Economie suisse: croissance modérée – uniquement quantitative

Communiqué, Raiffeisen

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Une analyse de Raiffeisen montre que les régions comme Zurich, la Suisse romande et la Suisse centrale, qui connaissent une croissance indépendante de leur démographie, sont d’importants moteurs de croissance.
  • Faible conjoncture au second semestre 2025: la hausse des tarifs douaniers, l’incertitude et la faiblesse de la demande pèsent sur la croissance
  • Une croissance modérée est également attendue pour 2026: pour la quatrième année consécutive, l’économie suisse n’affiche plus qu’une croissance quantitative 

Tandis que le produit intérieur brut (PIB) suisse a tiré profit au premier trimestre d’effets anticipés dans le commerce extérieur, les exportations vers les Etats-Unis ont sensiblement chuté en avril et mai. En effet, la relation commerciale avec les Etats-Unis, deuxième partenaire commercial de la Suisse, comporte toujours des risques considérables qui perpétuent l’incertitude chez les exportateurs. Les négociations avancent lentement, et les Etats-Unis sont susceptibles d’imposer à tout moment des droits de douane sur le secteur pharmaceutique, jusqu’ici épargné. «Même si la hausse globale des droits de douane du président Trump s’annonce moins importante qu’on ne le craignait, l’incertitude paralyse l’industrie et la conjoncture perd de son élan au second semestre», explique Fredy Hasenmaile, chef économiste de Raiffeisen Suisse. Dans l’ensemble, les économistes de Raiffeisen tablent sur une croissance du PIB de 1,1% pour 2025, puis de 1,0% pour 2026. «Le retour à la croissance potentielle d’environ 1,5% est donc encore retardé», explique Fredy Hasenmaile.

La conjoncture intérieure montre de premiers signes d’affaiblissement

Le marché intérieur reste un pilier central de la stabilité de l’économie suisse. En raison de la faible pression inflationniste, les ménages bénéficient d’une hausse sensible des revenus réels, ce qui maintient la dynamique de la consommation. Le contexte de taux bas soutient lui aussi la conjoncture nationale: les baisses de taux d’intérêt de la Banque nationale suisse ont ainsi d’ores et déjà relancé le secteur du bâtiment. Mais, dans le secteur des services, les perspectives s’assombrissent de plus en plus: la propension à investir diminue, les entreprises sont de plus en plus prudentes à l’embauche et le chômage augmente de manière continue. «Les effets contraires sur l’économie suisse s’équilibrent encore», déclare Fredy Hasenmaile, qui ajoute: «Jusqu’à présent, la mauvaise situation de l’industrie n’a guère affecté le secteur des services. Mais le marché intérieur, jusqu’à présent solide, pourrait lui aussi être mis à l’épreuve dans le courant de l’année.»

La croissance quantitative se poursuit

Malgré des incertitudes persistantes, l’économie suisse poursuit sa croissance, portée par la robustesse de son économie nationale. Dans le même temps, la richesse par habitant stagne: le PIB par habitant a déjà légèrement baissé en 2023 et 2024. En 2025 et 2026 également, la croissance restera inférieure au potentiel. La Suisse reste ainsi dans une phase où l’économie connaît une croissance essentiellement quantitative, c’est-à-dire qu’elle ne suit plus que le rythme de la croissance démographique. Les économistes de Raiffeisen ont analysé cette évolution en profondeur, tant du point de vue sectoriel que régional. L’analyse montre que les facteurs structurels jouent également un rôle capital dans la croissance économique. 

La croissance suisse de la dernière décennie principalement tirée par la démographie

Selon l’analyse, ce n’est pas seulement l’ampleur de la croissance qui est décisive, mais aussi où et dans quels secteurs elle a lieu. Une distinction est faite entre la croissance tirée par la démographie (p. ex. secteur de la santé ou du commerce de détail) et la croissance autonome, indépendante de la population, qui a notamment lieu dans l’industrie et les services à forte intensité de savoir (p. ex. l’informatique et la recherche & développement). Tandis que la première croît avec la population, la seconde est cruciale pour la compétitivité à long terme de la Suisse. Entre 2012 et 2022, les secteurs liés à la démographie représentaient 76% de la croissance de l’emploi. La croissance de ces secteurs a même augmenté plus rapidement que la population, avec une moyenne de 1,5% par an. En revanche, le secteur autonome, qui comprend les secteurs qui évoluent indépendamment de la croissance démographique, n’a progressé que de 0,8% par an. La croissance a été particulièrement forte dans les secteurs de la santé et des services sociaux, tandis que l’emploi industriel (hors produits pharmaceutiques et chimiques) a légèrement reculé.

Zurich, de grandes parties de la Suisse romande et la Suisse centrale sont des moteurs de croissance

L’analyse montre également que, tandis que le secteur autonome stagne, voire recule dans de nombreuses régions, dans d’autres il connaît une évolution nettement plus positive. La ville de Zurich a contribué à plus de 40% à la croissance autonome, principalement grâce aux services des secteurs de l’informatique et du conseil aux entreprises. La Suisse centrale et certaines régions de Suisse romande comme Nyon, Rolle-Saint-Prex ou Renens-Ecublens connaissent une croissance dynamique et bravent la désindustrialisation. Les économistes de Raiffeisen identifient quatre types de régions en Suisse: les moteurs de croissance, les ascendants, les descendants et les régions d’assistance. L’analyse approfondie par branche et région permet d’identifier les moteurs d’une croissance économique qualitative et fournit ainsi des pistes de réflexion pour une croissance de l’économie suisse qui soit plus large et axée sur l’innovation, et moins dépendante de certains secteurs clés comme l’industrie pharmaceutique. En période de fortes incertitudes mondiales, il est d’autant plus judicieux d’investir dans une croissance diversifiée. 

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