupures de courant et d’eau. A Kiev, un parc et un terrain de jeu avaient été également touchés.

Selon la présidence ukrainienne, des drones d’attaque livrés à la Russie par l’Iran avait été utilisés pour ces attaques en plus de missiles.

En réponse aux bombardements de la semaine dernière, les plus importants depuis des mois, les alliés occidentaux de l’Ukraine lui ont promis plus de système de défense anti-aériens, et certains ont déjà été livrés.

Vendredi depuis Astana, le président russe Vladimir Poutine s’était dit satisfait de ces frappes massives, et avait jugé que de nouveaux bombardements d’ampleur sur les villes d’Ukraine n’étaient pas nécessaires «pour l’instant».

La Russie est sur la défensive sur l’essentiel du front en Ukraine, reculant depuis le mois de septembre aussi bien dans le Nord, que l’Est et le Sud. Le seul tronçon où les forces russes avancent encore est la zone de la ville de Bakhmout (est) que Moscou tente de prendre depuis l’été.

Pour tenter d’inverser la tendance, Vladimir Poutine a ordonné fin septembre la mobilisation de centaines de milliers de réservistes, autrement dit des civils, pour aller au front.

Les Occidentaux ont eux multiplié les promesses de livraisons de système anti-aériens pour neutraliser les missiles et drones qu’utilise la Russie.

L’Ukraine a, elle, frappé ces derniers jours plusieurs cibles militaires en territoire russe, dans la région frontalière de Belgorod.

Infrastructures visées, «centaines de localité» sans électricité

Plusieurs frappes russes ont visé lundi matin des infrastructures cruciales de trois régions d’Ukraine, dont la capitale Kiev, laissant «des centaines de localités» sans électricité, a annoncé le Premier ministre ukrainien, Denys Chmygal, dans la matinée.

«Ce matin, des terroristes russes ont de nouveau attaqué les infrastructures énergétiques de l’Ukraine dans trois régions», a-t-il déploré, citant «cinq frappes de drone» sur la capitale Kiev et «des attaques au missile» sur les régions de Dnipropetrovsk (centre-est) et Soumy (nord-est).

«Des centaines de localités sont sans électricité», a-t-il ajouté.

«Tous les services travaillent actuellement (...) à rétablir l’approvisionnement en électricité», a-t-il assuré, demandant à la population de ces trois régions «d’économiser la consommation d’électricité, surtout aux heures de pointe».

A Kiev, «des installations énergétiques et un immeuble résidentiel ont été endommagés», a affirmé Denys Chmygal, quelques instants après que le maire de la capitale, Vitali Klitschko, a indiqué qu’une femme était décédée dans la frappe sur cet immeuble résidentiel, situé dans le centre-ville et qui s’est partiellement effondré.

«Le corps d’une femme sans vie a été retrouvé dans les décombres», avait déploré M. Klitschko sur les réseaux sociaux, précisant qu’»une autre personne se trouvait encore sous les décombres».

«Trois blessés sont hospitalisés», a-t-il ajouté.

La présidence ukrainienne a affirmé, de son côté, qu’»il y a des morts et des blessés» suite aux frappes russes dans la région de Soumy (nord-est).

Dans la région de Dnipropetrovsk (centre-est), également touchée par les frappes russes, «nos soldats ont abattu trois missiles ennemis», a ajouté la présidence, mais «une roquette a touché une installation d’infrastructure énergétique», a-t-elle précisé.

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