Mariano Rajoy fait adopter un budget crucial malgré la crise catalane

AWP

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Le projet de loi va désormais être examiné par le Sénat mais sans risque pour Mariano Rajoy dont le Parti Populaire (PP) dispose d’une majorité absolue à la chambre haute.

Le gouvernement espagnol de Mariano Rajoy est parvenu à faire adopter mercredi par les députés un budget crucial pour sa survie après la volte-face des nationalistes basques qui avaient menacé de ne pas le voter en raison de la tutelle imposée à la Catalogne.

Après trois jours de débats, les députés ont adopté le texte vers 18h00 GMT. Le projet de loi va désormais être examiné par le Sénat mais sans risque pour Rajoy dont le Parti Populaire (PP) dispose d’une majorité absolue à la chambre haute. Signe de leur soulagement, les membres de l’exécutif ont applaudi ce vote.

L’approbation du budget a été rendue possible par le revirement du PNV (Parti Nationaliste Basque) qui a finalement décidé mercredi après-midi «par sens des responsabilités, de voter oui» après avoir maintenu le suspense pendant des semaines.

Les voix de ses cinq députés étaient indispensables à Mariano Rajoy pour faire approuver ce texte alors qu’il est privé de majorité absolue depuis les élections de 2016 et doit donc se livrer à un délicat exercice d’équilibriste pour faire passer ses mesures.

Outre le PNV, il a reçu l’appui sur le budget de plusieurs autres formations régionales (Navarre, Asturies, Canaries) et des libéraux de Cuidadanos.

Mais la crise catalane a bien failli briser ce subtil équilibre, les nationalistes basques réclamant en échange de leur vote la «désactivation» de l’article 155 de la Constitution qui a permis d’imposer la tutelle de Madrid sur la Catalogne le 27 octobre dernier après sa déclaration d’indépendance.

«Nous avons maintenu cette position jusqu’à aujourd’hui (car) la situation a changé ces derniers jours», s’est expliqué le PNV avant le vote. La Catalogne «a aujourd’hui un président légitime, élu par la majorité absolue du Parlement, et la désactivation de l’article 155 est très proche dans le temps», veut-il croire.

La situation est toutefois toujours aussi bloquée en Catalogne, où la nomination d’un nouvel exécutif par le nouveau président de cette région, Quim Torra, est la condition indispensable à la levée de la tutelle.

Or Madrid refuse de donner son feu vert à l’entrée en fonction de ce gouvernement régional, en publiant sa composition dans le journal officiel, en raison de la présence en son sein de ministres incarcérés ou exilés.

Résultat, Quim Torra a été contraint de reporter la prise de fonctions de son gouvernement initialement prévue pour mercredi et a annoncé étudier les «mesures légales» pour contester ce blocage devant la justice.

540 millions pour le Pays basque

S’il a laissé planer le suspense, le PNV avait tout intérêt à approuver le budget, vu les largesses financières qu’il a su obtenir du PP.

Après avoir négocié l’an dernier le vote du budget contre environ quatre milliards d’investissements, dans le secteur ferroviaire notamment, et d’avantages fiscaux, les nationalistes basques sont parvenus cette année à obtenir 540 millions d’investissements et à arracher une indexation des retraites sur l’inflation.

Un sujet très porteur électoralement pour le PNV, qui dirige le Pays basque depuis 40 ans quasiment sans interruption (sauf de 2009 à 2012), dans le contexte de manifestations de retraités particulièrement importantes ces derniers mois dans cette région.

Survie garantie pour Rajoy

Sur le plan politique, l’adoption de ce budget permet, selon les analystes, la survie de Mariano Rajoy et de son gouvernement jusqu’à la fin de la législature. Car il aura toujours la possibilité de le proroger en 2019 et ainsi de voir venir jusqu’aux prochaines élections prévues en 2020.

Si M. Rajoy a dû «garder un profil bas pour ne pas mettre en danger le vote du budget par le PNV (...) une fois le budget approuvé, cette pression disparaîtra car, lui, aura la garantie de terminer la législature», estime Anton Losada, professeur en sciences politiques à l’université de Saint-Jacques-de-Compostelle.

Ce qui pourra aussi avoir, d’après lui, une autre conséquence en Catalogne cette fois. «Nous entrerons alors dans un autre scénario en Catalogne où clairement le gouvernement pourra être plus inflexible qu’il ne l’est actuellement», prédit l’analyste.