Nestlé voit sa croissance s’accélérer mais ses marges s’éroder

AWP

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La marge opérationnelle courante récurrente a atteint 17,4%, inchangée par rapport à celle de l’année précédente, alors que le bénéfice par action a progressé de 3,2% à 2,12 francs.

Nestlé a bouclé le premier semestre sur une croissance organique supérieure aux attentes et a relevé ses ambitions en la matière pour l’ensemble de l’année. La rentabilité opérationnelle en revanche a stagné, et la multinationale veveysane ne sera vraisemblablement pas en mesure d’atteindre l’objectif qu’elle s’était fixé.

Les ventes se sont étoffées de 1,5% à 41,76 milliards de francs. En termes organiques, c’est-à-dire ajustée des effets de change et d’acquisition, elle a été de 8,1%. La croissance interne réelle (RIG) s’est inscrite à 6,8%, alors que l’effet prix a eu une incidence positive de 1,3%, précise le groupe jeudi dans un communiqué.

La marche des affaires a été soutenue par la poursuite de la dynamique des ventes dans le commerce de détail, un retour à la croissance dans les canaux hors domicile, un effet prix accru et des gains de parts de marché. Le café a été le principal contributeur à la croissance organique, alimentée par la forte demande pour les trois principales marques du groupe que sont Nespresso, Nescafé et Starbucks.

Le résultat avant intérêts et impôts (Ebit) courant s’est enrobé de 1,3% en rythme annuel, à 7,25 milliards de francs, pour une marge afférente de 17,4%, inchangée par rapport à celle de l’année précédente. Le bénéfice semestriel est ressorti à 5,95 milliards, soit 1,1% de mieux qu’au premier semestre (+3,2% à 2,12 francs rapporté par action).

La copie rendue par le colosse agro-alimentaire s’inscrit dans le cadre des projections des analystes consultés par AWP.

Objectif de ventes relevé, de marge raboté

Forte de ces résultats, la direction de Nestlé vise désormais pour l’ensemble de l’exercice une croissance annuelle des ventes comprise entre 5 et 6%, contre 3,5% précédemment. Le bénéfice récurrent par action à taux de change constants et la rentabilité du capital sont également prévus à la hausse cette année. Par contre, la marge opérationnelle courante de 17,5% visée s’inscrit en deçà de celle de 17,7% dégagée en 2020.

Nestlé peut se targuer d’être une des rares entreprises de la branche à être parvenue à maintenir ses marges au premier semestre, malgré la hausse des coûts, a claironné en téléconférence son patron Mark Schneider, rappelant qu’en raison des contrats passés avec les détaillants, ces augmentations mettent toujours plus de temps pour être répercutées sur les consommateurs.

Hausses de prix «responsables»

Après des années quasiment sans inflation, la pandémie s’est traduite par un renchérissement général du transport, de la logistique et des matières premières. Pour 2021, le patron de Nestlé table sur une inflation des coûts d’environ 4%. Pour la compenser, il estime que des hausses de prix de l’ordre de 2% seront nécessaires.

Le timonier du paquebot veveysan se veut toutefois prudent en ce qui concerne les régions Asie, Océanie et Afrique subsaharienne (AOA). «Cette zone comprend de nombreux pays en voie de développement, et nous devons agir de manière responsable en termes de hausses de prix», a-t-il expliqué, soulignant la nécessité de maintenir les produits à un prix abordable.

Les résultats publiés par Nestlé ont été dans l’ensemble salués par la communauté financière, à l’image de Vontobel, pour qui Nestlé continue d’être la valeur de référence dans le secteur alimentaire. Le relèvement de l’objectif annuel de ventes n’est pas une surprise, nombre de concurrents ayant déjà annoncé des hausses de coûts significatives.

Le fait que la direction ait été contrainte de revoir à la baisse ses ambitions en matière de rentabilité vient entacher l’ardoise quasiment immaculée de Mark Schneider, estime pour sa part Baader Helvea. L’incidence du coût des intrants laisse penser que le géant veveysan semble être mieux positionné que par le passé, sans toutefois pouvoir se soustraire aux réalités auxquelles le secteur est actuellement confronté.

Les investisseurs se montraient quant à eux plus réticents. Après avoir frisé la correctionnelle (-2,7%) frôlant la barre des 110 francs dans les premiers échanges, la nominative Nestlé a repris des couleurs au cours de la matinée, revenant presque à l’équilibre. Vers 11h30, elle cédait 0,2% à 113,86 francs, pesant sur un SMI en hausse ténue de 0,08%.

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