L’inflation marque le pas en avril, risque de déflation

AWP

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Ce sont essentiellement les tarifs des produits importés, par le biais du pétrole, qui ont affiché un importante décrue, alors que les loyers ont poursuivi leur hausse.

Les prix à la consommation en Suisse sont restés stables en avril sur un an, ralentissant la cadence par rapport au mois précédent. Ce sont essentiellement les tarifs des produits importés, par le biais du pétrole, qui ont affiché une importante décrue, alors que les loyers ont poursuivi leur hausse. Le risque de déflation s’est accru.

En avril, l’inflation a été nulle autant sur un an que sur un mois, selon les données publiées lundi par l’Office fédéral de la statistique (OFS). Ce niveau est inférieur aux prévisions des économistes interrogés par l’agence AWP, qui avaient anticipé l’accélération des prix à la consommation entre 0,1% et 0,3% sur un an et un mois.

«La combinaison de forte appréciation du franc par rapport au dollar, parallèlement à la chute des prix de l’énergie, a freiné l’appréciation des prix», ont souligné les experts de VP Bank dans un commentaire.

Les prix à la consommation ont entamé une décrue depuis le début de l’année. S’affichant encore à 0,4% sur un an en janvier, ils ont ralenti à 0,3% en février et mars.

Pendant le mois sous revue, les loyers, l’un des principaux postes de dépense des ménages suisses, ont accéléré de 3,2%, alors que les prix des aliments et boissons se sont contractés de 0,8% et les coûts de la santé de 0,3%. A noter que le prix du chocolat s’est envolé de 13%, en raison de la forte hausse des tarifs de la fève de cacao.

Risque de sanctions américaines

Les produits pétroliers ont par contre affiché une chute de 8,6%, entraînant avec eux les tarifs de l’essence (-7,8%) et du transport aérien (-9,5%). Depuis le début de l’année, le coût de l’or noir a en effet chuté, le Brent de la mer du Nord et le WTI américain ayant perdu environ 20% depuis le début de l’année.

Les loyers sont «le principal moteur de la hausse des prix parmi les services», a analysé Arthur Jurus. Selon le directeur des investissements de la banque Oddo BHF suisse, «l’inflation aurait même été négative» de 0,7% sur un an hors loyers. La poursuite de la dépréciation du dollar pourrait conduire l’inflation plus proche de -1% début 2026, selon l’expert.

Face à la perspective d’une inflation négative, la Banque nationale suisse (BNS) devrait abaisser son taux directeur à 0% en juin, contre 0,25% actuellement, a estimé M. Jurus, selon lequel la banque centrale helvétique «pourrait accentuer sa communication pour éviter un dérapage des anticipations d’inflation», notamment en évoquant la possibilité d’introduire à nouveau des taux négatifs.

L’institut d’émission vise en effet un indice des prix à la consommation dans une fourchette entre 0% et 2% qu’elle assimile à la stabilité des prix.

Pour les économistes de VP Bank, les taux négatifs sont à priori la seule option de la BNS, même s’il s’agit «d’une arme d’ultime recours». Des interventions sur le marché des changes sont en effet risquées en raison d’éventuelles sanctions américaines, Washington ayant par le passé cloué au pilori la Suisse pour «manipulation» de devises.

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