OCDE: emplois peu productifs et salaires relativement bas

Communiqué, OCDE

2 minutes de lecture

La majorité des nouveaux emplois sont créés dans des secteurs peu productifs. C’est notamment le cas en Espagne, aux États-Unis, et en Grande-Bretagne.

La croissance atone de la productivité du travail continue de porter préjudice aux économies avancées dans le monde entier et pourrait compromettre l’amélioration du niveau de vie, selon un nouveau rapport de l'OCDE.

Dans la dernière édition de son rapport «Compendium of Productivity Indicators», l'OCDE indique que c’est dans le secteur des services et les petites et moyennes entreprises que la situation est la plus préoccupante. Mais le ralentissement de la croissance de la productivité du travail (mesurée à partir du PIB par heure travaillée) touche aussi le secteur manufacturier – tant au niveau des activités de haute technologie comme l’informatique et l’électronique que de celles qui nécessitent un niveau de qualification moindre.

Dans de nombreux pays, la reprise économique s’appuie en grande partie sur une hausse de l’emploi, mais la majorité des nouveaux emplois sont créés dans des secteurs peu productifs. C’est particulièrement vrai en Espagne, aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en Italie et au Mexique. L’augmentation du nombre d’emplois peu productifs se traduit aussi par des salaires relativement bas, qui à leur tour pèsent sur les salaires moyens à l’échelle de l’économie dans son ensemble.

Le rapport montre que les salaires réels (corrigés de l’inflation) ont reculé entre 2010 et 2016 en Espagne, en Grande-Bretagne et au Portugal. Dans certains pays, comme l’Allemagne et les États-Unis, les salaires réels ont amorcé un redressement ces dernières années, parallèlement à la croissance de la productivité du travail, qui reste faible néanmoins. Pour autant, dans un tiers des secteurs industriels en Allemagne et aux États-Unis, la progression des salaires était inférieure à la croissance de la productivité du travail. En France, ce décalage concerne la quasi-totalité des secteurs d’activité.

La dissociation à long terme observée dans de nombreux pays entre croissance des salaires et gains de productivité pourrait aussi influer sur les inégalités de revenu et de patrimoine, selon l'OCDE. Le fléchissement de la croissance de la productivité limite en effet les possibilités d’amélioration du bien-être matériel.

Depuis plusieurs années, la part des revenus tirés de l’activité économique allant à la main-d’œuvre sous forme de salaires recule dans la plupart des pays, de manière plus particulièrement marquée en Irlande, en Pologne, au Portugal, en Hongrie, en Israël et au Mexique.

Le rapport montre qu’en 2016, dernière année pour laquelle on dispose de données internationales comparables, l’investissement commençait à se redresser. Pour autant, les dépenses en capital, principalement celles allouées aux équipements et aux autres biens corporels, restaient inférieures au niveau d’avant la crise dans de nombreux pays de l'OCDE.

L’investissement dans les biens de propriété intellectuelle, comme les brevets, avait déjà commencé à augmenter avant la crise, souvent à un rythme plus rapide que les dépenses en biens d’équipement. En 2016, la part de l’investissement total allouée à la propriété intellectuelle était comprise entre 1,1% en Colombie et 30% en Suisse, voire 56% en Irlande.

Selon les auteurs du rapport, les investissements relativement conséquents consentis en matière de propriété intellectuelle, qui demandent souvent du temps avant d’être rentables pour les entreprises, pourraient constituer un moteur de croissance économique à l’avenir.

L'OCDE considère que la productivité tient, en définitive, davantage à la qualité du travail – mesurée par la productivité multifactorielle – qu’à sa quantité. Elle illustre l’aptitude de l’entreprise à produire davantage en optimisant l’utilisation de ses ressources au moyen de nouvelles idées, d’innovations technologiques, d’innovations de procédés et de changements organisationnels.

Le rapport, disponible en ligne, propose des données comparatives concernant toutes les dimensions de la productivité, y compris les tendances à long terme, pour chaque pays de l'OCDE jusqu’en 2016.

A lire aussi...