Matières premières: secousses pour l’or et le cacao, le nickel va de l’avant

AWP

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«La Fed va rentrer dans sa période de silence avant sa réunion du 28 juillet, donc le cours de l’or risque de tanguer un peu», a prévenu Edward Moya, de Oanda.

L’once d’or a grimpé jeudi à son plus haut en un mois, à 1’834,12 dollars, profitant de la combinaison d’une inflation américaine en hausse et d’une banque centrale américaine (Fed) qui ne s’en inquiète que modérément.

Les investisseurs considèrent en effet l’or comme une valeur refuge contre l’inflation, à privilégier surtout quand la Fed garde une politique monétaire souple, qui rend le dollar et les obligations d’Etat moins attractives.

Jerome Powell, le président de la Fed, a maintenu que l’institution estimait que l’inflation ne resterait pas à des niveaux élevés longtemps, lors de son audition au Congrès américain mercredi et jeudi.

En revanche, deux autres responsables de la Fed se sont montrés plus inquiets de l’inflation, «ce qui a mis l’or sous pression» et explique que les prix aient renoué avec leur niveau du début de la semaine, estime Carsten Fritsch, analyste chez Commerzbank.

«La Fed va rentrer dans sa période de silence avant sa réunion du 28 juillet, donc le cours de l’or risque de tanguer un peu», a prévenu Edward Moya, de Oanda.

Vers 15H50 GMT (17H50 à Paris), l’once d’or coûtait 1’810,55 dollars, contre 1’808,32 dollars en fin de séance sept jours plus tôt.

Le platine baissait encore plus vendredi. Ce métal précieux est notamment utilisé par l’industrie automobile pour concevoir des catalyseurs de carburateurs.

«La production automobile est limitée par les pénuries de puces électroniques», explique M. Fritsch.

L’once de platine s’échangeait pour 1’107,38 dollars, contre 1’104,67 dollars en fin de semaine précédente.

A plus long terme, les perspectives de croissance des véhicules électriques tendent à soutenir d’autres métaux industriels, comme le nickel, utilisé dans certaines technologies de batterie.

Un marché du nickel électrique

Le prix du nickel s’est apprécié cette semaine sur le London Metal Exchange, retrouvant des prix datant de fin février, porté par les perspectives radieuses du véhicule électrique notamment sur le continent européen.

«Les projets de la Commission européenne sont susceptibles d’avoir suscité de nouveaux fantasmes sur le prix du nickel», estime Eugen Weinberg, de Commerzbank.

Bruxelles a proposé mercredi de réduire à zéro les émissions de CO2 des voitures neuves dans l’Union européenne à partir de 2035, ce qui entraînerait de facto l’arrêt des ventes de véhicules essence et diesel à cette date au profit des motorisations 100% électriques.

«La forte demande physique et spéculative associée aux restrictions de l’offre causées par les perturbations du fret» poussent également les prix, ajoute M. Weinberg.

Le cours du «métal du diable» a été presque multiplié par deux entre son plus bas de mars 2020, quand la pandémie de Covid-19 précipitait vers le bas l’ensemble des cours des matières premières, et son dernier record fin février, à plus de 20.000 dollars la tonne, un seuil plus vu depuis mai 2014.

Sur le LME, la tonne de nickel pour livraison dans trois mois s’échangeait à 19.050,00 dollars vendredi à 15H50 GMT (17H50 à Paris), contre 18.747,00 dollars le vendredi précédent à la clôture.

L’étain a quant à lui battu son record historique, montant jusqu’à 33.840,00 dollars vendredi, avant de refluer quelque peu, porté par les menaces qui pèsent sur l’approvisionnement, notamment de Birmanie, la vigueur de la demande et l’étroitesse de son marché.

Le cacao amer

Les cours du cacao n’ont pas réussi à décoller depuis vendredi dernier, lestés par l’écart entre une offre abondante et une demande qui repart en pointillés.

Les cours du cacao «n’ont pas réussi à maintenir en fin de semaine l’élan des jours précédents en raison de la pression exercée par l’offre importante en provenance notamment d’Afrique de l’Ouest», a expliqué Michaela Helbing-Kuhl, de Commerzbank.

La région est déterminante pour l’approvisionnement mondiale de fèves puisque la Côte d’Ivoire et le Ghana représentent à eux deux plus de 60% de la production du globe.

«Les ports d’Afrique de l’Ouest sont actuellement remplis de cacao», abonde Jack Scoville, de Price Group, mais «la demande reste faible».

Le groupe suisse Barry Callebaut a par ailleurs indiqué jeudi à l’occasion des résultats du troisième trimestre de son exercice décalé que «les conditions de marché demeurent volatiles».

«L’offre et la demande de cacao au niveau mondial sont déséquilibrées en raison de la pandémie de Covid-19 et, en particulier, des défis logistiques auxquels fait face la chaîne d’approvisionnement», est-il expliqué dans un communiqué du numéro un mondial du cacao.

A Londres, la tonne de cacao pour livraison en décembre valait 1.645 livres sterling vers 15H50 GMT (17H50 à Paris), contre 1.655 livres sterling vendredi dernier en fin de séance.

A New York, la tonne pour livraison en septembre valait au même moment 2.322 dollars, contre 2.318 dollars vendredi dernier.

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