La croissance britannique au plus bas en cinq ans

AWP

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Le PIB a progressé de seulement 0,1% au premier trimestre. Investissements des entreprises en berne.

La croissance du Royaume-Uni a ralenti au premier trimestre à son plus faible niveau depuis plus de cinq ans, à 0,1%, a annoncé l’Office des statistiques nationales qui confirme les difficultés d’une économie confrontée à un Brexit aux contours incertains.

Consommation mitigée, investissements des entreprises en berne, contribution nulle du commerce extérieur malgré la dégringolade de la livre sterling, les données ne sont guère réjouissantes vendredi du côté de l’ONS, qui a confirmé son premier calcul du produit intérieur brut (PIB) publié fin avril.

Entre janvier et mars, l’activité a souffert de surcroît d’un temps exécrable, notamment à la fin février et en mars lorsque le phénomène climatique surnommé «bête de l’Est» a fait chuter la neige et déchaîné des vents glaciaux sur le territoire britannique, entraînant fermetures de routes et perturbations de certaines activités.

«Ce mauvais temps a eu un effet négatif sur l’économie, notamment sur la construction et quelques secteurs de la vente au détail, mais globalement son impact fut limité», a nuancé toutefois l’institut de statistiques, quitte à décevoir les autorités britanniques promptes à mettre le ralentissement de la croissance sur le dos de ce rigoureux épisode hivernal.

Dans le détail en effet, les chiffres de l’ONS sont peu joyeux pour le fond de l’activité d’un pays dont la croissance, si vigoureuse en 2015 à 2,3%, n’en finit pas de ralentir, passant sous la barre des 2% en 2016 (1,9%) comme en 2017 (1,8%). Les économistes indépendants sondés par le Trésor prévoient à peine 1,4% pour cette année, au cours de laquelle le Royaume-Uni devrait être derrière la France et l’Allemagne.

Les dépenses des ménages n’ont augmenté que de 0,2% au cours du premier trimestre, une faible performance en comparaison des trimestres précédents. Leur pouvoir d’achat était comprimé l’an passé par une inflation dopée par la dépréciation de la livre sterling. Provoquée par la décision des Britanniques de quitter l’UE lors du référendum du 23 juin 2016, cette dévalorisation monétaire a renchéri les importations et alourdi les emplettes des familles.

Rebond au deuxième trimestre?

Les investissements des entreprises ont pour leur part diminué de 0,2%, alors que l’incertitude se prolonge sur le Brexit prévu fin mars 2019 mais dont les conditions sont loin de faire consensus au sein du gouvernement conservateur pas plus qu’au sein du Parlement où l’exécutif ne dispose que d’une majorité fragile.

Du côté des secteurs productifs, la croissance a été tirée par les services, qui ont néanmoins crû à un rythme ralenti, ainsi que par la production pétrolière, d’électricité et de gaz, dont la progression s’explique toutefois surtout par un facteur exceptionnel ou saisonnier. A l’inverse, l’activité a été entravée par une construction moins dynamique du fait de travaux rendus plus difficiles par la neige.

Les économistes s’accordent néanmoins à dire que la croissance devrait un peu rebondir au deuxième trimestre.

«Une partie de l’activité perdue à cause du mauvais temps devrait être rattrapée. Il pourrait y avoir aussi un petit soutien apporté par le mariage royal» du prince Harry et de l’ex-actrice américaine Meghan Markle, a expliqué Howard Archer, économiste en chef à EY ITEM Club.

Les premières données pour avril publiées cette semaine par l’ONS laissent aussi espérer un léger mieux: les ventes au détail ont bien rebondi, tandis que l’inflation ralentissait à 2,4% sur un an - une bonne nouvelle pour le portefeuille des ménages même si la hausse des prix du pétrole pourrait les pénaliser à la pompe à essence.

Face à cette économie au rythme ralenti, certains observateurs et politiques se tournent déjà vers le grand argentier, Philip Hammond, en espérant qu’il déliera enfin un peu les cordons de la bourse gouvernementale lors du budget de l’automne prochain - le déficit budgétaire étant moindre que prévu dernièrement.

Du côté de la politique monétaire, la Banque d’Angleterre maintient pour l’instant son taux d’intérêt au niveau très bas de 0,5%, et son gouverneur Mark Carney a laissé entendre jeudi soir qu’elle pourrait pourquoi pas l’abaisser si le Brexit était finalement désordonné.

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