La croissance mondiale plus faible qu’attendu, selon le FMI

AWP

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«Nous sommes confrontés à une reprise mondiale qui reste entravée par la pandémie et son impact», déclare la directrice du Fonds Kristalina Georgieva.

La croissance économique mondiale sera «légèrement» plus faible qu’attendu cette année, a prévenu mardi la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, inquiète du fossé grandissant entre les pays riches qui profitent globalement de la reprise et les pays pauvres affectés par le manque de vaccins et les poussées inflationnistes.

«Nous sommes confrontés à une reprise mondiale qui reste entravée par la pandémie et son impact», résume Mme Georgieva dans un discours qu’elle doit prononcer à l’Université de Bocconi à Milan (Italie) avant les réunions d’automne du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale.

«Nous sommes incapables d’avancer correctement, c’est comme si nous marchions avec des pierres dans nos chaussures!», explique-t-elle dans une métaphore.

En juillet, le Fonds avait révisé en hausse sa prévision de croissance mondiale à +6% cette année. Mais c’était avant que le variant Delta ne fasse de nouveaux ravages dans le monde.

L’institution de Washington publiera dans une semaine ses prévisions économiques mondiales actualisées en ouverture des réunions annuelles.

Mais traditionnellement, le patron ou la patronne du Fonds prononce un discours en forme de «lever de rideau» qui trace à gros traits le paysage de l’économie mondiale.

Les Etats-Unis et la Chine, les deux premières puissances économiques, restent «les moteurs essentiels de la croissance même si leur élan ralentit», constate Mme Georgieva.

Quelques économies avancées et émergentes poursuivent leur croissance «dont l’Italie et plus largement l’Europe».

En revanche, «dans de nombreux autres pays, la croissance continue de se dégrader, entravée par le faible accès aux vaccins et une réponse politique limitée, en particulier dans certains pays à bas revenus», constate-t-elle.

La «divergence» dans la reprise est telle que les économies avancées vont revenir à leurs niveaux d’avant la pandémie «d’ici 2022» quand la plupart des pays émergents et en développement «mettront encore de nombreuses années à se remettre» de la crise provoquée au printemps 2020 par la pandémie de Covid-19.

Tenir les promesses

Et plus la reprise prend du temps, plus l’impact à long terme sera important dans ces pays notamment en termes de pertes d’emplois, qui frappent particulièrement durement les jeunes, les femmes et les personnes travaillant au noir, déplore Mme Georgieva.

L’obstacle le plus immédiat est la «grande fracture vaccinale», dit-t-elle. «Trop de pays avec trop de peu d’accès aux vaccins laissent trop de personnes sans protection contre le Covid», déplore-t-elle, exhortant à augmenter «fortement» la livraison de doses.

La pandémie a fait près de 4,8 millions de morts dans le monde depuis fin décembre 2019, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles lundi.

«Les nations plus riches doivent tenir leurs promesses de dons immédiatement», tempête la directrice générale du Fonds alors que le FMI et la Banque mondiale ont fixé comme objectif de faire vacciner 40% de la population mondiale d’ici la fin de cette année et 70% d’ici la première moitié de 2022.

Outre le problème de vaccination, certains pays émergents et économies en développement sont confrontés à des pressions sur les prix qui «devraient persister», selon le FMI.

L’augmentation des prix alimentaires mondiaux, plus de 30% au cours de l’année écoulée, est «particulièrement préoccupante», souligne Mme Georgieva. «Conjuguée à la hausse des prix de l’énergie, cela met encore plus de pression sur les familles les plus pauvres», observe-t-elle.

Mme Georgieva estime ainsi que les risques et les obstacles à une reprise mondiale équilibrée «sont devenus encore plus marqués» qu’il y a quelques mois.

Elle recommande aux banques centrales de se tenir «prêtes à agir rapidement si la reprise se renforçait plus rapidement que prévu ou si les risques inflationnistes devenaient tangibles».

De plus, elle appelle les gouvernements à accélérer les réformes pour assurer une transition vers une économie verte générant de nouveaux emplois.

Elle pointe enfin du doigt le problème de la dette publique mondiale qui, selon les calculs du FMI, atteint désormais près de 100% du PIB de l’économie mondiale.

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