Bayer et Monsanto très proche d'un accord

AWP

2 minutes de lecture

Bayer et Monsanto ont accepté de céder des activités dans les semences et les pesticides. Il s’agit de la plus grande cession jamais exigée par les États-Unis afin de maintenir la concurrence.

Près de deux ans après l’annonce de leurs fiançailles, les noces entre le chimiste allemand Bayer et le géant des OGM et des pesticides américain Monsanto sont imminentes après le feu vert sous condition accordé mardi par les Etats-Unis.

Le département américain de la Justice (DoJ) a indiqué être parvenu avec les deux entreprises à un accord balayant ses craintes sur une possible hausse des prix des engrais, semences et autres produits phytosanitaires, conséquence éventuelle de ce mariage à 66 milliards de dollars annoncé en septembre 2016.

Bayer et Monsanto ont accepté de céder au géant de la chimie BASF des activités dans les semences et les pesticides, pour un montant total de 9 milliards de dollars.

Il s’agit de «la plus grande cession jamais exigée par les États-Unis» afin de maintenir la concurrence dans la vente de produits agricoles et «protéger les paysans américains et les consommateurs», s’est réjoui Makan Delrahim, un des ministres adjoints de la Justice.

Bayer va notamment vendre ses actifs de soja, de coton, de colza et surtout son herbicide Liberty, concurrent direct du très controversé Roundup (glyphosate) de Monsanto.

Les deux sociétés vont en outre se séparer de brevets et de sites de recherche et de développement (R&D).

Leur fusion ne sera effective qu’une fois ces cessions effectuées, a assuré le DoJ, rejoignant la Commission européenne, qui a fait part d’exigences similaires le 30 avril.

Le régulateur européen a indiqué mardi avoir travaillé avec son homologue américain sur ce dossier. Comme le veut la procédure américaine en matière d’antitrust, le DoJ a saisi un juge qui doit encore valider l’accord.

Toujours pas de nom

Bayer, l’acquéreur, a fait part de sa joie et annoncé que les cessions promises des actifs allaient être bouclées «dans environ deux mois».

«Avec le feu vert du ministère de la Justice (américain), nous sommes maintenant proches de l’objectif de créer une société leader dans le secteur agricole», a déclaré Werner Baumann, PDG de Bayer, dont Monsanto représente la plus grosse acquisition.

Contacté par l’AFP, Monsanto a renvoyé à la déclaration de Bayer.

Pour les deux sociétés, le feu vert des autorités américaines est un grand soulagement car elles avaient émis au départ de sérieuses réserves, en raison de la position dominante qu’aura la nouvelle entité et parce que le rapprochement s’inscrit dans un mouvement de concentration du secteur, miné par une baisse des marges et un recul des prix des produits agricoles.

Lors des deux dernières années, les régulateurs sur les deux rives de l’Atlantique ont approuvé la fusion des géants américains Dow et DuPont et celle du chinois ChemChina avec le suisse Syngenta.

Les défenseurs de l’environnement avaient par ailleurs également fait pression sur les autorités en organisant des protestations et manifestations à travers le monde, mais Bayer avait répliqué dans la foulée en promettant d’être «transparent».

Le groupe allemand, célèbre pour avoir inventé l’aspirine, s’est engagé, avec le concours du site transparency.com, à mettre en ligne les résumés des études sur tous ses produits phytosanitaires, dont le Roundup.

«Nous voulons aider les agriculteurs du monde entier à produire plus de nourriture et de meilleure qualité de manière plus durable», a déclaré mardi Werner Baumann.

Outre les Etats-Unis et l’Union européenne, Bayer a déjà reçu les approbations de plus de la moitié des 30 autorités de régulation concernées à travers le monde, dont le Brésil et la Chine.

Le nom du futur groupe n’a pas encore été annoncé mais Bayer répète que les agriculteurs et professionnels sont surtout attachés aux noms des marques de Monsanto: Dekalb (semences de maïs, colza), Seminis (semences potagères) et De Ruiter (semences potagères).