OCDE: services publics et prestations sociales inadaptés

Communiqué, OCDE

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Une enquête met en évidence un large mécontentement des habitants des pays de l'OCDE.

Une large part des habitants des pays de l'OCDE considère que les services publics et les prestations sociales ne sont ni adaptés ni faciles d’accès. Plus de la moitié déclarent que les prestations qu’ils reçoivent ne sont pas à la hauteur du montant des impôts dont ils s’acquittent, et deux tiers estiment que d’autres perçoivent plus de prestations qu’ils ne le devraient. Près de trois personnes sur quatre souhaitent que les pouvoirs publics fassent plus pour protéger leur sécurité tant sur le plan social qu’économique.

Voilà quelques-uns des constats d’une nouvelle enquête de l'OCDE, intitulée «Des risques qui comptent», dans laquelle plus de 22’000 personnes âgées de 18 à 70 ans vivant dans 21 pays ont été interrogées sur leurs inquiétudes et préoccupations et ont pu donner leur avis sur la manière dont l’État les aide à faire face aux risques sociaux et économiques.

Tomber malade et ne pas réussir à joindre les deux bouts
sont les préoccupations à court terme les plus citées.

Cette enquête représentative au niveau national montre que tomber malade et ne pas réussir à joindre les deux bouts sont les préoccupations à court terme les plus citées par les personnes interrogées. Pouvoir joindre les deux bouts est une inquiétude largement partagée par ceux qui ont les revenus les plus modestes et dans les pays les plus touchés par la crise financière. Les personnes les plus âgées expriment des inquiétudes sur leur santé, alors que les plus jeunes sont plutôt préoccupées par les questions de logement. A plus long terme, pouvoir s’en sortir lorsque l’on vieillit est le sujet d’inquiétude le plus cité.

L'enquête met en évidence un réel mécontentement à l’égard de la politique sociale actuelle. Une minorité seulement des personnes interrogées se déclarent satisfaites de l’accès aux services de santé, de logement ou de prise en charge de la dépendance par exemple. La plupart des répondants estiment que l’État ne serait pas en mesure de leur assurer un filet de protection adapté s'ils venaient à être privés de leurs revenus à la suite de la perte de leur emploi, d’une maladie ou de la vieillesse. Plus de la moitié des personnes interrogées considèrent qu’elles ne pourraient pas accéder facilement aux prestations sociales publiques si elles en avaient besoin.

«Trop de personnes estiment ne pas pouvoir
compter sur l’État en cas de coup dur.»

«Il s’agit d’un rappel à la réalité pour les responsables de l’action publique», déclare le Secrétaire général de l'OCDE, Angel Gurría. «Les pays de l’OCDE ont certains des systèmes de protection sociale les plus avancés et généreux au monde. Ils consacrent en moyenne plus d’un cinquième de leur PIB aux dépenses sociales. Trop de personnes estiment ne pas pouvoir compter sur l’État en cas de coup dur. Il est indispensable, pour renforcer l’efficacité et l’efficience de la protection sociale, de mieux comprendre les raisons de cette défiance mais aussi des difficultés que les personnes déclarent rencontrer. Il faut rétablir la confiance à l’égard de l’État et promouvoir l’égalité des chances».

Dans tous les pays où le sondage a été conduit, à l’exception du Canada, du Danemark, de la Norvège et des Pays-Bas, la plupart des personnes interrogées estiment que leur point de vue n’est pas pris en compte dans l’élaboration de la politique sociale. Dans plusieurs pays, notamment en Grèce, en Israël, en Lituanie, au Portugal et en Slovénie, cette proportion peut aller au-delà des deux tiers des sondés. Plus le niveau d’études et de revenu est élevé, plus le sentiment d’exclusion du débat sur l’action publique augmente; de la même manière, l’impression d’injustice est exacerbée parmi les ménages au revenu élevé.

L’opinion publique exprimée en matière d’équité est préoccupante: ainsi, plus de la moitié des personnes interrogées indiquent ne pas percevoir leur juste part des prestations sociales au regard du montant de leurs impôts, et cette proportion s’élève même à trois quarts des personnes interrogées ou plus au Chili, en Grèce, en Israël et au Mexique. Dans le même temps, les personnes attendent plus d’aides de leur gouvernement. Dans presque tous les pays, pour plus de la moitié des répondants, les gouvernements devraient faire plus pour leur sécurité économique et sociale. Cela est particulièrement marqué chez les personnes les plus âgées et celles qui ont les revenus les plus modestes.

Les Irlandais sont les plus nombreux à se déclarer prêts à payer plus
d’impôts en contrepartie de meilleurs soins de santé.

Dans tous les pays, les personnes interrogées s’inquiètent de leur sécurité financière une fois qu'elles seront devenues âgées, et la plupart sont prêtes à cotiser davantage pour soutenir les régimes publics de retraite. Près de 40% des personnes interrogées en moyenne indiquent être prêtes à consacrer 2% supplémentaires de leur revenu aux impôts afin d’améliorer les services de santé et les retraites. Ce sont les Irlandais qui sont les plus nombreux à se déclarer prêts à payer plus d’impôts en contrepartie de meilleurs soins de santé (51%), suivis par les Portugais (49%), les Grecs et les Chiliens (48%). Les répondants résidant en Israël (49%), au Chili (51 %) et en Lituanie (53%) sont les plus susceptibles de se déclarer prêts à voir leurs impôts augmenter de 2% en échange de meilleures retraites.

Dans tous les pays participant à l’enquête, plus de la moitié des répondants déclarent que l’État devrait augmenter le taux d’imposition des hauts revenus, afin de venir en aide aux plus pauvres. En Allemagne, en Grèce, au Portugal et en Slovénie, ils sont 75% ou plus à le penser.

L’enquête comporte également des questions sur l’éducation, le logement, la sécurité de l’emploi et la prise en charge de la dépendance.

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