Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche devrait «sonner le réveil» pour accélérer les réformes dans l’UE, mais sans passer par une «dette européenne commune», écrivent vendredi les gouverneurs de la Banque de France et de la Bundesbank allemande.
«Outre les chantiers à long terme liés au climat, au vieillissement démographique et à la numérisation, nous devons faire face à des crises et tensions géopolitiques», estiment Villeroy de Galhau et Joachim Nagel dans une tribune commune publiée dans Le Monde et la Frankfurter Allgemeine Zeitung.
Et le résultat de l’élection présidentielle américaine «pourrait renforcer ces tensions et devrait sonner le réveil» dans une Union européenne menacée de perdre du terrain au plan économique, écrivent-ils.
Les maux qui frappent l’Europe depuis trois décennies selon eux: croissance, productivité et innovation au ralenti, surtout ces dernières années, ce que le rapport de l’ancien président de la Banque centrale européenne Mario Draghi, publié cette année, décrit comme une «lente agonie».
L’Europe doit y répondre en relançant sa croissance grâce à des investissements massifs dans l’innovation numérique, la transition verte et les industries de défense, selon M. Draghi.
Pour lever les fonds nécessaires, MM. Villeroy de Galhau et Nagel sont tous deux favorables à l’utilisation du budget européen.
En revanche, «davantage de dette européenne commune n’est pas à ce stade un préalable pour aller de l’avant», estiment-ils, alors qu’il s’agit de donner «la priorité aux nombreuses propositions non coûteuses et plus structurelles» de ces rapports.
Le président français Emmanuel Macron avait lancé un appel en janvier pour que l’UE émette à nouveau de la dette en commun, face aux efforts massifs des Etats-Unis et de la Chine dans l’intelligence artificielle ou le verdissement de l’industrie.
Mais l’Allemagne avait vite fait connaître son opposition à un tel projet, par la voie du désormais ex-ministre allemand des Finances Christian Lindner.