Négociations post-Brexit: l’UE prête à accélérer

AWP

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Les responsables européens soulignent que «de graves divergences» persistent sur plusieurs «sujets d’importance majeure».

Les Européens ont appelé vendredi à «intensifier» les discussions avec le Royaume-Uni pour conclure un accord commercial post-Brexit, mais souligné que «de graves divergences» persistaient sur plusieurs «sujets d’importance majeure», faisant craindre un échec en fin d’année.

«Nous manquons de temps», s’est alarmé vendredi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. «Nous devrions intensifier les négociations. Cela vaut la peine d’y travailler dur.»

La dirigeante allemande doit s’entretenir samedi après-midi par visioconférence avec le Premier ministre britannique Boris Johnson pour faire un «bilan des négociations» et discuter «des prochaines étapes».

«On a besoin d’entendre au plus haut niveau que Johnson veut un ‘deal’», a précisé une source européenne.

Cet échange a lieu à l’issue d’une semaine de discussions commerciales à Bruxelles, menées par le négociateur européen Michel Barnier et son homologue britannique David Frost, pendant laquelle le Français a constaté «la persistance de graves divergences sur des sujets d’importance majeure pour l’Union européenne».

«Pour aboutir à un accord, ces divergences devront être impérativement surmontées dans les prochaines semaines», a-t-il averti. M. Frost s’est lui dit «inquiet» du manque de temps pour arriver à un accord.

«Les prochains jours» seront décisifs, a pour sa part estimé la chancelière allemande Angela Merkel, qui rencontrera M. Barnier lundi à Berlin. «Tant que les négociations se poursuivent, je suis optimiste», a-t-elle dit.

Le Royaume-Uni a quitté l’UE le 31 janvier, mais il continue d’appliquer les règles européennes jusqu’au 31 décembre, une période de transition pendant laquelle Londres et Bruxelles espèrent s’entendre sur un accord commercial régissant leur future relation.

Faute d’accord, une rupture brutale dans les échanges viendrait ébranler un peu plus des économies déjà fragilisées par la pandémie de nouveau coronavirus.

Les discussions se tiennent dans un calendrier particulièrement serré: Boris Johnson a fixé la date du 15 octobre, jour d’un sommet européen à Bruxelles, pour un accord. Les Européens se sont eux donné jusqu’à fin octobre.

«Il faut se calmer!»

«On est en retard, pas dans la dernière ligne droite où on devrait être pour être dans les temps», estime la source européenne.

Selon M. Barnier, les pourparlers butent toujours sur plusieurs sujets sensibles, comme la manière dont seront réglés les différends dans le futur accord, ou encore les garanties exigées par l’UE, en particulier en matière d’aides d’Etat, pour éviter de voir surgir de l’autre côté de la Manche une économie dérégulée qui la concurrencerait de manière déloyale.

Un accord doit également être trouvé sur la pêche, un sujet particulièrement explosif pour une poignée d’Etats membres (France, Espagne, Danemark, Belgique ou Pays-Bas), qui espèrent un statu quo dans l’accès de leurs pêcheurs aux eaux britanniques, très poissonneuses.

«La question de la pêche est très difficile», a concédé Mme von der Leyen, rejetant un accord «à n’importe quel prix».

Côté britannique, les négociateurs espèrent parvenir rapidement au fameux «tunnel» de négociations, ce moment où un accord semble suffisamment proche pour se lancer dans des pourparlers à huis clos en continu.

Mais «il n’y a aucun signe que nous en sommes là!», a tempéré une deuxième source européenne. «Il faut se calmer un peu avec le tunnel!»

Alors que les pourparlers sont à la peine, Bruxelles a lancé jeudi une procédure d’infraction contre le Royaume-Uni, en raison de son projet de loi qui remet en question certains des engagements pris dans le traité encadrant son départ.

Le texte, approuvé par les députés britanniques et qui doit être examiné par les Lords, revient sur des dispositions pour la province britannique d’Irlande du Nord, prévues afin d’éviter le retour d’une frontière avec la République d’Irlande, un garde-fou jugé essentiel au maintien de la paix sur l’île.

La procédure de l’UE peut finir devant la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), susceptible d’infliger amendes et astreintes.

Pour Johnson, la balle est dans le camp des Européens
Le premier ministre britannique Boris Johnson a jugé vendredi qu’il appartenait aux Européens de «faire preuve de bon sens» pour arriver à un accord commercial post-Brexit avec le Royaume-Uni, afin d’éviter un «no deal» au 1er janvier.
Dans un entretien à la BBC, le dirigeant conservateur a estimé qu’il restait «toutes les chances d’arriver à un accord» malgré des divergences persistantes. «Il appartient à nos amis et partenaires de faire preuve de bon sens», a-t-il poursuivi.
«J’espère que nous arriverons à un accord, cela dépend de nos amis», a-t-il ajouté. «Ils ont conclu avec le Canada un accord du genre que nous souhaitons, pourquoi ne feraient-ils pas avec nous? Nous sommes si proches, nous avons été membres (de l’UE) pendant 45 ans. C’est à notre portée, cela dépend d’eux».
Le Royaume-Uni a quitté l’UE le 31 janvier, mais il continue d’appliquer les règles européennes jusqu’au 31 décembre.
Faute d’accord à cette date, une rupture brutale dans les échanges viendrait ébranler un peu plus des économies déjà fragilisées par la pandémie de nouveau coronavirus.
Les discussions se tiennent dans un calendrier particulièrement serré: Boris Johnson a fixé la date du 15 octobre, jour d’un sommet européen à Bruxelles, pour un accord. Les Européens se sont eux donné jusqu’à fin octobre.
A l’issue d’une neuvième session de pourparlers cette semaine, le négociateur britannique David Frost a averti vendredi que des concessions de Bruxelles seraient indispensables pour arriver à un compromis, notamment sur la pêche et les conditions de concurrence équitable.

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