Acier: l’UE veut réduire les importations de 15% pour protéger la filière

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Les taxes de Donald Trump affectent doublement les producteurs européens: non seulement elles limitent leur accès au marché US, mais en plus elles risquent de détourner vers l’Europe des exportations de pays tiers jusqu’ici absorbées par les USA.

La Commission européenne a annoncé mercredi qu’elle souhaitait réduire les importations d’acier de 15% pour protéger la filière sidérurgique en crise, avec un durcissement de quotas à partir d’avril face aux droits de douane de Donald Trump aux Etats-Unis.

L’Union européenne a recours depuis 2018 à un instrument de défense commercial pour protéger ses producteurs d’acier, un secteur jugé stratégique mais qui souffre de prix de l’énergie élevés en Europe et d’une concurrence chinoise déloyale.

Cet instrument met en place des taxes sur les importations excédant des quotas spécifiques attribués aux grands pays fournisseurs.

«Le 1er avril, nous renforcerons la clause de sauvegarde actuelle. Nous visons une baisse allant jusqu’à 15% des importations», a déclaré le commissaire à l’Industrie, Stéphane Séjourné, lors d’une conférence de presse.

Cet instrument doit expirer au 30 juin 2026. Un dispositif de remplacement «plus efficace que l’actuel» sera présenté au troisième trimestre 2025, a annoncé le responsable français.

Le président américain Donald Trump a mis en place des droits de douane de 25% sur les importations d’acier et d’aluminium aux Etats-Unis, entrés en application le 12 mars.

Cela affecte doublement les producteurs européens: non seulement ces taxes limitent leur accès au marché américain, mais en plus elles risquent de détourner vers l’Europe des exportations de pays tiers jusqu’ici absorbées par les Etats-Unis.

En réponse, la Commission européenne avait déjà annoncé qu’elle allait taxer une série de produits américains allant des bateaux au bourbon en passant par les motos, à partir du 1er avril.

Bruxelles prépare également une enquête sur l’afflux d’aluminium bon marché importé en Europe consécutivement aux droits de douane américains.

A l’issue de l’enquête, la Commission européenne pourrait décider d’imposer des droits de douane sur les importations excédant certains quotas, comme elle le fait pour l’acier, en recourant au même instrument de défense commercial.

La sidérurgie emploie plus de 300'000 personnes en Europe. Mais les annonces de suppression de postes et de fermetures de sites se sont succédé ces derniers mois. Le géant allemand Thyssenkrupp a ainsi annoncé fin 2024 son intention de supprimer 11'000 emplois en Allemagne.

Dans le secteur de l’aluminium, la Commission européenne souligne que les producteurs de l’UE ont perdu «des parts de marché substantielles sur la dernière décennie».

La sidérurgie est pourtant une industrie clé pour l’Europe, sans laquelle on ne produit ni voitures, ni éoliennes. L’acier et l’aluminium sont aussi stratégiques pour l’armement. Un char de combat contient 50 à 60 tonnes d’acier de haute qualité, tandis que la production d’un avion de chasse nécessite trois tonnes d’aluminium.

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