Guerre en Ukraine: bombardement meurtrier à Kharkiv, retour partiel du gaz russe

AWP

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Selon Kiev, les Russes stockent des armes lourdes et des munitions «à proximité immédiate» d’installations sensibles sur le site de la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d’Europe.

La Russie a poursuivi jeudi ses bombardements en Ukraine, faisant trois morts dans la deuxième plus grande ville de ce pays, Kharkiv, tout en reprenant partiellement ses livraisons de gaz à l’Europe, sans toutefois dissiper les craintes d’une crise énergétique dans l’UE cet hiver.

Kiev a dans le même temps affirmé que les Russes stockaient des armes lourdes et des munitions «à proximité immédiate» d’installations sensibles sur le site de la centrale nucléaire occupée depuis mars de Zaporijjia, la plus grande d’Europe, s’alarmant d’un risque d’explosion accidentelle et d’incendie.

Moscou a de son côté évoqué des raids de drones ukrainiens lundi, à «quelques dizaines de mètres de structures vitales pour la sécurité de la centrale», puis à nouveau mercredi.

Human Rights Watch a pour sa part accusé jeudi aussi bien les soldats russes qu’ukrainiens d’«inutilement» mettre en danger des civils en installant des troupes au coeur de zones habitées, comme un sous-sol d’école et un dispensaire.

Trois morts dans une frappe à Kharkiv

Dans le nord-est, un nouveau bombardement a fait trois morts et 23 blessés, dont quatre graves, à Kharkiv, une cité pilonnée par l’armée russe depuis des semaines, a annoncé le gouverneur régional Oleg Synegoubov. Déjà la veille, trois personnes y avaient été tuées, dont un adolescent près d’un d’arrêt de bus.

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov avait quant à lui affirmé mercredi que les objectifs de Moscou ne se limitaient plus uniquement à l’est de l’Ukraine, mais concernaient également d’»autres territoires» et pourraient encore s’étendre.

Parties à l’assaut de l’Ukraine le 24 février, les troupes russes étaient rapidement arrivées aux portes de la capitale Kiev, sans parvenir à la prendre. Dès la fin mars, la Russie avait dit vouloir se concentrer sur le Donbass, dans l’est, en partie contrôlé par des séparatistes prorusses depuis 2014.

Les soldats russes ont avancé ces dernières semaines dans ce bassin minier, faisant notamment sauter le double verrou de Severodonetsk et de Lyssytchansk, deux villes de la région de Lougansk, ce qui leur a dégagé la voie pour tenter de progresser vers les villes de Kramatorsk et de Sloviansk, plus à l’ouest dans la région de Donetsk.

La guerre en Ukraine doit cesser pour éviter le «précipice» d’un conflit «nucléaire», a estimé jeudi dans un entretien exclusif avec l’AFP le président bélarusse, tout en jugeant que c’était à Kiev et aux Occidentaux de céder au Kremlin.

Principal allié de Moscou, Alexandre Loukachenko a prêté le territoire de son pays à l’armée russe pour qu’elle puisse lancer son offensive sur l’Ukraine le 24 février.

Du gaz russe pour l’Europe

Dernier épisode en date dans le bras de fer russo-occidental sur l’énergie, la Russie a remis en marche jeudi le gazoduc Nord Stream, qui relie directement les champs gaziers sibériens au nord de l’Allemagne, après un arrêt de dix jours pour des travaux d’entretien, selon Moscou.

Il ne fonctionne cependant qu’à 40% de ses capacités, comme avant la maintenance, a déploré l’opérateur allemand du réseau, Gascade.

L’Autriche et l’Italie ont aussi fait état d’une reprise des livraisons.

«Rien ne s’opposait techniquement à ce que Nord Stream revienne à une exploitation de plein régime après son entretien», a réagi le ministre allemand de l’Economie et du Climat Robert Habeck, pour qui «la Russie se révèle de plus en plus être un facteur d’incertitude dans le système énergétique».

Dans le contexte de la guerre en Ukraine, le président russe Vladimir Poutine utilise le gaz comme «une arme», avait martelé la veille la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

Des soupçons de «chantage» balayés d’un revers de la main jeudi par le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, pour qui «ce sont ces restrictions (imposées par les Occidentaux, ndlr) qui empêchent d’effectuer les réparations d’équipements, notamment des turbines dans les stations de compression».

La Russie va par ailleurs «étudier» la possibilité de livrer du gaz supplémentaire à la Hongrie cette année, a révélé jeudi Sergueï Lavrov.

«Aujourd’hui, nos collègues ont fait part de l’intérêt du gouvernement hongrois pour un nouvel achat de gaz naturel cette année. Cette requête sera immédiatement transmise et étudiée», a précisé le ministre.

Un accord sur les céréales «possible»

L’Ukraine, dont l’économie s’est effondrée depuis le début de l’invasion russe, a quant à elle annoncé le même jour la dévaluation de 25% de sa monnaie nationale, la hryvnia, face au dollar.

«Une telle mesure renforcera la compétitivité des producteurs ukrainiens» et «soutiendra la stabilité de l’économie dans les conditions de guerre», a expliqué dans un communiqué la banque centrale.

La Turquie a de son côté annoncé qu’un accord sur la sortie par voie maritime des céréales bloquées dans le sud de l’Ukraine serait «possible dans les prochains jours» si les Occidentaux répondaient aux demandes de la Russie d’allègement des sanctions.

Ces exportations pourraient dans ce cas se faire à partir de trois ports de la mer Noire -ceux d’Odessa, de Pivdenny et de Tchornomorsk-, a souligné Roustem Oumerov, un membre de la délégation ukrainienne aux discussions sous médiation turque de ces derniers jours entre la Russie et l’Ukraine sur ce sujet.

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