Les conflits commerciaux inquiètent les assureurs crédit

AWP

2 minutes de lecture

«Si l’économie ralentit, il est probable que davantage de sociétés fassent faillite», selon Vinco David, secrétaire général à l’Union de Berne.

La guerre commerciale et la hausse du dollar sont des risques importants pour les assureurs crédit regroupés dans l’Union de Berne, réunis cette semaine à Paris pour leur assemblée générale annuelle.

«L’aggravation des conflits commerciaux, à la fois au plan rhétorique et en actions concrètes depuis le début de l’année, est très inquiétante pour le commerce international», souligne Vinco David, secrétaire général de cette organisation qui regroupe 83 assureurs crédit et investissement venant de 73 pays.

Ils regardent notamment de près les tarifs douaniers imposés par les Etats-Unis aux produits chinois et les contre-mesures prises par Pékin pour taxer des produits américains.

Par ailleurs, «si l’économie ralentit, il est probable que davantage de sociétés fassent faillite, ce qui signifie plus de demandes de remboursement, et plus de pertes pour les assureurs», a expliqué à l’AFP M. David.

Ces demandes sont aujourd’hui à un niveau équivalent à celui de la crise financière il y a dix ans, mais elles doivent être rapportées à un volume d’affaires qui a augmenté. De plus, le recouvrement, processus par lequel les assureurs parviennent à faire payer leurs dettes aux débiteurs, est aujourd’hui à un niveau élevé.

«Le +business model+ est encore sain et les membres de l’Union de Berne sont dans l’ensemble rentables ou n’ont pas besoin d’aides», constate le président sortant de l’organisation, le Finlandais Topi Vesteri.

Mais les nuages s’amoncellent à l’horizon.

«Les crises de la monnaie et de la dette au Venezuela et en Turquie ont contribué à un niveau élevé de défauts, menaçant de faire dépasser la barre des 6 milliards de dollars aux paiements aux assurés pour la quatrième année de suite», selon un communiqué de l’Union de Berne.

Ces deux pays sont en tête pour les demandes de remboursements auxquels sont confrontés les assureurs.

vulnérabilité des émergents

Au premier semestre 2018, les paiements effectués aux assurés se sont au total élevés à 2,65 milliards de dollars.

Les pays les plus vulnérables sont les émergents dont les emprunts ont été contractés en dollars, mais qui ont vu plonger leurs devises face au billet vert et en conséquemment exposer leur dette calculée en monnaie nationale.

Leurs balances commerciales devraient continuer à se détériorer, avec un possible effet négatif sur leur marge de manoeuvre budgétaire, relève M. David.

Toujours dans les pays émergents, «les sociétés qui sont endettées en dollars ont beaucoup plus de peine à rembourser avec un taux de change plus élevé (du dollar) et que dans le même temps, les taux d’intérêt augmentent», explique M. Vesteri.

Globalement, l’endettement en dollars a beaucoup progressé au cours des dix dernières années alors que celui en euros ou en yens a stagné, souligne Baptiste Thornary, économiste de Bpifrance, ajoutant que cela accroît la vulnérabilité de l’économie mondiale au resserrement en cours de la politique monétaire américaine.

L’Union de Berne relève aussi «une forte augmentation des demandes de remboursement au Royaume-Uni».

«Nous avons déjà remarqué les premiers effets du Brexit au Royaume-Uni, pas encore en Europe continentale mais cela viendra», selon M. David, qui pointe du doigt une série de faillites notamment dans la grande distribution.

«La livre sterling s’est dépréciée et beaucoup de sociétés qui dépendent de leurs importations d’Europe et des Etats-Unis ne peuvent pas répercuter leurs coûts supplémentaires sur les clients sans perdre de parts de marché», explique-t-il.

Les membres de l’Union de Berne assurent ensemble environ 13% du commerce transfrontalier à l’échelle mondiale. Au premier semestre 2018, l’Europe occidentale a pesé 28% du nouveau volume d’affaires des assureurs crédit, représentant leur premier marché, mais la croissance a été forte surtout en Amérique du Nord et en Asie orientale.