L’euro reculait de nouveau vendredi plombé par l’inquiétude du marché avant les élections législatives surprise convoquées dans quinze jours en France qui pourraient voir des changements politiques majeurs. Le dollar a terminé sur une note ferme.
Vers 18H30 GMT, la monnaie unique reculait de 0,39% par rapport au billet vert à 1,0695 dollar pour un euro, au plus bas depuis un mois et demi, et cédait 0,24% face à la livre britannique, à 84,34 pence pour un euro.
Les investisseurs se sont dirigés vers les valeurs refuge comme le dollar qui augmentait de 0,36% par rapport à un panier de grandes monnaies, selon le Dollar Index.
Les rendements obligataires américains étaient pourtant en repli à 4,21% pour celui à dix ans contre 4,24% la veille.
Le franc suisse aussi grimpait de 0,78% par rapport à l’euro à 0,9523 franc suisse pour un euro.
Depuis dimanche soir, le résultat des élections européennes et la dissolution de l’Assemblée nationale en France, l’euro a perdu 1% par rapport au billet vert.
La monnaie unique glisse parce que les marchés s’inquiètent des implications potentielles d’une défaite des partis politiques soutenant le président Emmanuel Macron.
«Dans l’ensemble, la décision de M. Macron augmente le risque que la France traverse une période d’impasse politique (...) avec une incertitude grandissante quant à la trajectoire future des finances publiques», a estimé Tullia Bucco, économiste pour UniCredit.
Pour Shaun Osborne, de Scotiabank, «le dollar, qui a conclu la semaine sur une note ferme, a été soutenu par la diminution de l’appétit au risque, reflété par la faiblesse des actions européennes et par l’angoisse croissante à l’égard des marchés français».
Les élections françaises des 30 juin et 7 juillet pourraient mener à l’entrée de l’extrême droite au gouvernement avec le RN, ou bien à celle de membres de l’alliance de gauche Nouveau Front populaire.
Mais les programmes politiques des deux camps, qui risquent d’augmenter les déficits budgétaires, ne sont pas de nature à plaire aux marchés.
Le taux des emprunts d’État français à 10 ans a en effet grimpé depuis l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale dimanche.
Cela a en conséquence creusé l’écart de rendements avec les obligations allemandes, qui a atteint 75,3 points de base vendredi, signe des inquiétudes des investisseurs concernant la situation politique française, remarque Derek Halpenny, de MUFG.
Le «spread» ou différence avec le taux d’intérêt d’un pays de référence - l’Allemagne pour l’Europe - est un indicateur qui mesure en effet la confiance des investisseurs dans un pays donné, ici la France.
Pour Brad Bechtel, directeur pour le marché des changes chez Jefferies, «le marché sur-réagit un peu».
«On est encore à deux semaines des élections et il y a beaucoup d’inquiétude inclue dans les cours» de l’euro et du dollar, a indiqué l’analyste à l’AFP, pointant du doigt «un effet boule de neige».
Selon lui, «la volatilité de l’euro va demeurer en place jusqu’aux élections».