Brexit: semaine intensive pour l'UE avant d'adopter le projet d'accord

AWP

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Theresa May a annoncé qu’elle se rendrait à Bruxelles dans la semaine pour rencontrer notamment le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.

© Keystone

L’Union européenne, spectatrice du champ de bataille politique britannique sur le Brexit, se lance cette semaine dans son propre examen du projet d’accord de divorce avec en point d’orgue un sommet spécial dimanche pour adopter le texte.

La Première ministre britannique Theresa May, qui a encaissé une série de démissions au sein de son gouvernement et fait face à une sévère contestation de tous bords sur le texte négocié, a annoncé qu’elle se rendrait à Bruxelles dans la semaine pour rencontrer notamment le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.

Lors d’un discours devant les patrons britanniques qu’elle doit prononcer lundi, Mme May prédit «une semaine intense de négociations».

«Dans ce délai, je m’attends à ce que nous élaborions les détails complets et définitifs du cadre qui sous-tendra nos relations futures, et je suis persuadée que nous pourrons conclure une entente au Conseil, que je pourrai ensuite présenter à la Chambre des communes», assure-t-elle, selon le texte communiqué dimanche soir.

Lundi, les ministres des Affaires européennes des 27 se retrouvent à Bruxelles, première réunion politique depuis la publication mercredi du projet d’accord sur les conditions du retrait, qui doit préparer la rencontre au sommet du 25 novembre.

Après le feu vert donné dans la douleur par le gouvernement de Theresa May, le président du Conseil européen Donald Tusk a immédiatement convoqué chefs d’Etat et de gouvernement des 27 Etats membres pour qu’ils donnent à leur tour leur consentement. Mme May devrait être également présente.

Pourtant, le plus dur reste à venir: le vote de ratification du parlement britannique, loin d’être acquis alors que les principaux acteurs politiques et économiques sont profondément divisés par le texte.

Etape par étape, la finalisation du projet se peaufine. Au cours du week-end, lors d’une réunion entre ambassadeurs, les 27 ont proposé la date de fin décembre 2022 comme échéance ultime de la période de transition incluse dans le projet d’accord, en cas de prolongation, un point toujours en négociation, a-t-on appris de source diplomatique.

En attendant, les Européens continuent d’afficher leur unité. Rassemblés par le «sentiment d’une grande gravité» après le Brexit, selon les mots du négociateur en chef de l’UE Michel Barnier, les 27 sont parvenus à rester soudés au cours des 17 mois de négociations.

Ils devraient conserver cette ligne pour la suite. Mardi au plus tard, la Commission espère publier le projet de la «déclaration politique» qui doit accompagner l’accord de retrait, un texte d’une vingtaine de pages selon une source diplomatique de l’UE.

Londres et Bruxelles doivent y esquisser les contours du futur partenariat. La négociation en elle-même ne pourra commencer qu’une fois le Royaume-Uni officiellement parti après le 29 mars 2019.

La semaine européenne reste suspendue aux aléas politiques au Royaume-Uni, où Theresa May est sous la menace d’une motion de censure, et sous pression de l’aile dure des partisans du Brexit qui exigent de pouvoir renégocier le texte, inacceptable à leurs yeux.

Selon un diplomate européen, les 27 ont été surpris de l’ampleur des réactions à Londres. Mais peu se sont risqués à un commentaire.

De sources diplomatiques à Bruxelles, les négociateurs ont l’impression d’être allés au bout de leurs limites pour aboutir à un compromis au terme de négociations acharnées.

«Nous pensons que des deux côtés nous avons épuisé nos marges de manoeuvre», estimait au lendemain de la publication du texte un responsable européen sous couvert d’anonymat.

La chancelière allemande Angela Merkel a appelé à se concentrer sur le texte mis sur la table, et à ne pas se poser la question de nouvelles négociations.

Côté européen, quelques Etats membres ont fait part de leur volonté d’être très attentifs aux détails du texte, comme par exemple sur la question de la pêche, sensible pour les Etats dont les flottes opèrent traditionnellement dans les eaux britanniques.

Mais «les 27 sont d’accord pour ne pas mettre d’huile sur le feu britannique», en laissant entendre qu’il est possible de renégocier ce qui est sur la table, a confié un diplomate européen.

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