La pandémie ternit les perspectives US – Flash boursier Bonhôte

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Europe: fonds de reprise de 750 milliards d’euros validé. Perte de confiance dans les perspectives conjoncturelles américaines.

Avec l’accélération du nombre de cas journaliers de COVID-19 aux Etats-Unis, la fréquentation des magasins pâtit, ce qui pèse sur le moral des investisseurs car les ventes au détail pourraient ralentir. La rhétorique belliqueuse vis-à-vis de la Chine de Donald Trump, qui veut sans doute mobiliser l’électorat vers un ennemi commun alors qu’il perd des points dans les sondages contre J. Biden accroit aussi l’incertitude.

Première historique, les 27 dirigeants européens se sont accordés sur un fonds de reprise de 750 milliards d’euros, équivalent à 5,5% du PIB de la zone. Cette dette commune des Etats se composerait de 390 milliards de subventions et 360 milliards de prêts à taux bas. Mais le plan doit être ratifié par les Parlements, ce qui n’est pas gagné d’avance. Il y a les «frugaux» du Nord mais aussi l’Est récalcitrant, qui a peur de perdre des dotations financières. Et le Sud ne voit pas forcément d’un bon œil une supervision concernant l’usage de l’aide anti-crise. L’Italie, qui pourrait recevoir un support équivalent à 10% de son PIB, a vu le rendement des obligations gouvernementales à 10 ans chuter à 1%.

En zone euro. Les indices de directeurs d’achat PMI ont surpris positivement. Ils ont nettement augmenté à mi-juillet, avec 51,1 pour le secteur manufacturier et 55,1 pour les services. L’euro a passé la barre des 1,16 contre dollar. La monnaie unique profite de l’accord sur le plan de relance mais aussi de la faiblesse générale du USD contre un panier de devises (-1,4% sur la semaine). Il y a une perte de confiance dans les perspectives conjoncturelles américaines avec la crise sanitaire qui perdure. Le billet vert ne va pas trouver de soutien avec la politique monétaire laxiste de la FED (28 et 29 juillet). La hausse des inscriptions initiales au chômage de 1,42 million, entre le 12 et le 18 juillet, montre que la reprise du marché de l’emploi est contrariée par la résurgence de cas de coronavirus, ce qui affaiblit les perspectives de demande.

Le congrès éprouve des difficultés à se mettre d’accord sur un nouveau plan de relance budgétaire de l’activité de 1000 milliards alors que le stimulus précédent touche à sa fin. Les démocrates hésitent notamment dans ce climat pré-électoral. La maison blanche réfléchit aussi à une transformation du système d’indemnisation de 600 dollars hebdomadaire, jugé trop généreux, qui va en principe cesser fin juillet.

Aux Etats-Unis, la saison des résultats bat son plein. Les perspectives de Microsoft plus modestes qu’attendu, le retard de développement du nouveau processeur d’Intel et une enquête en cours concernant Apple et la protection des consommateurs ont entraîné une forte baisse des valeurs technologiques, reflétant aussi des craintes concernant leur évaluation historiquement élevée.

L'essentiel en bref

Tesla Inc. (ISIN: US88160R1014, prix: 1’417,00 dollars)
 

 

Tesla a publié ses chiffres sur le deuxième trimestre mercredi. Les headlines étaient très encourageantes: l’entreprise a publié un résultat positif, 400 millions de dollars de cash-flow libre et une faible baisse des ventes (-5%) alors que le secteur automobile est terrassé par les conséquences du Coronavirus (-30% pour GM et Ford). La hausse du titre en après-bourse suite aux résultats confirmait que les attentes du marché ont été plus que satisfaites.

Le cours de bourse de Tesla affole les compteurs (+250% YTD) et rend amère nombre d’investisseurs qui n’ont pas cru dans le potentiel de hausse du titre. Est-ce que ces chiffres sauront dès lors convaincre la sphère tout entière des analystes? Rien n’est moins sûr, car lorsqu’on s’intéresse de plus près aux chiffres, il existe quelques points qui font grincer des dents.

Pour en citer quelques-uns: la baisse drastique des coûts fixes dus au COVID-19 qui revêt un caractère non-récurrent, la baisse continue du prix de vente moyen de ses véhicules, de plus faibles volumes de ventes (à part en Chine). Ce trimestre a mis en lumière plus que jamais la contribution significative des ventes de crédit carbone aux résultats de Tesla. Les 100 millions de dollars de bénéfice publiés incluent 430 millions de dollars de crédits carbone. La comptabilisation de ces «permis de polluer» (qui ont été achetés par Fiat Chrysler Automobile) permet donc d’afficher un bénéfice et non une perte sur le trimestre.

Selon nous, la forte décorrélation entre la performance boursière et les fondamentaux de l’entreprise nécessite une grande prudence aujourd’hui. Plus la vitesse est élevée, plus une sortie de route est coûteuse.
 

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