Le CAC 40 franchit le cap des 100 milliards d’euros de bénéfices annuels

AWP

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L’an dernier est un grand cru pour les fleurons français, avec environ 103 milliards d’euros de profits nets pour les 27 groupes ayant publié jusque-là leurs résultats.

Les entreprises françaises cotées sur le CAC 40 ont affiché une santé financière de fer en 2021, avec déjà plus de 100 milliards d’euros de bénéfices annuels enregistrés, une première, ce qui ravive le débat sur le partage de la valeur.

Après une année 2020 difficile, mais conclue tout de même sur un bénéfice net global de plus de 34 milliards d’euros, 2021 est un grand cru pour les fleurons français, avec environ 103 milliards d’euros de profits nets pour les 27 groupes ayant publié jusque-là leurs résultats, selon un décompte réalisé par l’AFP.

La barre des 100 milliards d’euros de bénéfice net a ainsi été dépassée pour la première fois avec les résultats de Renault et d’Hermès vendredi. Ce cap avait déjà été approché plusieurs fois par les 40 groupes de l’indice phare parisien, sans toutefois le dépasser en 2006, 2007 ou encore 2017.

Au moins une dizaine d’entre eux, dont Airbus, ArcelorMittal, BNP Paribas, Crédit Agricole, Hermès, Legrand, LVMH, Société Générale, Schneider Electric ou encore Teleperformance ont même connu l’année la plus faste depuis leur création.

D’autres gros chiffres sont attendus avec la publication des résultats de Stellantis ou d’Axa d’ici à la fin février. Dans l’ensemble, plus de 130 milliards d’euros de bénéfices sont attendus, selon les estimations de l’agence Bloomberg.

«Il y a un effet rattrapage et un effet croissance», explique à l’AFP Philippe Kubisa, associé spécialiste des marchés de capitaux de PwC France et Maghreb.

Les bénéfices «se sont plus fortement améliorés que le chiffre d’affaires. Avec le Covid-19 et les incertitudes de l’époque, il y a eu un réflexe de maîtrise des coûts, une variable que les entreprises pouvaient plus facilement contrôler. Elles en bénéficient avec le retour de la croissance», poursuit-il.

Hausse généralisée

La palme revient à TotalEnergies, avec plus de 16 milliards de dollars de bénéfice net, soit plus de 13,5 milliards d’euros. L’entreprise avait perdu plus de six milliards d’euros en 2020. Viennent ensuite le sidérurgiste ArcelorMittal et le géant mondial du luxe LVMH.

«Les entreprises du CAC 40 sont présentes dans les secteurs où la reprise a été la plus forte», comme les matières premières ou le luxe, explique à l’AFP Vincent Juvyns, stratégiste chez JPMorgan Asset Management.

D’autres «sont aussi bien implantées dans la transition énergétique», dopant leurs résultats et leurs perspectives, souligne-t-il.

En 2021, seules deux entreprises (Sanofi et Orange) ont à ce jour réalisé un résultat inférieur à l’année précédente et une seule (Unibail-Rodamco-Westfield) a perdu de l’argent.

L’année 2022, avec la hausse du prix des matières premières, s’annonce plus périlleuse. «Tout va dépendre de la capacité des entreprises à conserver leur marge», face à l’inflation, anticipe Frédéric Rollin, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet Asset Management.

Les perspectives que les entreprises ont publiées sont dans l’ensemble «optimistes pour le reste de l’année», nuance M. Kubisa.

Pression sur le partage de la richesse

L’utilisation de cet argent a fait son retour dans le débat public, notamment en raison de la forte augmentation des versements aux actionnaires de dividendes ou de la mise en place de programme rachats d’actions, qui font mécaniquement augmenter les cours en Bourse.

La majorité de ces entreprises ont en outre bénéficié des aides des Etats, comme le chômage partiel, pour les aider à surmonter la crise de 2020.

Ce qui n’a pas empêché des plans de suppression de postes en France depuis le début de la crise, comme au sein de Sanofi, Michelin, Renault, Société Générale, ou encore Airbus.

Pour autant, les voix politiques demandant une taxation exceptionnelle de ces bénéfices record restent minoritaires, hormis pour le candidat de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon ou du parti communiste Fabien Roussel.

Reste qu’il est logique que les dividendes explosent l’année où les profits sont colossaux. «En 2020, les dividendes avaient été divisés par deux» avec la baisse d’activité, rappelle Nicolas Marques, directeur général de l’Institut économique Molinari.

Le versement de gros dividendes se fait-il aux dépens des salaires? Difficile d’y voir clair avec les chiffres divulgués. Mais les entreprises devraient «mieux communiquer» sur le partage de la richesse produite, au même titre que le chiffres d’affaires ou les bénéfices, plaide aussi M. Kubisa.

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