«Priorité» de Biden, l’inflation pourrait commencer à ralentir

AWP

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Joe Biden tente de rassurer les Américains peu convaincus par sa politique économique, et l’inflation figure, depuis le début de la semaine, chaque jour, à son agenda.

La hausse des prix aux Etats-Unis, érigée en priorité nationale par le président Joe Biden, devrait rester vertigineuse en avril, dont les données seront publiées mercredi, mais pourrait aussi marquer le début d’un ralentissement.

L’inflation avait bondi en mars à son plus haut niveau depuis décembre 1981, à 8,5% sur un an, portée par la flambée des prix de l’énergie, mais aussi de l’alimentation, provoquée par la guerre en Ukraine. En retirant ces deux postes de dépenses, l’inflation dite sous-jacente a été de 6,5%.

Cette nouvelle poussée inflationniste était arrivée alors que les porte-monnaie des Américains souffraient déjà, depuis des mois, des multiples pénuries qui font grimper les prix, alimentés par une demande toujours très forte.

Les données pour avril de l’inflation CPI, l’une des deux mesures utilisées aux Etats-Unis et qui est celle sur laquelle sont indexées les retraites, notamment, sera publiée mercredi à 08H30 (12H30 GMT).

La hausse des prix pourrait commencer à marquer le pas, anticipent certains économistes. On devrait assister à «la première baisse de l’inflation globale et sous-jacente depuis septembre dernier», explique Ian Shepherdson, de Pantheon Macroeconomics, dans une note. A la différence cependant «que la baisse d’avril ne sera pas un événement ponctuel».

Il table sur 8% d’inflation sur un an, et seulement 0,1% sur un mois (contre 1,2% en mars), ce qui serait «la plus faible hausse depuis décembre 2020», en raison entre autres d’une augmentation des prix de l’essence en avril inférieure à celle de mars.

Toutefois les prix de l’essence à la pompe ont atteint un nouveau record aux Etats-Unis mardi à 4,374 dollars le gallon (3,78 litres), enfonçant celui de début mars, peu après l’invasion de l’Ukraine par la Russie et le déploiement des sanctions.

«Priorité nationale»

L’administration Biden et la banque centrale américaine (Fed) tentent par tous les moyens d’empêcher les prix de continuer à grimper si vite. Car cela réduit le pouvoir d’achat des ménages, et menace la bonne santé de l’économie américaine.

Mais aussi la cote de popularité du président américain, médiocre à l’approche des élections de mi-mandat.

Joe Biden tente ainsi de rassurer les Américains peu convaincus par sa politique économique, et l’inflation figure, depuis le début de la semaine, chaque jour, à son agenda. Il l’a même érigé mardi en «plus grande priorité nationale».

Mercredi, il se rendra dans une ferme familiale de Kankakee, dans l’Illinois (nord-est).

Certaines «des racines de l’inflation» sont hors de «mon contrôle», a-t-il dit mardi, incriminant la pandémie de Covid-19 et les effets de la guerre en Ukraine, «deux principaux contributeurs (...) de nature mondiale».

Les républicains ne manquent pas, eux, de rappeler que l’inflation avait commencé à grimper bien avant la guerre en Ukraine.

La Fed en a également fait sa priorité, et a commencé à relever ses taux directeurs pour ralentir la consommation et l’investissement.

Plusieurs de ses responsables se sont dits mardi favorables à une hausse des taux rapides dans les mois à venir. Quitte à ce que cela pèse un peu, de façon temporaire, sur le marché de l’emploi, et fasse remonter le taux de chômage.

«Trajectoire très incertaine»

Mardi, Joe Biden a également fait état de discussions en cours sur une éventuelle suppression des droits de douane imposés par son prédécesseur Donald Trump sur l’équivalent de 350 milliards de marchandises chinoises annuels. Cela pourrait, en effet, ralentir la hausse des prix.

«Nous en discutons, aucune décision n’a encore été prise», a déclaré l’hôte de la Maison Blanche.

Ces surtaxes doivent expirer le 6 juillet prochain et les services de la représentante au Commerce ont annoncé la semaine dernière avoir lancé une consultation pour les modifier, voire les supprimer.

«L’inflation devrait chuter très rapidement pendant le reste du deuxième trimestre, avec de nouvelles baisses, probablement plus lentes, à venir», prévoit encore l’économiste Ian Shepherdson.

«La trajectoire de l’inflation reste très incertaine», a reconnu de son côté la secrétaire au Trésor Janet Yellen, lors d’une audition au Sénat.

Outre la pandémie, les confinements en Chine aggravent les problèmes sur les chaînes d’approvisionnement, a-t-elle observé.

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