Pétrole: l’Opep+ en sommet sur fond de surchauffe du marché

AWP

2 minutes de lecture

«L’économie mondiale a passé la marche avant», s’est félicité le ministre angolais du Pétrole Diamantino Azevedo en amont de la réunion.

Les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) étaient réunis jeudi pour une journée marathon, avec pour objectif de fixer les quotas de production du mois d’août, attendus en légère hausse, et d’éviter une surchauffe des prix.

Le groupe de treize membres emmené par l’Arabie saoudite a bouclé une première réunion par visioconférence, et doit retrouver plus tard ses dix alliés conduits par la Russie.

Le sommet a été déplacé à 16H30 GMT (18H30 à Paris et à Vienne, au siège du cartel) pour permettre la tenue de discussions techniques.

Les membres de l’alliance scellée en 2016 et connue sous l’acronyme d’Opep+ s’étaient quittés début juin sur une rencontre éclair, sans prendre de décision au-delà du mois de juillet.

«L’économie mondiale a passé la marche avant», s’est félicité le ministre angolais du Pétrole Diamantino Azevedo, qui s’exprimait en amont de la première réunion, et «les perspectives de la demande mondiale de pétrole évoluent dans le bon sens».

Portés par cette reprise, les cours ont retrouvé des niveaux pré-pandémique: le WTI a franchi jeudi la barre des 75 dollars le baril, une première depuis octobre 2018.

Cet élément semble plaider en faveur d’une augmentation de la production d’or noir car la grogne de pays consommateurs comme l’Inde se fait déjà entendre et plane le risque d’un étouffement de la reprise naissante, un prix du pétrole élevé alimentant l’inflation.

Vers une modeste hausse?

L’alliance met en oeuvre depuis 2016 une politique de réduction volontaire de l’offre, fortement amplifiée après l’éclosion de la pandémie pour répondre au trou d’air de la demande.

Depuis avril 2020, elle laisse chaque jour des millions de barils sous terre (5,8 millions en juillet), une stratégie considérée comme prudente qui «a jusqu’à présent fait mouche», salue Stephen Brennock, analyste de PVM, «puisqu’elle a réussi à rétablir l’équilibre pétrolier sans trop tendre le marché».

Portée par Ryad, cette politique a permis de sortir les cours de l’abîme.

Le marché s’attend donc à la poursuite de cette démarche et pronostique une augmentation ténue, de l’ordre de 500.000 barils par jour au cours du mois d’août.

Les volumes du reste de l’année pourraient également être au menu du sommet: l’agence financière Bloomberg, citant une source anonyme, évoque le retour d’un volume de 2 millions de barils par jour d’ici fin 2021.

«La coalition se demande s’il faut poursuivre la relance de l’offre de brut de manière progressive, comme le préconise l’Arabie saoudite, ou de manière plus vigoureuse, comme le demande la Russie», explique Fawad Razaqzada, de Thinkmarkets.

Risque du variant Delta

La Russie est en effet attentive à sa part de marché et plaide pour une ouverture plus franche des robinets d’or noir.

Des cours élevés sont certes favorables pour les caisses des membres de l’Opep+ mais ils génèrent aussi davantage de concurrence car ils encouragent d’autres acteurs, non soumis aux quotas, à entrer sur le marché grâce à une production devenue soudainement rentable.

Aux arguments moscovites sera opposé le danger de la dernière flambée du très contagieux variant Delta, qui menace le redressement de la demande de brut dans plusieurs régions du monde, Russie en tête.

«Ce n’est pas le moment de baisser la garde», a insisté M. Azevedo, soulignant que le Covid-19 «continuait à faire des ravages».

La Russie n’est pas épargnée puisque le pays a enregistré jeudi un nouveau record de décès quotidiens liés au Covid-19.

Le cartel, qui se retrouve désormais presque tous les mois afin d’ajuster sa politique au cordeau, doit aussi faire en fonction d’un de ses membres, l’Iran.

Actuellement hors-jeu du fait de l’embargo qui pèse sur son industrie pétrolière, Téhéran pourrait revenir dans la course à moyen terme si les discussions internationales sur le nucléaire aboutissaient. De quoi rebattre les cartes du fragile équilibre entre l’offre et la demande d’or noir.

A lire aussi...