Pétrole : l’Opep+ tentée de figer sa production face au nouveau variant

AWP

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Les 23 pays ont deux options sur la table: augmenter en janvier leur cible d’offre conjointe de 400’000 barils par jour, ou la maintenir inchangée par rapport à décembre, à 40 millions de barils quotidiens.

Les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs alliés via l’accord Opep+ se retrouvent jeudi pour décider de leurs volumes de production du début d’année prochaine. En raison de la propagation du variant du Covid-19 Omicron, ceux-ci pourraient rester constants.

Le sommet, prévu à 14h00 par visioconférence, sera précédé d’une réunion technique. Les 23 pays emmenés par l’Arabie saoudite et la Russie ont deux options sur la table: augmenter en janvier leur cible d’offre conjointe de 400’000 barils par jour, comme c’est le cas chaque mois depuis mai, ou la maintenir inchangée par rapport à décembre, à 40 millions de barils quotidiens.

Si la première piste a longtemps eu les faveurs des observateurs de marché, de nombreux analystes parient désormais sur la deuxième après la détection du nouveau variant du Covid-19, dont on ne connaît pas encore la dangerosité. Car les restrictions sanitaires mises en place pour contrer sa propagation, qui se multiplient à travers le monde, pourraient fortement grever la demande mondiale de brut, de l’ordre de 3 millions de barils par jour au premier trimestre 2022 selon les analystes de Rystad.

«L’Opep+ serait bien inspirée de tenir compte de ce scénario (...) avant d’augmenter sa production en janvier», souligne Carsten Fritsch, de Commerzbank. Le marché, qui a chuté de plus de 10% depuis jeudi dernier, «serait pratiquement incapable d’absorber ce pétrole supplémentaire», ajoute-t-il.

Camouflet pour Washington

Une telle pause serait la première dans la stratégie de réouverture graduelle des vannes entamée au printemps par l’Opep+, à la faveur de la reprise de la demande après la débâcle de la pandémie. Si les analystes sont unanimes, les responsables de l’alliance n’ont cependant pas donné beaucoup d’indices à même de certifier que l’issue du sommet est jouée d’avance.

Interrogé par l’agence de presse nationale, le ministre irakien du Pétrole Ihssan Ismaïl a évoqué les deux solutions mais remis la décision entre les mains du groupe. Réunis mercredi, les seuls 13 membres de l’Opep se sont bien gardés de trancher. «Dans cette période incertaine, il est impératif de rester prudents dans notre approche et de nous tenir prêts à réagir aux conditions du marché», a commenté le ministre angolais Diamantino Azevedo.

Un maintien des quotas actuels serait par ailleurs un camouflet pour Washington, qui appelle le cartel, de concert avec d’autres consommateurs de premier rang, à ouvrir davantage les vannes. Devant l’absence de réaction des 23, les Etats-Unis, rejoints par la Chine, l’Inde ou le Japon, ont même annoncé puiser dans leurs propres réserves stratégiques afin d’augmenter temporairement l’offre et de calmer la flambée des cours du brut, par crainte qu’elle pèse sur la reprise économique.

Cette «initiative majeure», selon le président américain Joe Biden, concerne au total entre 65 et 80 millions de barils selon les estimations des analystes, dont 50 millions pour les seuls Etats-Unis. Le maintien de son objectif de production par l’Opep+ serait également une fin de non-recevoir envoyée à l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

Son directeur Fatih Birol formulait mardi le souhait que les membres de l’Opep «poursuivent leurs politiques actuelles, qu’ils continuent d’accroître leur production», en marge d’une conférence au ministère français de la Transition écologique.

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