La Malaisie enquête sur une offre chinoise de renflouer 1MDB

AWP

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Kuala Lumpur veut examiner si Pékin a tenté d’aider à étouffer des enquêtes en échange de contrats de construction d’infrastructures.

Les autorités malaisiennes ont dit mardi qu’elles allaient enquêter après un article du Wall Street Journal rapportant que la Chine a offert de renflouer le fonds souverain malaisien 1MDB, au centre d’un large scandale, et d’aider à étouffer des enquêtes en échange de contrats de construction d’infrastructures.

Selon le quotidien américain, des responsables chinois ont offert en 2016 de remettre à flots le fonds endetté et d’utiliser leur influence pour obtenir l’abandon d’enquêtes engagées par plusieurs pays sur des détournement de fonds. Le journal se base sur les comptes-rendus de réunions entre des responsables chinois et malaisiens dans son enquête.

Dans la tentaculaire affaire 1MDB, qui a contribué à la chute de la coalition menée par l’ex-Premier ministre Najib Razak qui dirigeait la Malaisie, des responsables malaisiens et d’anciens salariés de Goldman Sachs sont soupçonnés d’avoir détourné plusieurs milliards de dollars du fonds souverain.

Les fonds ont été blanchis dans un vaste réseau mondial de transactions et plusieurs pays comme Singapour, les Etats-Unis et la France ont lancé des enquêtes. Malgré cette proposition chinoise, les enquêtes ont perduré.

Les responsables chinois ont aussi proposé d’espionner les reporters du Wall Street Journal à Hong Kong enquêtant sur le scandale, selon le journal.

En échange, les responsables malaisiens ont promis des participations dans des projets ferroviaires et des oléoducs, assure-t-il.

Quelques mois plus tard le gouvernement de Najib Razak a signé des contrats pour des milliards de dollars avec des sociétés publiques chinoises dans le cadre des «nouvelles routes de la soie», un ensemble de projets d’infrastructures censés relier l’Asie, l’Afrique et l’Europe

Le ministre des Finances malaisien Lim Guan Eng a indiqué aux médias locaux ne pas pouvoir confirmer ces informations de presse mais qu’elles allaient être examinées.

«S’il y a quoi que ce soit qui le dise explicitement en noir et blanc, nous allons engager des poursuites», a-t-il déclaré cité par les médias. Un porte-parole du ministère a confirmé ces propos.

A Pékin, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Lu Kang, a indiqué ne pas être au courant des ces informations. «La Chine et la Malaisie travaillent ensemble sur des projets spécifiques et les deux pays ont des relations très bonnes et amicales», a-t-il précisé.

Le gouvernement chinois n’a pas répondu aux sollicitations, selon le Wall Street Journal. Mais le ministère des Affaires étrangères avait démenti précédemment avoir utilisé des fonds de son programme d’infrastructure pour renflouer le fonds 1MDB.

Depuis la défaite cuisante en mai du gouvernement de l’ancien Premier ministre Najib Razak, depuis inculpé dans ce scandale, les relations entre Kuala Lumpur et Pékin se sont tendues et le nouveau gouvernement de Mahathir Mohamad a annulé des contrats chinois pour un montant de 22 milliards de dollars.

1Malaysia Development Berhad (1MDB) est un fonds d’investissement public que l’ancien Premier ministre Najib Razak a lancé en 2009 peu après avoir accédé au pouvoir. Il était censé permettre la modernisation de ce pays d’Asie du Sud-Est de 32 millions d’habitants.

Mais depuis 2015 les révélations de détournements de fonds se succèdent et les enquêtes se multiplient, y compris en Malaisie où elles ont été relancées depuis la défaite électorale de Najib Razak.

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