Les trois assurances sociales suisses que sont l’AVS, l’AI et les APG ont bouclé 2024 sur des bénéfices. Ces résultats d’exploitation positifs sont dus à la bonne performance des marchés financiers l’année dernière, selon l’organisme Compenswiss.
L’assurance vieillesse et survivants (AVS) a terminé sur un résultat de répartition positif de 2,8 milliards de francs, a indiqué jeudi Compenswiss, l’organisme qui gère les fonds de compensation AVS/AI/APG. Au final, elle a présenté un bénéfice de 5,6 milliards à la fin 2024 (2,9 milliards un an auparavant).
Plusieurs raisons expliquent cette différence. Tout d’abord, même si les produits et les charges de l’AVS ont augmenté par rapport à 2023, les produits ont excédé les charges. Cette situation est due en grande partie à l’augmentation de la TVA à la suite de la réforme AVS21 (taux normal passé de 7,7% à 8,1%).
Ensuite, l’AVS a reçu de l’AI des intérêts sur sa dette, à hauteur de 216 millions. Enfin, les marchés financiers ont impacté positivement la performance du fonds de compensation AVS (2,6 milliards).
Dette de l’AI envers l’AVS inchangée
La bonne situation des marchés financiers a également eu un effet positif pour l’assurance-invalidité (AI), qui a bouclé 2024 avec un bénéfice de 235 millions (206 millions à la fin 2023). Son résultat des placements de 254 millions compense son résultat de répartition négatif de 19 millions.
Ce bénéfice ne permet toutefois pas, une fois encore, de réduire la dette de l’AI envers l’AVS. Cette dette reste inchangée depuis 2018, à 10,3 milliards.
Quant au régime des allocations pour perte de gain (APG), il a terminé l’exercice 2024 sur un résultat de répartition positif de 196 millions. Egalement grâce à un bon résultat des placements financiers (125 millions), son bénéfice a atteint 321 millions à la fin de l’an dernier (246 millions l’année précédente).
Fortune de 46 milliards
Au 31 décembre 2024, la fortune gérée par Compenswiss se montait à 46,1 milliards (40,6 milliards un an auparavant). La part de l’AVS s’élevait à 40,3 milliards, celle de l’AI à 3,9 milliards et celle des APG à quelque 2 milliards.
Entre 2023 et 2024, la fortune totale a augmenté de 5,5 milliards de francs. Cette hausse est essentiellement due au rendement des placements réalisé en 2024 et à l’augmentation de la TVA.
Au total, les cotisations des personnes assurées et des employeurs aux assurances sociales ont augmenté de 3,3% pour l’ensemble des trois assurances sociales, un taux stable par rapport à 2023. Le rendement net obtenu par Compenswiss sur la fortune de placement est de +7,33% à fin 2024, contre +4,98% à fin 2023. Les bons résultats de ces deux dernières années ne permettent cependant pas de compenser la performance de -12,85% à fin 2022.
Le montant de la fortune permettant de couvrir d’éventuelles pertes issues des comptes d’exploitation des assurances sociales atteint 79% des charges totales annuelles de l’AVS, 37,5% de celles de l’AI et 96,3% de celles des APG.
Défis futurs
Compenswiss avait déjà présenté une partie de ces résultats en février lors d’une conférence de presse. Sa direction avait mis en garde quant à la santé financière de l’AI. Outre le remboursement de sa dette, cette assurance doit faire face à un nombre de nouvelles rentes en hausse et à la baisse des taux de sortie. A cela vient s’ajouter l’idée d’une 13e rente AI.
Les cadres de Compenswiss s’étaient aussi montrés préoccupés au sujet de l’AVS. En raison de l’introduction de la 13e rente vieillesse, un résultat de répartition négatif pour l’AVS se profile dès 2026, avaient-ils averti.
L’initiative populaire du Centre visant à supprimer le plafonnement des rentes AVS pour les couples mariés dès 2030, le vieillissement de la population et l’allongement de l’espérance de vie sont également des défis. Compenswiss avait plaidé pour des mesures aussi vite que possible.
L’organisme avait encore rassuré sur la décision de désigner comme nouvelle banque dépositaire globale du fonds de compensation AVS/AI/APG la succursale zurichoise de la filiale munichoise de State Street, une institution américaine basée à Boston. UBS tenait précédemment ce rôle.
La décision avait été critiquée. En mars, le Conseil national a néanmoins soutenu Compenswiss, refusant de résilier le contrat avec State Street.