La Banque de France réduit ses prévisions de croissance

AWP

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La banque centrale table sur un PIB en hausse de 1,5% pour cette année et la prochaine, contre 1,6% précédemment. Le taux de chômage est toutefois revu en baisse.

La Banque de France a révisé à la baisse jeudi ses prévisions de croissance pour l’économie française à 1,5% pour 2018 et 2019, tout en jugeant ce niveau suffisant pour permettre la poursuite de la décrue du chômage.

En septembre, la banque centrale prédisait encore 1,6% de hausse du produit intérieur brut (PIB) pour cette année et l’an prochain. Mais elle a brutalement ramené lundi de 0,4% à 0,2% celle pour le trimestre en cours, à cause d’un ralentissement de l’activité lié au mouvement des «gilets jaunes».

Anticipant un effet de rattrapage après cette vague de protestations, la croissance «intègre un petit rebond possible de l’activité début 2019, comme nous l’avons observé dans le passé, mais n’inclut pas encore l’effet des mesures annoncées ces derniers jours par le président de la République et le gouvernement», a déclaré le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau au quotidien Les Echos.

Dans ses dernières prévisions macroéconomiques, réalisées «dans un contexte de fortes incertitudes», la banque centrale française a en outre prévu que le produit intérieur brut (PIB) augmenterait ensuite de 1,6% en 2020, puis de 1,4% en 2021.

Le niveau de croissance prévu sur la période 2018 - 2021 reste «nettement supérieur aux années 2014-16» quand le PIB n’augmentait que d’environ 1% par an, soulignent les analystes de l’institution -- l’année 2017 est considérée comme exceptionnelle avec 2,3%.

La France devrait profiter d’un contexte européen favorable: «la demande adressée par nos partenaires de la zone euro rebondirait nettement en 2019 après le ‘trou d’air’ de 2018 et resterait dynamique ensuite», estime l’institut d’émission.

Incertitudes

La Banque de France a par ailleurs livré des prévisions modérées d’évolution des prix.

Tirée cette année à la hausse par les prix de l’énergie, l’inflation totale atteindrait un pic de 2,1% en 2018, avant de redescendre l’an prochain à 1,6%, sur la base d’un prix du pétrole figé juste en dessous de 60 dollars.

La hausse des prix s’établirait ensuite à 1,7% en 2020 et 2021, soit un niveau considéré comme idéal par la Banque centrale européenne, qui prône un taux inférieur mais proche de 2%.

Hors énergie et alimentation, l’inflation devrait poursuivre son accélération, atteignant 0,9% en 2018 1,3% en 2019 puis 1,4% en 2020, notamment à travers une répercussion de l’augmentation du salaire moyen sur la hausse des prix.

Le pouvoir d’achat par habitant, soutenu au quatrième trimestre par la baisse de la taxe d’habitation et des cotisations sociales, progresserait de 1,0% en 2018, selon la Banque de France. Elle anticipe ensuite une hausse de 1,3% en 2019, permettant à la consommation des ménages de rester «robuste», selon des calculs effectués avant les récentes annonces de prime de 100 euros pour les salariés payés au SMIC et de défiscalisation des heures supplémentaires.

La réduction du nombre d’emplois publics aidés devrait provoquer un fort ralentissement des créations nettes d’emplois, qui devraient passer de 236’000 en 2018 à 136’000 l’an prochain.

Le taux de chômage au sens du Bureau international du travail (BIT) continuerait néanmoins à diminuer progressivement, passant de 9,1% en 2019 à 8,9% en 2019, avant de tomber à 8,5% en 2020 puis à 8,2% en 2021, prédit encore la Banque de France.

Toutes ces prévisions sont l’objet de forts aléas, notamment à cause de «l’incertitude autour du scénario du Brexit», «la montée du protectionnisme» ou encore «la volatilité du prix des matières premières».

La Banque de France compte enfin sur une poursuite de la baisse de la charge de la dette publique, même en anticipant une remontée des taux d’intérêt. Comme la durée de vie moyenne de la dette contractée par l’Etat est de 7,8 ans, le plein effet de cette remontée des taux ne se fera en effet sentir qu’au-delà de 2021.

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