Après une année catastrophe, le tourisme suisse se veut durable

AWP

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Après une année 2020 noire pour l’hôtellerie suisse, la profession veut miser sur la durabilité pour jouer la carte du local.

Après une année 2020 noire pour l’hôtellerie suisse, qui a subi une chute de 40% des nuitées en raison de la pandémie de coronavirus, la profession veut miser sur la durabilité pour jouer la carte du local. La saison hivernale devrait aussi afficher d’importants reculs.

L’année 2020 est à oublier pour la profession. Le petit marché suisse n’a pas pu compenser «l’absence des étrangers» l’an dernier, a déploré Martin Nydegger, directeur de Suisse Tourisme (ST), lors de la conférence de presse annuelle vendredi. Mais à défaut de pouvoir se rendre à l’étranger, c’est le Röstigraben qui a été franchi: «beaucoup de Romands» ont découvert «l’est de la Suisse et les Grisons», quand les Alémaniques ont apprécié le Jura.

Seules 23,7 millions de nuitées hôtelières ont été enregistrées, soit un «effondrement spectaculaire» de 40% par rapport à 2019, en raison de l’absence des hôtes étrangers (-66%), selon le communiqué de ST. L’été a néanmoins constitué une «période record pour les séjours des hôtes suisses» avec 9 millions de nuitées (+24%, de juillet à octobre).

Marc Gindraux, chef de la division Territoire et environnement de l’Office fédéral de la statistique (OFS) a ajouté que 2020 fut «une année cauchemardesque», la comparant «à la crise de 2008 à 2012», où le recul avait toutefois été limité «à 7%». Il a évoqué un retour aux chiffres des années 1950.

Dans l’hôtellerie, les prix ont été sous pression, baissant de 1,8%. Le taux d’occupation a aussi reculé, passant de 55% en 2019 à 36% en 2020. La situation est encore plus significative dans les grandes villes comme Genève et Zurich, où le taux a plongé à 28%, après 65% l’année précédente.

En ville, les hôtels ont vu leurs chiffres d’affaires chuter de près de 70% en 2020 «et la reprise se fait encore attendre», d’après la faîtière HotellerieSuisse. Les régions alpines ont davantage résisté, limitant la perte de 20% en moyenne. L’hôtellerie a perdu 2 milliards de francs (-40% par rapport à 2019). En prenant en compte la restauration et autres prestations, le manque à gagner atteint au moins 3,4 milliards de francs pour 2020, d’après Hotelleriesuisse.

Pour les hôtels urbains, dépendants de la demande internationale, la reprise passera par la réouverture des frontières. «Nous comptons sur les visiteurs européens cet été», a expliqué le président de la faîtière Andreas Züllig à AWP. Elle passera aussi par un «retour à la normalité», c’est-à-dire la réouverture des musées, des boutiques et des restaurants pour rendre les centres-villes à nouveau attractifs. S’il ne dispose pas de chiffres de faillites dans la branche, M. Züllig estime que le «chômage partiel protège» pour l’instant, mais que des établissements risqueront de fermer cet automne ou l’hiver prochain.

Reprise attendue à la belle saison

La saison hivernale actuelle devrait aussi s’avérer douloureuse. Malgré les importantes chutes de neige, les vacances de février 2021 enregistrent un recul de 16% des nuitées et la fréquentation (remontées mécaniques,...) une chute de 36%, selon les premières estimations. A noter que les petites stations s’en sortent mieux que celles orientées vers l’international.

Le début de la saison a coïncidé avec la deuxième vague de coronavirus et l’entrée en vigueur de nouvelles restrictions, conduisant à une baisse des nuitées de 50%. En novembre et décembre, la clientèle suisse a été plus nombreuse en Tessin et dans les Grisons, a souligné le responsable de l’OFS.

En vue de la reprise des voyages, «nous sommes en contact avec des tours opérateurs, des médias» pour valoriser la destination, a ajouté le patron de l’agence de promotion helvétique. Ce printemps sont attendus les premiers retours d’Européens, puis à l’été et à l’automne les touristes de destinations plus lointaines, comme les Américains. «Nous sommes prêts», a-t-il assuré, mais la reprise s’annonce hésitante pour les deux prochaines années. Le budget 2021 s’élève à 18 millions de francs, dont 13,5 millions de la Confédération et 2,5 millions provenant des fonds de ST.

Suisse Tourisme a également présenté sa stratégie durable «Swisstainable», misant sur la «durabilité» d’ici 2023. En résumé, il s’agit de miser sur le cadre naturel, l’offre de transports publics, la culture ou encore les produits locaux pour inciter les touristes à séjourner plus longtemps. L’offre sera d’abord destinée aux Suisses dès cet été, puis promue à l’international à partir de 2022.

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