Politique, inflation et récession: la livre plombée par les maux britanniques

AWP

1 minute de lecture

La livre s’échangeait à moins de 80 pence pour un euro et à plus de 1,40 dollar à la veille du vote du Brexit. Depuis, elle a perdu plus de 20% face au billet vert et plus de 10% face à la monnaie unique européenne.

Incertitude politique, flambée de l’inflation, probable récession: les maux de l’économie britannique font tomber la livre sterling toujours plus bas face au dollar et même face à un euro pourtant lui aussi déprimé.

Baromètre de l’attrait du Royaume-Uni pour les investisseurs internationaux, à environ 1,16 dollar, la livre évolue à un niveau qu’elle n’avait atteint qu’une semaine début 2020, en plein choc du Covid-19.

Avant cela, la devise britannique n’avait pas été autant bradée depuis 1985.

De nombreuses monnaies sont en difficulté face au dollar, galvanisé par la volonté affichée de la Réserve fédérale américaine (Fed) de continuer la remontée de ses taux directeurs.

Les devises du Vieux Continent souffrent aussi de la guerre en Ukraine et de la crise énergétique, avec la menace d’une interruption totale des livraisons de gaz russes, déjà limitées.

Mais la livre est particulièrement malmenée et perd plus de 15% face au dollar sur un an, alors même que la Banque d’Angleterre avait commencé dès fin 2021 à remonter ses taux directeurs, et signale qu’elle entend poursuivre ce resserrement.

Face à l’euro, pourtant plombé par les difficultés de la Banque centrale européenne à resserrer sa politique monétaire, la livre est en baisse de 2% depuis le début de l’année.

Vers un plus bas historique?

Le Royaume-Uni connaît l’inflation la plus élevée des pays du G7 à plus de 10% sur un an. La Banque d’Angleterre estime qu’elle pourrait monter à 13% en octobre.

Les analystes des banques privées se montrent encore plus pessimistes: Citi estime que le pic pourrait atteindre 18,6% début 2023, tandis que Goldman Sachs évoque 14,8%... Mais également un scénario catastrophe à 22%.

Les analystes de Capital Economics estiment que la livre sterling pourrait même toucher un plus bas historique à 1,05 dollar, vu le cocktail toxique de probable récession et de banque centrale focalisée sur la lutte contre l’inflation et empêchée de soutenir l’économie.

Selon eux, la BoE devra dans les prochains mois arrêter de resserrer sa politique monétaire, mais ne pourra pas non plus se permettre de l’assouplir car l’inflation persistera.

Les risques à la baisse pour la monnaie britannique sont d’autant plus élevés, estiment-ils, que «la favorite pour le poste de Premier ministre Liz Truss a menacé de revenir sur l’accord du Brexit».

L’autre candidat à la succession de Boris Johnson, Rishi Sunak, a affirmé qu’il serait «irresponsable» d’ignorer le risque que le marché ne perde confiance dans le Royaume-Uni, alors que Mme Truss propose de nouvelles dépenses pour faire face à la crise du coût de la vie.

«Ce manque de crédibilité évoqué par M. Sunak pourrait se solder par un plus ample recul de la livre» en cas d’élection de Mme Truss, prévient lui aussi Derek Halpenny, analyste chez MUFG.

Les conséquences de la sortie de l’Union européenne continuent en effet de peser sur la devise du Royaume-Uni, jugent les économistes.

La livre s’échangeait à moins de 80 pence pour un euro et à plus de 1,40 dollar à la veille du vote du Brexit. Depuis, elle a perdu plus de 20% face au billet vert et plus de 10% face à la monnaie unique européenne.
 

A lire aussi...