Ottawa réagit à la décision de Donald Trump de réimposer des droits de douane de 10% sur l’aluminium canadien.
Le Canada imposera dans un mois des «contre-mesures» de 3,6 milliards de dollars canadiens (2,3 milliards d’euros), en réaction à la décision de Donald Trump de réimposer des droits de douane de 10% sur l’aluminium canadien, a annoncé vendredi la vice-Première ministre Chrystia Freeland.
Dénonçant une décision «absurde», Mme Freeland a annoncé que le Premier ministre Justin Trudeau allait mener «une période de consultation sur une longue liste détaillée des produits (américains) contenant de l’aluminium» pendant un mois.
Les «représailles tarifaires» entreront en vigueur à l’issue de cette consultation, a-t-elle précisé lors d’une conférence de presse.
Ottawa répliquera à ces «tarifs injustifiés» de façon «rapide et forte»: «pour chaque dollar imposé par les Etats-Unis sur les importations canadiennes, nous imposerons en retour une taxe équivalente», a indiqué la N.2 du gouvernement.
«Nous n’allons pas aggraver la situation mais nous n’allons pas reculer non plus», a-t-elle souligné précisant que «l’industrie canadienne d’aluminium est importante pour l’économie du Canada» et génère quelque 10’000 emplois directs.
Les droits de douane sur l’aluminium canadien doivent entrer en vigueur à partir du 16 août.
«J’ai signé une proclamation qui défend l’industrie américaine en réimposant des tarifs douaniers sur l’aluminium au Canada. Le Canada profitait de nous, comme d’habitude», avait annoncé jeudi le président américain lors d’une intervention dans une usine de fabrication de machines à laver Whirlpool à Clyde, dans l’Ohio.
Après cette déclaration «inacceptable» du président américain, le Premier ministre de l’Ontario Doug Ford a incité vendredi les Canadiens à acheter en priorité des produits fabriqués au Canada et dans la province.
«On défendra toujours nos travailleurs de l’aluminium», a promis jeudi le Premier ministre Justin Trudeau sur Twitter, tandis que la décision de M. Trump était immédiatement décriée par des acteurs économiques américains et canadiens.
La réimposition de ces droits de douane intervient quelques semaines seulement après l’entrée en vigueur, début juillet, du nouvel accord de libre-échange (AEUMC) liant les Etats-Unis, le Canada et le Mexique. Ce dernier remplace l’Aléna (accord de libre-échange nord-américain) qui datait de 1994 et était unanimement jugé obsolète.
En juin 2018, en pleine renégociation de l’Aléna, M. Trump n’avait pas hésité à instaurer des droits de douane punitifs sur l’aluminium canadien. Dans la foulée, Ottawa avait annoncé des taxes sur des produits américains (acier et l’aluminium, mais aussi whisky, ketchup, jus d’orange, bateaux à voile et à moteur, tondeuses à gazon...).
Donald Trump avait renoncé, en mai 2019, à imposer ces droits de douane à condition que le Canada «n’inonde pas notre pays de leurs exportations et ne détruisent pas tous nos emplois dans le secteur de l’aluminium».