Le yen a brutalement fléchi mercredi, sapé par des déclarations accommodantes du Premier ministre sur la politique monétaire, dont l’effet a été accentué par une remontée des taux obligataires américains.
Vers 20H10 GMT, la devise nippone plongeait de 2,00% face au billet vert, à 146,49 yens pour un dollar et s’acheminait vers un fixing au plus bas depuis près d’un mois et demi.
Elle lâchait aussi 1,87% face à la monnaie unique, à 161,86 yens pour un euro.
Le nouveau Premier ministre japonais, Shigeru Ishiba, a estimé que son pays n’était pas «dans un environnement propice à de nouvelles hausses de taux», après une rencontre avec le gouvernement de la Banque du Japon (BoJ), Kazuo Ueda.
«J’ai dit au Premier ministre que nous soutenions l’économie par le biais de conditions monétaires accommodantes», a commenté, pour sa part, le gouverneur.
«Les gens s’attendaient à un Premier ministre offensif» sur le plan monétaire, «et il essaye de calmer les attentes», a commenté Adam Button, de ForexLive.
«La Banque du Japon se rend compte qu’il est difficile d’être ferme (sur le plan monétaire) quand le reste du monde est accommodant», explique l’analyste. «Et en plus de cela, les politiques s’en mêlent.»
La BoJ a déjà relevé son taux directeur à deux reprises cette année, pour la première fois depuis 2007, alors que toutes les autres grandes banques centrales les ont rabotés, dans le même temps.
La pression sur le yen a été renforcée mercredi par la remontée des taux obligataires américains, qui accompagnait la publication du rapport du cabinet ADP, selon lequel le secteur privé a créé 143.000 emplois en septembre aux Etats-Unis, au-dessus des 125.000 projetés par les économistes.
Cet indicateur témoigne de la résilience de l’économie américaine et conforte l’approche défendue cette semaine par plusieurs membres de la banque centrale américaine (Fed), partisans d’un assouplissement monétaire sans hâte.
Le rendement des emprunts d’Etat américains à 10 ans ressortait à 3,78%, contre 3,73% la veille en clôture.
Pour Adam Button, l’ampleur du mouvement observé mercredi sur certaines parités avec le yen pourrait être lié à une reprise du «carry trade».
Cette stratégie consiste à emprunter de l’argent dans une monnaie liée à une banque centrale qui pratique des taux faibles pour le placer dans un pays aux taux plus élevé.
Le Japon a longtemps été la cible du «carry trade», avant que les spéculateurs ne se ravisent, cet été, lorsque la BoJ a remonté une seconde fois son taux.