Swatch: pas de nouvelle obligation ou restriction de livraison

AWP

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La Comco rend un verdict sur la filiale ETA qui devrait mettre fin à un long feuilleton débuté il y a plus de dix ans.

ETA, filiale de Swatch, pourra à l’avenir décider librement à quelles manufactures elle livrera - ou non - ses composants. La décision rendue mercredi par la Commission de la concurrence (Comco) ne va pas imposer de nouvelle obligation ou restriction de livraison au groupe biennois et devrait mettre fin à un long feuilleton débuté il y a plus de dix ans.

En référence à la procédure de réexamen du marché des mouvements mécaniques «Swiss made» entamée fin 2018, le régulateur a reconnu «que le marché a réagi aux incitations de 2013 et que les conditions de concurrence se sont dans une large mesure réalisées comme attendu», selon les termes du communiqué.

Fin 2013, le gendarme de la concurrence avait conclu un accord à l’amiable avec l’horloger biennois stipulant que la société ETA devait livrer à ses clients de l’époque des quantités définies de mouvements mécaniques jusqu’à fin 2019, délai après lequel aucune obligation ne devait persister.

Le régulateur avait ouvert une procédure de réexamen en novembre 2018, «vu l’existence d’indices selon lesquels le marché des mouvements mécaniques Swiss made ne se développait pas comme prévu». Il ne va finalement pas imposer de nouvelle obligation ou restriction de livraison, mais souligne qu’ETA reste en position dominante.

Une affaire de plus de dix ans

Il y a une dizaine d’années, le patron de Swatch feu Nicolas Hayek avait affirmé dans une interview ne plus vouloir être le supermarché de l’industrie horlogère helvétique. A l’époque déjà, la direction du groupe avait demandé au régulateur de l’affranchir de l’obligation de livrer des mécanismes à la concurrence.

«Nous avons ouvert une enquête en 2011 et avons choisi la voie d’une suppression par étapes», a expliqué le directeur de la Comco, Patrik Ducrey, lors d’un point presse. L’accord conclu en 2013 a réglementé la réduction progressive du nombre de mouvements qu’ETA devait fournir à des clients tiers.

L’objectif était de mettre un terme aux structures monopolistiques sur le marché des mouvements mécaniques d’ici fin 2019 et de permettre à la concurrence de s’exercer librement, l’idée étant que d’ici-là, les marques horlogères seraient en mesure de produire elles-mêmes les composants nécessaires.

Selon M. Ducrey, l’accord n’a pas eu tout le succès escompté au vu de l’évolution du marché, ce qui a incité le gendarme de la concurrence à lancer une analyse approfondie en 2018: en neuf mois seulement, quelque 200 manufactures ont été interrogés.

En décembre dernier, juste avant l’échéance de l’accord conclu en 2013, la Comco avait annoncé la prolongation des restrictions de livraison, ce qui avait amené Swatch à porter l’affaire devant le Tribunal administratif fédéral (TAF) en février. On ignore encore quel sera le verdict ou si Swatch compte retirer sa plainte.

Renforcement de la concurrence

Maintenant que le processus de réexamen est terminé, la Comco est d’avis que le moment est venu de renforcer la concurrence. Contrairement à 2013, les marques horlogères ont désormais la possibilité de s’approvisionner en mouvements mécaniques auprès d’autres fournisseurs, a poursuivi M. Ducrey.

Certaines manufactures ont mis en place et développé leur propre production de composants, d’autres se sont tournées vers le fabricant jurassien de mouvements Sellita. La dépendance à l’égard de la filiale de Swatch a dans l’ensemble diminué, a assuré le gendarme de la concurrence.

Le président de la Comco, Andreas Heinemann, a toutefois insisté sur le fait qu’ETA jouit toujours d’une position dominante sur le marché, précisant que si l’on ajoutait les mouvements produits pour les marques du groupe Swatch, la capacité de production de sa filiale est «plusieurs fois» supérieure à celle de Stellita.

L’annonce du jour a été quelque peu éclipsée par les résultats semestriels de Swatch de la veille et les nombreux commentaires d’analystes qu’ils ont suscités. L’action au porteur Swatch a terminé la séance en forte hausse de 5,9% à 207,80 francs, dominant un SMI en progression de 1,95%.

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