Le franc passe momentanément le cap de 1,20 EUR/CHF

AWP

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Vers 7h30, la devise helvétique s’échangeait à 1,2006 franc pour un euro, avant de se raffermir. Explications de Swissquote.

Après une première incursion jeudi après-midi, la monnaie suisse a de nouveau franchi vendredi matin la barre symbolique de 1,20 franc pour un euro, plus de trois ans après l’abandon par la Banque nationale suisse (BNS) du taux plancher.

Vers 07h30, la devise helvétique s’échangeait à 1,2006 franc pour un euro, avant de se raffermir de nouveau quelques minutes plus tard. La paire de devises s’établissait à 1,1963 vers 17h51.

Dans un commentaire, les analystes de Swissquote ont indiqué que la divergence entre les politiques monétaires et l’accélération de la croissance mondiale notamment dans la zone euro pourraient expliquer la dépréciation du franc. «Les investisseurs ne ressentent plus le besoin de s’abriter derrières des valeurs refuges» comme le franc, a estimé l’analyste Arnaud Masset.

«La Banque nationale suisse n’a pas fait mention d’une hausse des taux, ce qui irait à l’encontre de son objectif de maintenir le franc à un niveau acceptable pour l’économie suisse, alors que la BCE et la Fed ont déjà avancé dans ce sens», a-t-il ajouté. Selon l’analyste, la BNS «ne va pas resserrer ses conditions monétaires, tant qu’elle ne s’est pas assurée que cela n’aura pas d’impact négatif sur l’euro-franc».

Le président de la BNS, Thomas Jordan, a justement déclaré sur Bloomberg TV ne «pas être pressé» d’ajuster la politique monétaire après la récente dépréciation du franc par rapport à l’euro. «Il n’y a pas lieu d’entreprendre quoi que ce soit en ce qui concerne la politique monétaire en ce moment», a-t-il affirmé.

Evoquant une situation «toujours délicate», le président de la BNS estime que la dépréciation du franc va «dans la bonne direction» mais souligne que la devise helvétique représente toujours une valeur refuge et qu’à ce titre, elle est susceptible à fluctuer d’un jour à l’autre.

Se disant «convaincu que la politique monétaire actuelle est toujours nécessaire», il a affirmé que tant que l’inflation resterait basse, l’institut d’émission ne changerait pas son fusil d’épaule.

EXPORTATEURS RAVIS

La banque centrale helvétique applique deux mesures pour éviter un renchérissement trop important du franc: des taux d’intérêt négatifs, avec un taux appliqué aux avoirs à -0,75% et une marge de fluctuation du Libor à trois mois de -1,25% à -0,25%, ainsi qu’une intervention sur le marché des changes où la BNS achète principalement des euros pour affaiblir le franc.

Les spécialistes de VP Bank ont également pointé du doigt les politiques monétaires divergentes de la BCE et la BNS comme explication au mouvement baissier du franc. L’établissement estime que la monnaie suisse se situe désormais à proximité de sa juste valeur comparé à l’euro.

Au vu des tensions macroéconomiques, l’euro risque cependant de perdre de sa vigueur ces prochains mois, ce qui devrait de nouveau raffermir le franc.

Pour UBS, le franc a quelque peu perdu son rôle de valeur refuge, la Suisse étant relativement exposée aux risques géopolitiques en tant que petite économie orientée vers l’export. Selon l’économiste en chef Daniel Kalt, une guerre commerciale sur fond de droits de douanes et les sanctions américaines contre la Russie «touchent directement la Suisse».

Dans ce contexte, plusieurs sociétés fortement orientées à l’international devraient profiter du relâchement du franc, notamment Geberit, Swatch, Richemont et Clariant, a estimé Kepler Cheuvreux. Des valeurs financières comme Partners Group, GAM pourraient également tirer leur épingle du jeu.

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