Six mois de guerre jour pour jour en Ukraine, nouvelle frappe russe meurtrière

AWP

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Moscou choisit le jour de la fête nationale ukrainienne pour bombarder une gare dans le centre du pays, tuant au moins 22 passagers.

Six mois après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, une frappe russe a fait mercredi, le jour de la fête nationale ukrainienne, au moins 22 morts et des dizaines de blessés dans une gare ferroviaire, a annoncé le président Volodymyr Zelensky.

«Je viens de recevoir une information concernant une frappe de missile russe sur une gare dans la région de Dnipropetrovsk (centre de l’Ukraine), en plein sur les wagons à la gare de Tchaplino. Quatre wagons de passagers sont en feu», a affirmé M. Zelensky dans un discours devant le Conseil de sécurité de l’ONU.

«Il y a 22 morts, dont cinq personnes qui ont brûlé dans un wagon. Un adolescent est mort, il avait 11 ans, une roquette russe a détruit sa maison», a-t-il dit ultérieurement dans son allocution quotidienne du soir. «Les opérations de recherche et de sauvetage vont se poursuivre», a-t-il ajouté. «Nous allons faire en sorte que les agresseurs paient pour tout ce qu’ils ont fait. Et nous allons les chasser de notre terre.»

«Aujourd’hui marque un jalon triste et tragique», a pour sa part estimé le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres à propos de la date anniversaire du déclenchement - le 24 février - des combats, qui ont fait des dizaines de milliers de morts et de blessés.

«Profonde inquiétude»

Déplorant les conséquences de cette «guerre absurde bien au-delà de l’Ukraine», il a réitéré sa «profonde inquiétude» concernant les activités militaires sur le site de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, la plus grande d’Europe, qui a subi des frappes dont les deux belligérants s’accusent mutuellement. «Toute nouvelle escalade de la situation pourrait conduire à l’autodestruction», a-t-il averti.

Les directeurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, et de l’agence atomique russe Rosatom, Alexeï Likhatchev, se sont rencontrés à Istanbul (Turquie) pour discuter d’une inspection des installations. Inquiet également, le pape François a réclamé des «mesures concrètes» pour «mettre fin à la guerre et écarter le risque d’un désastre» à Zaporijjia.

La Russie doit cesser son «chantage nucléaire et simplement se retirer de la centrale» qu’elle occupe depuis début mars, a quant à lui martelé M. Zelensky devant le Conseil de sécurité. «La mission de l’AIEA doit dès que possible prendre le contrôle permanent de la situation» à Zaporijjia.

Le président américain Joe Biden a pour sa part confirmé l’octroi d’une aide militaire de près de trois milliards de dollars à Kiev, la plus importante des Etats-Unis depuis le début du conflit. Il s’agit, a expliqué M. Biden, de permettre aux Ukrainiens d’»acquérir des systèmes de défense aérienne, des systèmes d’artillerie et des munitions (...) ainsi que des radars».

Manifestation plus symbolique du soutien occidental, le Premier ministre britannique Boris Johnson a effectué mercredi une visite-surprise à Kiev. «Il y a une forte volonté des Ukrainiens de résister. Et c’est ce que (le président russe Vladimir) Poutine n’a pas compris», a-t-il estimé.

Explosions près de Kiev

Après un semestre de guerre, l’anniversaire de l’indépendance acquise en 1991 vis-à-vis de l’URSS ne devait pas donner lieu à des festivités, même si la diaspora ukrainienne a organisé de nombreux rassemblements à travers le monde (France, Pologne, Israël...).

Volodymyr Zelensky et son épouse ont rendu hommage aux soldats ukrainiens tués en observant une minute de silence et en déposant des bouquets jaune et bleu - couleurs du drapeau national - devant un mémorial du centre de Kiev, avant d’assister à un rassemblement dans la cathédrale Sainte Sophie avec les chefs des principales confessions religieuses.

L’Ukraine avait reconnu lundi la mort de près de 9.000 soldats depuis le début du conflit - un bilan probablement inférieur à la réalité, selon les observateurs. Côté russe, près de 80.000 soldats auraient été tués ou blessés depuis le début de l’invasion, avait estimé début août le numéro trois du Pentagone américain.

Les autorités de Kiev, où des sirènes d’alerte ont retenti dans la matinée, y ont interdit tout rassemblement public de lundi à jeudi. Dans le nord-est, le gouverneur de la région de Kharkiv a ordonné un couvre-feu de mardi soir à jeudi matin. Dans les premières heures de ce 24 août, des explosions ont retenti dans plusieurs villes, comme Kharkiv, Zaporijjia et Dnipro (centre), selon les autorités locales.

Et dans la nuit de mercredi à jeudi, de mêmes sources, d’autres ont été constatées à Vychgorod, une banlieue de Kiev, et à Kryvy Rig (sud), la ville d’origine du président Zelensky. «C’est triste à dire mais les gens ont commencé à s’habituer, ils essaient de continuer à vivre de la même façon», a raconté Mykola, un soldat de 33 ans rencontré par l’AFP à Mykolaïv, cité méridionale sur laquelle les missiles pleuvent quotidiennement.

Au total, près de 500 attaques ont visé des centres de santé en Ukraine durant les six premiers mois de guerre, tuant au moins 98 personnes, a déploré l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Les Etats-Unis s’inquiètent également à court terme d’un autre problème: «Nous avons des informations selon lesquelles la Russie continue de préparer des simulacres de référendum» à Kherson (sud), ainsi qu’à Kharkiv, sur un rattachement de ces régions aux régions séparatistes de Donetsk et de Lougansk, dans l’est de l’Ukraine, a lâché mercredi la Maison Blanche.

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