Le genevois SGS et le parisien Bureau Veritas discutent d’une fusion, susceptible de conduire à l’avènement d’un poids lourd incontesté de l’inspection et de la certification à l’échelle mondiale. La valorisation boursière cumulée des deux groupes dépasse les 30 milliards de francs.
«Rien ne garantit que ces discussions aboutiront à une transaction, ni à un autre arrangement,» préviennent toutefois les deux protagonistes dans des prises de positions symétriques mercredi, assurant au passage qu’une communication sera faite, le cas échéant, au moment opportun.
En l’état, la balance penche en faveur de la multinationale de la place des Alpes. SGS jouit en effet d’une valorisation boursière d’environ 17,6 milliards de francs, quand Bureau Veritas affiche une capitalisation de 13,5 milliards d’euros (12,7 milliards de francs au cours du jour).
Ejecté de l’indice phare de la place zurichoise à l’automne 2022, le groupe genevois figure toujours dans le top 30, quand son homologue hexagonal a accédé en décembre dernier au top40 de la place parisienne.
Serpent de mer
Ultime exercice comptable disponible, l’année 2023 avait vu SGS engranger un chiffre d’affaires de 6,62 milliards de francs, pour un résultat opérationnel de 971 millions. Bureau Veritas affichait alors des recettes de 5,87 milliards d’euros (5,45 milliards de francs au cours de fin 2023), pour un excédent de 824,4 millions.
Seul le luxembourgeois Eurofins Scientific et ses 6,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires est à ce jour à même de tenir la comparaison. Le quatrième acteur, le britannique Intertek, affichait sur la même période des recettes de 3,3 milliards de livres (3,6 milliards de francs).
«Bureau Veritas et SGS se courtisent depuis des années et (un rapprochement) constituait l’un des projets, voire une obsession de Sergio Marchionne il y a plus de 20 ans déjà», rappelle dans un commentaire Jean-Philippe Bertschy. L’analyste de Vontobel suppute que de telles discussions ont déjà eu lieu par le passé, achoppant à chaque fois sur des questions d’ego.
Marché fragmenté
Une fusion ouvrirait une porte de sortie bienvenue aux actionnaires de référence tant du groupe lémanique que de son homologue parisien, respectivement le Groupe Bruxelles Lambert et Exor, véhicule d’investissement de la famille Agnelli, observent de leur côté les experts de Bernstein, qui attribuent l’initiative des pourparlers à SGS.
«Le marché des test, inspection et certification est encore loin d’être consolidé, les quatre principaux acteurs détenant des parts de marchés cumulées de 20 à 25%,» calcule Daniel Bürki. Le spécialiste de la Banque cantonale de Zurich (ZKB) considère ainsi que l’union de deux de ces sociétés ne devrait guère rencontrer d’obstacles réglementaires rédhibitoires. Pour autant, une opération de cette envergure constituerait une première.
A la clôture des Bourses, la nominative SGS a fini en chute de 6,4% à 86,70 francs, dans un SLI en hausse de 0,82%. Le titre Bureau Veritas s’est à l’inverse apprécié de 2,3% à 30,40 euros, dans un CAC 40 en progression de 0,94%.