Economie suisse: les craintes d’une inflation sont-elles justifiées?

Communiqué, Credit Suisse

1 minute de lecture

Le Credit Suisse publie le «Moniteur Suisse» pour le troisième trimestre 2021.

En dépit d’une pandémie persistante, l’économie suisse continue à se redresser. Les économistes du Credit Suisse tablent toujours sur une croissance économique de 3,5% cette année. Pour 2022, ils ont revu leurs prévisions à la hausse, à 2,5% (au lieu de 2%). Dans l’ensemble, la récente accélération de l’inflation ne devrait être que passagère. Les économistes du Credit Suisse estiment que le risque d’inflation est trop faible en Suisse et en Europe pour que la Banque centrale européenne et la Banque nationale suisse décident de relever leurs taux directeurs dans un proche avenir.

Grâce aux progrès de la vaccination jusqu’à maintenant ainsi qu’à l’agilité des entreprises, la reprise devrait, selon les économistes du Credit Suisse, se poursuivre pour le moment dans de grands pans de l’économie. Cela est d’autant plus vrai que la situation du marché du travail s’améliore, ce qui a une répercussion positive sur le climat de consommation. Selon les dernières prévisions, le taux de chômage baisse progressivement et devrait se situer à 2,5% vers la fin de l’année prochaine. Le recours à la réduction de l’horaire de travail diminue également. Des restrictions ponctuelles pour certaines branches, dans la restauration ou les entreprises de loisirs, par exemple, freinent la dynamique de la reprise. Par ailleurs, les perspectives d’un retour à la «normale» sont encore lointaines dans le tourisme international ou pour les grandes manifestations.

Des difficultés de livraison freinent l’industrie

Jusqu’à nouvel ordre, la reprise de l’ensemble de l’économie est aussi limitée par des difficultés de livraison dans l’industrie: parmi les directeurs d’achats des entreprises industrielles suisses interrogés par les économistes du Credit Suisse en collaboration avec procure.ch, environ 70% déclarent connaître actuellement des délais de livraison plus longs et une hausse des prix d’achat. Les retards de livraison devraient ralentir quelque peu la reprise de l’industrie. En raison de divers problèmes d’approvisionnement, la hausse de la demande en biens devrait durer plus longtemps que prévu initialement: désormais, les économistes du Credit Suisse ne tablent pas sur un net ralentissement de la demande en biens avant le milieu de l’année 2022 - qui devrait se produire en raison d’une saturation à venir du marché et de la nécessité éventuelle de réduire les stocks.

Faible risque d’inflation en Suisse et en Europe

Les sautes de prix actuelles en relation avec les dépenses publiques importantes à l’échelle mondiale et avec la politique monétaire expansionniste des banques centrales dans les pays industrialisés ont suscité des craintes d’inflation. Les analyses empiriques des économistes du Credit Suisse ont toutefois montré que la relation entre masse monétaire et inflation a considérablement faibli. Le risque de voir se former une spirale salaires-prix au regard d’une trop forte demande est également faible en Europe et en Suisse. Bien que ce risque soit un peu plus important aux États-Unis, il n’est pas excessivement élevé en raison des anticipations d’inflation solidement établies. Selon les économistes du Credit Suisse, les risques durables d’inflation en Europe et en Suisse sont tellement faibles que la Banque centrale européenne et la Banque nationale suisse n’envisagent pas de relever leurs taux directeurs dans un avenir proche et, par conséquent, maintiennent leur politique de taux négatifs.

A lire aussi...