Le yen au plus bas depuis sept mois face au dollar, l’inflation sape la devise

AWP

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La monnaie nippone est tombée à 144,17 yens pour un dollar. Elle s’est aussi repliée à son plus bas niveau depuis plus de 14 ans face à l’euro, à 157,94 yens.

Le yen a enregistré mardi un plus bas de sept mois face au dollar, prisonnier d’une banque centrale toujours très accommodante sur le plan monétaire et d’une inflation qui continue à déraper.

La devise nippone est tombée à 144,17 yens pour un dollar, pour la première fois depuis début novembre. Elle s’est aussi repliée à son plus bas niveau depuis plus de 14 ans face à l’euro, à 157,94 yens.

La goutte d’eau qui aura fait déborder le vase est «un regain d’appétit pour le risque», selon Joe Manimbo, de Convera.

Mais les causes de cette glissade sont plus profondes. La monnaie souffre de la nouvelle salve, ces deux dernières semaines, de déclarations offensives de banquiers centraux occidentaux qui annoncent plusieurs hausses de taux supplémentaires d’ici la fin de l’année.

Ces discours contrastent avec celui du gouverneur de la Banque du Japon (BoJ), Kazuo Ueda, qui a estimé, mi-juin, prématuré de revenir sur la politique monétaire de la BoJ, dont le principal taux directeur reste bloqué à -0,1% depuis plus de sept ans.

Dans le même temps, «le Japon a un problème délicat, avec l’inflation qui continue à grimper», a souligné Christopher Vecchio, de tastylive.

Hors énergie et produits d’alimentation frais, le rythme d’augmentation des prix a accéléré en mai sur un an au Japon, à 4,3%, au plus haut depuis juin 1981.

Les grands industriels japonais de l’agroalimentaire ont annoncé des relèvements de tarifs sur des milliers de produits, rappellent les économistes de Pantheon Macroeconomics, «ce qui témoigne de la répercussion de la hausse des produits importés et des coûts énergétiques».

La Japon est confronté, de ce fait, à une situation «qui voit les taux réels reculer» (taux corrigés de l’inflation), avec un taux directeur stable et une inflation incontrôlée, relève Christopher Vecchio.

Parallèlement, les taux réels américains s’apprécient, grâce à l’effet conjugué du resserrement monétaire et de la décélération de l’inflation aux Etats-Unis, ce qui pénalise le yen.

Un virage monétaire au Japon profiterait à la devise nippone «mais pèserait sur leur capacité à générer de la croissance», prévient Christopher Vecchio, notamment parce qu’il serait mauvais pour les exportations, rendues moins compétitives.

Pour Kazuo Ueda, la trajectoire des prix à moyen terme reste «extrêmement incertaine», ce qui incite à la prudence sur le plan monétaire, a indiqué le gouvernement après la dernière réunion de la BoJ.

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