La croissance française contaminée par le coronavirus en 2020

AWP

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La Banque de France abaisse «légèrement» sa prévision de croissance pour l’année en cours.

Les perturbations engendrées par l’épidémie liée au nouveau coronavirus vont pousser la Banque de France (BDF) à abaisser «légèrement» sa prévision de croissance pour 2020, dans un contexte qui s’annonçait déjà compliqué pour l’économie nationale.

«Nous allons très certainement (...) réviser légèrement à la baisse» la prévision de croissance pour 2020, attendue jusqu’ici à 1,1%, a déclaré mardi le gouverneur de la banque centrale française François Villeroy de Galhau.

L’annonce sera faite officiellement le 23 mars, date de la prochaine actualisation des prévisions économiques de la BDF, a-t-il précisé, expliquant que l’épidémie de Covid-19 «aurait des conséquences négatives, mais temporaires». Il n’a pas précisé de quelle ampleur serait la révision.

L’annonce, l’une des premières parmi les grandes économies du monde, survient dans la foulée de déclarations le week-end dernier de la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Kristalina Georgieva, qui a annoncé une baisse de la prévision de croissance pour la Chine de 6% à 5,6%.

Le nouveau virus «pourrait mettre en péril la reprise» qui s’amorçait cette année pour l’économie mondiale, a prévenu Mme Georgieva, évaluant l’impact à environ 0,1 point sur la croissance mondiale. En janvier, le Fonds tablait encore sur une progression du PIB mondial de 3,3% cette année, après 2,9% en 2019.

Si la Banque de France abaissait sa prévision de 0,1 point à 1% et que cette prévision se concrétisait, cela serait la plus mauvaise performance de l’économie française depuis six ans (2014). Et si la croissance tombait sous les 1%, cela serait du jamais vu depuis 2013, où elle avait atteint 0,6%.

Cette nouvelle péripétie porte un sérieux coup aux espérances du gouvernement français. Il tablait sur une progression du PIB de 1,3% cette année, après un petit 1,2% enregistré l’an dernier, même si le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a déjà affirmé que l’épidémie pourrait à ce stade amputer la croissance de 0,1 point de pourcentage cette année.

«Si jamais ça persiste et que l’épidémie prend de l’ampleur, bien entendu que l’impact sera plus important», avait prévenu M. Le Maire mi-février, sans abandonner l’ambition de 1,3%.

chaînes de production et tourisme

En décembre, la Banque de France avait déjà fait preuve de prudence en révisant à la baisse, de 1,3% à 1,1%, son anticipation de croissance pour 2020.

«La France a subi un choc externe en 2019 qui est un peu plus marqué et un peu plus prolongé que ce que l’on escomptait initialement», avait alors expliqué le directeur général Olivier Garnier, attribuant ce repli au ralentissement de la croissance mondiale du fait des tensions commerciales entre Washington et Pékin.

L’épidémie liée au nouveau coronavirus a débuté fin janvier dans la province du Hubei en Chine et s’est rapidement étendue à plus ou moins grande échelle dans d’autres pays du monde.

Des conséquences se font déjà sentir sur de nombreux secteurs économiques, comme le tourisme, l’automobile, ou l’électronique, et plus globalement sur les entreprises présentes en Chine ou dont ce pays est un maillon essentiel de la chaîne de production.

De nombreuses entreprises françaises ont fait part ces derniers jours de problèmes d’approvisionnement auprès de leurs fournisseurs habituels, en particulier dans l’industrie.

Le secteur du transport aérien est également touché: Air France, à l’image d’autres compagnies aériennes, a suspendu ses vols à destination et en provenance de Chine et a évalué que l’épidémie pourrait avoir d’ici avril un impact d’entre 150 et 200 millions d’euros sur son résultat d’exploitation.

Le géant du luxe Kering a lui déjà noté une forte baisse de ses ventes en Chine début 2020 à cause de l’épidémie, de nombreux commerces étant fermés dans le pays.

La diminution prévisible du nombre de touristes chinois en France devrait aussi pénaliser de nombreux acteurs du tourisme.

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