La chronique des marchés de Vontobel au 23 septembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Vontobel

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Dow -0,59%, S&P 500 -0,49%, Nasdaq -0,80%, Russell 2000 -0,11% and SOX -1,83%, Eurostoxx +0,53%, SMI -0,08%.

Wall-Street termine dans le rouge vendredi soir, à l'issue d'une semaine marquée par une flambée du pétrole, une baisse des taux de la Fed et la reprise des difficiles négociations commerciales entre les Etats-Unis et la Chine. L’expiration des contrats et options sur les indices et les actions (la «Journée des 4 sorcières») ajoute quelque piment à la séance. Les investisseurs procèdent depuis plusieurs semaines à une rotation sectorielle au détriment des valeurs de croissance, à commencer par les technologiques, dont les valorisations sont au sommet. L'indice S&P des technologies de l'information affiche ainsi la plus forte baisse sectorielle du jour, en recul de 1,1%, avec les biens de consommation discrétionnaires (-1,1%), suivi de l'industrie (-0,66%) et des services de communication (-0,64%). La volatilité reprend le chemin de la hausse, l’indice VIX en progression de 9% à 15,32, ce qui reste un niveau fort bas cela dit. Le dollar reste soutenu, la paire euro/dollar à  1,1005 et le dollar/suisse à 0,9910. Sur la partie euro/suisse, ça repart à la baisse pour la monnaie du vieux continent, à 1,0907 ce matin. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans recule à nouveau, à 1,75% ce matin, l’or remet le nez à la fenêtre des 1500 dollars par once et le pétrole se stabilise à 58,66 dollars le baril, à l'issue d’une folle semaine qui l’a vu flamber d’environ 6%. Mardi passé, les autorités saoudiennes avaient assuré que la production du royaume serait de retour à la normale avant la fin du mois, écartant la crainte d'un choc pétrolier. Mais certains experts émettent des doutes sur la capacité de l'Arabie saoudite à rétablir sa production aussi rapidement.

Pour en revenir à Wall-Street, les indices passent du vert au rouge vendredi après la résurgence des doutes sur la possibilité de parvenir à un accord commercial entre les Etats-Unis et la Chine. Une délégation de responsables commerciaux chinois annule ainsi brusquement une visite prévue en début de semaine prochaine sur des exploitations agricoles du Montana, dans le cadre des négociations en cours. Ces responsables font savoir qu'ils devaient rentrer en Chine plus tôt que prévu, ce qui fait craindre un échec des discussions, qui ont repris jeudi à Washington, après 2 mois d'interruption entre des délégations des deux pays. Des visites officieuses seront quand mêmes réalisés, mais dans le secret. Un accord sur les achats de denrées agricoles est toujours prévu.

Un peu plus tôt, l'optimisme restait pourtant de mise, Washington ayant annoncé la levée des droits de douane sur plus de 400 produits chinois. Donald Trump a même indiqué devant la presse que son administration «faisait beaucoup de progrès» avec la Chine. Mais le président a aussi déclaré qu'un accord agricole ne suffirait pas, et qu'il cherchait un «accord complet» avec Pékin, ce qui aurait tendu le climat des discussions. Il a ajouté qu'il n'avait pas besoin d'un accord avant l'élection présidentielle de 2020, signalant qu'il était prêt à prolonger la guerre commerciale.

Rappelons par ailleurs que, malgré les inquiétudes géopolitiques, les marchés boursiers mondiaux ont été portés cette semaine par les mesures d'assouplissement annoncées par plusieurs banques centrales. Elles entendent ainsi pallier le ralentissement de la croissance mondiale, qui se fait sentir en Chine et en Europe, et dans une moindre mesure aux Etats-Unis. La toile de fond reste pourtant préoccupante: les discussions sur le commerce entre la Chine et les Etats-Unis n'ont pas beaucoup avancé, les tensions sont fortes au Moyen-Orient et le chaos politique règne toujours à Londres à moins d'un mois et demi du Brexit. L'incertitude qui règne au Royaume-Uni n'est pas étrangère à la faillite très symbolique du voyagiste Thomas Cook, dont la liquidation à venir sème la consternation dans les milieux économiques et chez les clients.

Pour couronner le tout, des interrogations ont émergé aux Etats-Unis sur le marché du «repo» (financement à très court terme), qui s'est grippé au point de forcer la Fed à injecter des liquidités toute la semaine dernière. Elle va d'ailleurs continuer à le faire jusqu'au 10 octobre. La banque centrale a largement expliqué que cette situation temporaire est due à des raisons techniques. Elle va malgré tout s'employer à trouver une issue pérenne au problème, pour tenter de ramener les réserves excédentaires des banques commerciales, a priori opulentes, sur ce marché. Les investisseurs sont, fort logiquement, aux aguets car ils n'aiment pas le flou autour des questions de liquidités, qui rappelle des heures boursières sombres.

Dans ce contexte tendu, on aime bien chercher le «canari dans la mine». Et ce weekend quelques un de mes contacts ont attiré mon attention sur le «Ted Spread», qui montre l’écart de taux entre les emprunts gouvernementaux US à court terme (US T-Bills) et le taux interbancaire. Le Ted spread est considéré comme un bon indicateur de perception du risque de crédit dans l’économie américaine, les T-Bills étant considérées comme des investissements sans risque. Une augmentation de ce spread indique donc que les prêteurs pensent que les risques de faillites augmentent aux Etats-Unis. Et récemment le Ted Spread a pris l’ascenseur, à suivre donc.

Les indicateurs PMI Flash du mois de septembre arrivent, avec notamment la France, l'Allemagne (9h30), la zone euro (10h00) et les Etats-Unis (15h45). Plusieurs interventions de banquiers centraux sont aussi prévues: Mario Draghi à 15h00, puis deux représentants de la Fed, John Williams (15h50) et James Bullard (19h00). Les marchés japonais sont clos pour un jour férié dédié à l'équinoxe d'automne.

Le voyagiste britannique Thomas Cook acculé à la faillite, des centaines de milliers de passagers doivent être rapatriés. Après les annonces de la Société Générale et de Commerzbank la semaine dernière, la banque européenne totalise 44'000 annonces de suppressions de postes depuis le début de l'année. S&P relève la note de l’Espagne à A avec des perspectives stables.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent majoritairement dans le rouge avec Hong-Kong qui recule de 0,61% alors que Shanghai rend 0,98%. Les marchés européens ouvrent en baisse de 0,6%, le future SPX rendant quasiment tous ses gains de cette nuit et traitant en légère hausse. L’euro/suisse, qui traitait à 1,0907 un peu plus haut dans cette note, est maintenant descendu à 1,0881, le rendement de l’emprunt US a baissé à 1,71% et l’euro/dollar en est à 1,0969. Ambiance d’aversion au risque donc en ce lundi matin, tous les secteurs de l’Eurostoxx traitent dans le rouge.

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