La politique commerciale versatile étasunienne a renforcé les incertitudes concernant la poli-tique économique au second trimestre 2025. Les tarifs douaniers pèsent sur la conjoncture. Après révision des données de 2024, le KOF maintient sa prévision de croissance du PIB réel corrigé des variations sportives pour 2025 (1,4% – 1,0% non corrigé), malgré une détérioration de l'estimation. Les prévisions de croissance ont diminué de 0,4 point de pourcentage pour 2026 (1,5% – 1,9% non corrigé).
Le conflit commercial international est plus marqué que ce qui avait été prévu au printemps. Cette situation entraîne un assombrissement encore plus marqué des prévisions conjoncturelles. Les prévisions actuelles du KOF se basent sur le scénario d’entrée en vigueur des droits de douane sur les exportations vers les États-Unis en vigueur début juin et les contre-mesures correspondantes seront maintenus pendant toute la période de prévision. Cela correspond à des droits de douane forfaitaires de 10% sur la plupart des importations vers les États-Unis, à l'exception en grande partie des produits pharmaceutiques.
Les entreprises préfèrent exporter vers les États-Unis. Une tendance inverse devrait suivre
La grande incertitude quant à l'évolution de la politique commerciale des États-Unis ainsi que l'annonce de hausses des tarifs douaniers vis-à-vis de pays du monde entier ont incité les entreprises à anticiper autant que possible leur production et l'exportation de leurs marchandises vers les États-Unis. Cela a conduit à une croissance extrêmement forte du commerce mondial au premier trimestre et à une forte croissance du PIB dans les pays orientés vers l'exportation comme l'Allemagne. En revanche, la croissance disproportionnée des importations aux États-Unis a entraîné un trimestre négatif. À court terme, la demande de biens étrangers a supplanté celle de biens nationaux, ce qui a eu un impact négatif sur la production aux États-Unis. Des mouvements contraires devraient être observés au cours des prochains trimestres. L'augmentation des droits de douane et la grande incertitude pèseront sur la conjoncture mondiale par la suite. En revanche, la baisse de l'inflation, l'assouplissement de la politique monétaire et l'augmentation des impulsions fiscales devraient soutenir la conjoncture, en particulier en Europe.
Le climat d'investissement et le moral des consommateurs s'affaiblissent en Suisse
En Suisse, le premier trimestre a également été marqué par des effets d'anticipation. L'industrie manufacturière a enregistré une croissance supérieure à la moyenne, tirée par les exportations de produits pharmaceutiques vers les États-Unis. Le commerce et les services financiers et économiques ont eux aussi connu un trimestre solide. À court terme, il faut également s'attendre à un mouvement inverse en Suisse. À long terme, ce sont surtout ces secteurs sensibles à la conjoncture qui devraient souffrir de la politique commerciale protectionniste des États-Unis. Le climat d'investissement et le moral des consommateurs se sont récemment détériorés et devraient rester modérés dans un premier temps. La consommation privée souffre de plus en plus de l'affaiblissement du marché du travail, mais elle continue de soutenir l'économie. La faible inflation et la politique monétaire accommodante auront selon nos prévisions un effet de soutien par la suite.
Le ralentissement du marché du travail suisse se poursuit
Les perspectives sur le marché du travail restent modérées. Les indicateurs avancés comme l'indicateur de l'emploi du KOF se sont à nouveau rapprochés de la moyenne à long terme. Alors que le taux de chômage du SECO devrait augmenter jusqu'à la fin de l'année pour atteindre un niveau neutre pour la conjoncture de 3%, le KOF s'attend à une dynamique plus lente qu'au cours des trimestres précédents en ce qui concerne l'augmen-tation des chiffres de l'emploi en raison de l'incertitude qui règne en matière de politique économique durant l'été. Celle-ci devrait lentement reprendre avec la reprise conjoncturelle.
Faible inflation et taux d'intérêt zéro attendus
Le franc fort et la baisse des prix de l'énergie pèsent sur l'inflation. En raison d'une hausse des prix des services plus faible que prévu, le KOF adapte sa prévision concernant l’inflation pour l'année en cours de 0,5% à 0,2%. Le KOF corrige sa prévision de 0,6% à 0,5% pour l'année 2026. L'inflation se situe actuellement juste en dessous de zéro. Au vu de cette dynamique inflationniste en baisse et de la force du franc suisse, le KOF s'attend à une baisse des taux d'intérêt de 25 points de base par la Banque nationale suisse (BNS) en juin. Le KOF part du principe que la BNS n'assouplira pas davantage sa politique monétaire au cours de la période de prévision et qu'elle laissera donc son taux directeur à zéro.
Guerre commerciale, dette publique élevée et conflits géopolitiques comme risques prévisionnels
Les risques prévisionnels restent nombreux. Une nouvelle intensification des restrictions commerciales, accompagnée de mesures de rétorsion, pourrait affecter les chaînes d'approvisionnement sensibles, relancer l'inflation et contraindre les banques centrales à resserrer une nouvelle fois leur politique monétaire. Le niveau élevé de la dette publique dans de nombreux pays européens ainsi qu'aux États-Unis pourrait contraindre les gouvernements à adopter des mesures de consolidation plus importantes et à restreindre davantage leur marge de manœuvre budgétaire.
Scénarios concernant les droits de douane américains
En raison de la grande incertitude entourant la future politique commerciale, le KOF a élaboré différents scéna-rios alternatifs. Deux scénarios extrêmes additionnels ont été élaborés par des modèles de simulation et sont mis en perspective avec le scénario de base. L'objectif est d'évaluer les répercussions de la politique commerciale américaine.
Dans un scénario où tous les droits de douane américains introduits sous l'administration Trump seraient à nouveau complètement supprimés, le PIB en 2026 serait supérieur de 2,2% à celui d'un scénario où le paquet douanier complet annoncé par le gouvernement américain lors du «Liberation Day» serait mis en œuvre. Le cas échéant, l'économie suisse connaîtrait une brève récession. Le commerce extérieur et les investissements en équipements seraient alors nettement moins performants.
Une enquête auprès des entreprises supplémentaire a été menée afin de mieux évaluer la réaction à court terme de l'industrie face aux droits de douane annoncés par les États-Unis. Les entreprises ont été invitées à quantifier leurs réactions attendues en termes de chiffre d'affaires, de prix et d'investissements pour 2025, soit dans le cas d'un droit de douane unique de 10%, soit dans celui du paquet douanier complet annoncé le «Liberation Day».
Les résultats montrent que les entreprises s’attendent à ce qu’un régime douanier (10%) entraîne dès lors des baisses du chiffre d'affaires et des investissements. Les entreprises prévoient de répercuter les coûts supplémentaires sur la clientèle en augmentant leurs prix à l'exportation. Dans le cadre du scénario «Liberation Day», les charges attendues sont nettement plus élevées. Les tarifs douaniers plus élevés devraient avoir un impact plus important sur les marges bénéficiaires, ce qui inciterait les entreprises à réduire davantage leurs investissements. Même si cette tendance est moins marquée, les entreprises souhaitent par ailleurs dans les deux cas, augmenter leurs prix sur d'autres marchés.