Le capital-confiance des CFO au top depuis près de 10 ans

AWP

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«Le fléchissement du franc et la persistance de la reprise dans la zone euro soutiennent le secteur des exportations en Suisse», explique Thierry Aubertin de Deloitte Suisse.

Les directeurs financiers (CFO) des entreprises suisses n’avaient plus été aussi positifs concernant la conjoncture depuis 2009, selon une enquête. Si les perspectives financières restent majoritairement perçues avec optimisme, la pénurie de main-d’oeuvre qualifiée constitue toutefois un risque croissant.

Près de neuf directeurs financiers interrogés sur dix (88%) ont une vision positive des perspectives pour l’économie suisse au cours des 12 prochains mois. Seulement 3% tablent sur une récession, révèle un sondage publié mardi par le cabinet de conseil Deloitte. Cet optimisme est en hausse continue depuis le choc du franc fort.

Plus de deux tiers des 100 directeurs financiers sondés (68%) se disent optimistes concernant les résultats de leur société, alors que 11% s’attendent à une baisse. Si les perspectives financières des entreprises pour les 12 prochains mois restent légèrement en deçà de la valeur record affichée à l’automne 2017, elles constituent toutefois le deuxième meilleur résultat depuis l’abandon du taux plancher liant franc et euro par la Banque nationale suisse (BNS) le 15 janvier 2015.

«Le fléchissement du franc suisse et la persistance de la reprise économique dans la zone euro soutiennent le secteur des exportations en Suisse», explique Thierry Aubertin, associé responsable du département Audit et Assurance chez Deloitte Suisse. La zone euro «profite à présent largement de l’embellie du contexte et a un effet revigorant sur l’économie suisse», poursuit-il.

Les chiffres d’affaires devraient majoritairement augmenter au cours des 12 prochains mois, plus de trois directeurs financiers sur quatre (77%) tablant sur une croissance des ventes. Seuls 12% craignent un recul. Les marges opérationnelles devraient quant à elles prendre l’ascenseur: 46% des CFO s’attendent à les voir augmenter, contre 41% l’automne dernier.

Combler la lacune en matière d’investissements

Si moins de la moitié des sondés (45%) ressentent une grande incertitude concernant l’environnement économique et financier, les entreprises se montrent néanmoins prudentes, car la propension au risque a légèrement baissé. Au niveau des principaux partenaires commerciaux de la Suisse, la France a remplacé l’Allemagne au titre de pays ayant la plus faible incertitude ressentie.

«En Europe, les incertitudes sont quelque peu reparties à la hausse, en raison du manque de clarté de la situation politique en Italie et de la réouverture des discussions sur le rééchelonnement de la dette en Grèce», observe Alessandro Miolo, responsable du programme CFO chez Deloitte Suisse. Plus loin, l’écrasante majorité des CFO se sont habitués aux incertitudes concernant la collaboration avec la Chine.

Les réglementations et la pénurie de main-d’oeuvre sont aussi considérées comme des risques croissants. Si près de la moitié (48%) des directeurs financiers tablent sur une augmentation des investissements, les prévisions du côté des embauches semblent plus modérées, puisque seuls 40% des CFO s’attendent à une augmentation.

«Les entreprises suisses peuvent désormais rattraper la baisse des investissements liée au franc fort. La priorité est aujourd’hui de combler cette lacune en matière d’investissement», analyse Thierry Aubertin.

Selon 64% des sondés, les investissements dans les technologies numériques doivent encore augmenter. «Pour conserver leur avantage concurrentiel, les entreprises suisses doivent tirer parti de nouvelles opportunités de croissance et exploiter pleinement la marge de manœuvre pour la numérisation», commente Alessandro Miolo, estimant que «la Suisse ne fait pas partie des leaders numériques sur le plan international».

A l’étranger, les résultats de l’enquête auprès des directeurs financiers de 19 autres pays reflètent également une image positive. L’Allemagne, principal partenaire de la Suisse, se montre plutôt confiante. De bon augure pour le secteur des exportations en Suisse, en phase de reprise.

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