La devise suisse proche du seuil symbolique des 1,20 franc

AWP

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A 19h25, la monnaie helvétique s’échangeait à 1,19758 franc pour un euro, après un plus haut journalier à 1,1987 en début d’après-midi.

La devise suisse se rapprochait mercredi extrêmement près de la barre symbolique des 1,20 franc pour un euro, un niveau que la paire de monnaies avait atteint la dernière fois avant l’abandon en janvier 2015 du taux plancher par la Banque nationale suisse (BNS).

A 19h25, la monnaie helvétique s’échangeait à 1,19758 franc pour un euro, après un plus haut journalier à 1,1987 en début d’après-midi. Début janvier, la paire de devises évoluait encore autour de 1,17.

Pour les analystes de Mirabaud Securities, «cette faiblesse qui persiste depuis le premier semestre 2017 se matérialise malgré les fortes tensions commerciales, géopolitiques et politiques».

La banque privée genevoise a avancé plusieurs pistes pour expliquer ce mouvement baissier, avant tout les interventions de la BNS sur le marché des changes où l’institut d’émission achète principalement des euros pour affaiblir le franc. Ces achats, lancés il y a plus de trois ans dans la foulée de l’abandon du taux plancher, ont eu pour conséquence que les investisseurs se sont «’cassés les dents’ en essayant de parier contre la devise helvétique et son appréciation face à l’euro», ont souligné les spécialistes de Mirabaud.

En 2017, la BNS a racheté l’équivalent de 48,2 milliards de francs de devises pour défendre la monnaie nationale, un montant cependant inférieur aux 67 milliards dépensés en 2016.

L’institut d’émission helvétique continue de clamer que le franc «s’est maintenu dans l’ensemble à un niveau élevé». Mi-mars, la BNS avait indiqué qu’elle allait continuer à intervenir «au besoin» sur le marché des changes, «en tenant compte de la situation pour l’ensemble des monnaies».

Mirabaud a également estimé que le yen avait pris la place de valeur refuge, rôle traditionnellement réservé au franc. La faiblesse relative de l’économie suisse, comparé à la période d’avant l’abandon du taux plancher, et les sorties de capitaux russes suite aux sanctions américaines ont également pesé.

NIVEAU «DIFFICILE À CASSER»

Pour les analystes de Swissquote, «l’annonce de sanctions états-uniennes contre la Russie a souvent été citée comme une cause de la baisse du franc suisse face à l’ensemble des monnaies du G10. Bien qu’elles puissent expliquer une partie de ce mouvement, cet argument ne saurait expliquer le fond initié il y a plus d’un mois».

L’analyste Arnaud Masset exclut également toute intervention de la BNS sur le marché des changes. «Les dépôts à vue des banques auprès de la banque centrale sont restés stables depuis l’été 2017 - aux alentours de 575 milliards - ce qui indique clairement que l’institution monétaire est restée sur la touche».

Le spécialiste a avancé comme explication «un renforcement généralisé de l’euro». Au niveau des politiques monétaires, la BNS «n’a pas encore mentionné une quelconque hausse des taux (...) alors que la BCE et la Fed sont déjà bien plus avancées dans ce processus».

Si la paire de devises parvenait à passer le cap des 1,20 franc pour un euro, la monnaie suisse pourrait se relâcher davantage jusqu’à 1,23 voire 1,25 selon Mirabaud Securities.

Swissquote a pour sa part estimé que le franc devrait passer la barre des 1,20 franc pour un euro durant l’été. «Ce niveau reste cependant une résistance importante et ne sera pas facile à casser, cela risque donc de prendre du temps avant de voir l’EUR/CHF décoller en direction des 1,30», a ajouté le courtier en ligne.