Les marchés boursiers restaient fragiles jeudi, face aux incertitudes économiques, à commencer par le durcissement des politiques des banques centrales qui risquent de ralentir nettement l’économie.

Les indices européens ont continué de reculer après deux séances de baisse: Paris a cédé 1,04%, lestée par les secteurs du luxe, des technologies et de l’énergie. Francfort a perdu 0,55%, Milan 0,21% et Londres a terminé quasi stable (+0,07%). A Zurich, le SMI a cédé 0,07%.

Après un début de séance très volatil, Wall Street évoluait dans le rouge: le Dow Jones reculait de 0,43%, le S&P500 de 0,90% et le Nasdaq de 1,19% vers 16H00 GMT.

«Les marchés boursiers américains tentent de récupérer une partie des pertes enregistrées à la suite du rapport sur l’inflation mais les gains ont été limités jusqu’à présent», constate Michael Hewson, analyste de CMC Markets.

Sur le marché obligataire, le taux américain à deux ans, très sensible aux anticipations en matière de politique monétaire, s’est envolé jusqu’à 3,87%, pour la première fois depuis près de 15 ans (novembre 2007). Le rendement à dix ans évoluait à 3,46% contre 3,40% la veille.

Pour Frédéric Rozier, gestionnaire de portefeuilles de Mirabaud France, «le marché est dans une phase de transition» après «le choc» provoqué par la publication mardi d’une inflation américaine plus forte que prévu et dans l’attente d’une décision de politique monétaire de la Banque centrale américaine (Fed).

Pour combattre cette inflation vivace, les investisseurs estiment que la Fed n’a pas d’autre choix que de procéder à un relèvement important de ses taux lors de la réunion de son comité de politique monétaire dans une semaine. 

Les données macroéconomiques du jour étaient en demi-teinte. Attendues stables, les ventes de détail sont ressorties en hausse de 0,3% en août, «cependant le mois de juillet a été révisé à la baisse à -0,4 %, contre stable précédemment, ce qui en fait le deuxième mois de l’année où les ventes au détail sont négatives», analyse Michael Hewson.

Frédéric Rozier s’attend par ailleurs à «énormément de volatilité» vendredi en raison de l’arrivée à échéance de produits boursiers dérivés, dans des montants particulièrement élevés.

L’éditeur de logiciels Adobe était lourdement sanctionné, chutant de 16,09% après ses résultats et la confirmation du rachat d’un concurrent émergent, Figma, spécialiste des outils collaboratifs pour le design et la conception. La transaction s’élève à 20 milliards de dollars, financés pour moitié en actions, pour moitié en numéraire, un montant que les analystes jugent trop élevé.

La chaîne de vêtements Gap glissait de 3,16% à New York après la publication d’une information du Wall Street Journal selon laquelle Ye, le nouveau nom du rappeur Kanye West, mettrait un terme à son partenariat avec la marque. 

Les cours du pétrole reculaient face aux craintes que la demande ne soit affectée par les perspectives moroses de croissance mondiale.

Vers 15H50 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre perdait 3,30%, à 90,99 dollars.

Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison en octobre baissait de 3,65%, à 85,31 dollars.

Les actions du secteur étaient pénalisées: TotalEnergies -2,40%, Repsol -4,05%, Exxon Mobil -2,52%. Shell (-1,13%) a de plus annoncé le départ de son directeur général Ben van Beurden, âgé de 64 ans, fin 2022.

Le gaz naturel européen restait stable à 211 euros le mégawattheure vers 15H50 GMT. 

La monnaie européenne prenait 0,15% face au billet vert (à 0,9997 euro pour un dollar) après être repassée mercredi sous le seuil de la parité avec le billet vert.

La «blockchain» Ethereum a réussi la mutation technique qui doit la rendre plus efficace et moins consommatrice d’énergie. Le cours de l’ether, le cryptoactif directement lié à Ethereum, était en baisse de 6,94% vers 15H50 GMT.

Dans le même temps, le bitcoin, la plus connue des cryptomonnaie, était stable (-0,75%) à 19.790 dollars.